4 La puissance publique n’est pas lĂ©gitime pour agir sur nos modes de vie. Selon cet argument, la puissance publique sortirait de son rĂŽle en cherchant Ă  transformer nos modes de vie pour la transition. Cela irait Ă  l’encontre de l’idĂ©e d’un individu libre et responsable. Dans un contexte Ă©conomique mondialisĂ©, marquĂ© par des
L’ARTISTE DANS LA SOCIÉTÉ Parmi les nombreuses dĂ©finitions de l’artiste, je retiens celle de l’Unesco selon laquelle on entend par artiste toute personne qui crĂ©e ou participe par son interprĂ©tation Ă  la crĂ©ation ou Ă  la recrĂ©ation d'Ɠuvres d'art, qui considĂšre sa crĂ©ation artistique comme un Ă©lĂ©ment essentiel de sa vie, et qui, ainsi, contribue au dĂ©veloppement de l'art et de la culture, qui est reconnue ou cherche Ă  ĂȘtre reconnue en tant qu'artiste, qu'elle soit liĂ©e ou non par une relation de travail ou d'association quelconque. L’artiste est ainsi un individu cultivant ou maĂźtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la crĂ©ativitĂ©, la poĂ©sie, l'originalitĂ© de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses Ɠuvres sont source d'Ă©motions, de sentiments, de rĂ©flexion, de spiritualitĂ© ou de transcendances. Je trouve intĂ©ressant Ă  ce stade que l’art soit caractĂ©risĂ© par l’émotion, quelle qu’elle soit, que suscite l’Ɠuvre et non pas un simple et subjectif critĂšre de beautĂ©. L’artiste, Ɠuvrant sur l’émotion, a le pouvoir de marquer, d’interpeller, de transformer la vision de celui qui reçoit son Ɠuvre. L’envie de travailler sur ce sujet m’est venue alors que je rĂ©digeais une planche musicale symbolique intitulĂ©e Introduction au symbolisme du piano » dans laquelle je traitais de la forte charge symbolique portĂ©e par cet instrument et expliquais pourquoi les musiques rythmant les temps forts des tenues au sein de ma loge – au sein de laquelle j’ai occupĂ© le poste de M∎ des Colonnes d’Harmonie - Ă©taient autant articulĂ©es autour du piano. Dans le cadre de ce travail j’ai fait l’analogie entre le marteau qui frappe les cordes avec le maillet, et entre la corde elle-mĂȘme et le ciseau. Un ciseau qui travaille sur la pierre pour construire le temps, par extension sur soimĂȘme pour bĂątir son temple intĂ©rieur, tout comme la corde va, via l’ouĂŻe et l’émotion, bĂątir un monument d’architecture musicale mais Ă©galement permettre de travailler sur soi, tailler sa pierre artistique, Ă©motionnelle, et partager ce travail le plus largement possible. Cette pensĂ©e, Ă©largie Ă  la musique puis Ă  l’art en gĂ©nĂ©ral, en a entrainĂ© une autre, basĂ©e sur le fait que si l’artiste agit sur lui-mĂȘme et sur les autres par la pratique de son art, quel peut ĂȘtre, quel doit ĂȘtre son impact, son rĂŽle, sa mission, sa responsabilitĂ©, dans la sociĂ©tĂ© ? Je vois dans l’actualitĂ© de nombreux artistes prendre position sur de nombreux sujets de sociĂ©tĂ©, est-ce lĂ  leur rĂŽle, et si oui dans quelle mesure leur art participe Ă  l’amĂ©lioration de la sociĂ©tĂ© ? Je livre ici une simple premiĂšre pierre de mon travail qui ouvre sur plusieurs questionnements et demande plusieurs phases de rĂ©flexion et de recherche afin de se complĂ©ter ; je souhaite ainsi juste partager les premiĂšres bases sur lesquelles j’espĂšre construire une Ă©tude plus large et documentĂ©e afin d’éclairer sur la place actuelle et Ă  venir de l’artiste. 2 / 6 I. Le statut de l’artiste Ă  travers les Ăąges Je me suis intĂ©ressĂ© Ă  l’ouvrage Vivre de son art histoire du statut de l’artiste, XVe-XXIe siĂšcles » coordonnĂ© par l’historienne AgnĂšs Graceffa, qui rĂ©unit une vingtaine de contributions d’historiens et de sociologues. Partant d’une dĂ©finition contemporaine de l’artiste, il pose des jalons en vue d’une histoire du statut de l’artiste en France du Moyen-Ăąge Ă  nos jours. Ils interrogent concrĂštement les modalitĂ©s et les adaptations inhĂ©rentes Ă  la vie d’artiste et leurs variations dans le temps. L’ouvrage s’organise autour d’un fil chronologique et pointe la diversitĂ© des statuts Ă©conomiques et symboliques suivant les Ă©poques et suivant les arts. Car pour pouvoir s’exprimer, l’artiste doit en premier lieu subvenir Ă  ses besoins et donc vivre de son art. C’est ainsi que dĂšs le moyen-Ăąge de nombreux artistes se placent sous l’égide de protecteurs, tant seigneurs locaux, nobles, couronne royale qu’épiscopat. Ce mouvement s’est poursuivi sous la Renaissance et ensuite avec notamment la prestigieuse famille Medicis, riches marchands et banquiers de Florence qui utilisaient leur fortune pour financer les travaux des Humanistes et commander aux artistes des palais, chapelles & fresques. Il est important de se demander dans quelle mesure un Ă©ventuel lien de subordination vis Ă  vis de ses grands mĂ©cĂšnes peut ou non orienter le sens dans lequel l’artiste rĂ©alise ses Ɠuvres, et quand les frontiĂšres Ă©taient franchies entre crĂ©ation artistique personnelle et spontanĂ©es et rĂ©ponse simple Ă  des commandes d’Ɠuvres obĂ©issant aux seuls souhaits de l’acheteur et faisant appel Ă  la maĂźtrise technique de l’artiste, mais sans se prĂ©valoir d’un message personnel de celui-ci. Sans y ĂȘtre soumis, le message de l’artiste se doit malgrĂ© tout dans une certaine mesure d’ĂȘtre au moins compatible avec la sensibilitĂ© de son protecteur et cette limitation risque de le cantonner au rĂŽle d’artisan, mĂȘme Ă  la technique irrĂ©prochable, que de vĂ©ritable artiste. L’étude de plusieurs biographies montre que parallĂšlement Ă  la rĂ©ponse aux commandes reçues, indispensables Ă  les faire vivre, parallĂšlement aux cours de musique dispensĂ©s en large d’une activitĂ© de compositeur, les grands artistes dĂ©veloppaient toujours des crĂ©ations personnelles non soumises Ă  l’impĂ©ratif de vente et donc non soumises Ă  l’avis d’une tierce personne dans le processus de conception et de crĂ©ation, ces Ɠuvres personnelles ont dans l’ensemble eu droit Ă  une postĂ©ritĂ© bien plus importante que les simples Ɠuvres commandĂ©es. 3 / 6 II. L’artiste en danger permanent La RĂ©volution proclame la libertĂ© du travail et ouvre un XIXe siĂšcle combattif pour les artistes, acculĂ©s Ă  devoir redĂ©finir les contours de leur activitĂ© et les droits affĂ©rents. Leurs luttes ne se soldent pas toujours par des succĂšs. Ainsi, la profession de chorĂ©graphe, reconnue au XVIIIe siĂšcle est-elle dĂ©valorisĂ©e au XIXe. Les musiciens peinent durant tout le siĂšcle Ă  s’imposer comme profession. Le statut d’artiste ne semble enfin, quel que soient les arts, jamais stabilisĂ©. C’est particuliĂšrement vrai en pĂ©riodes difficiles crises, guerres et rĂ©volutions posent frontalement aux artistes la question de leur survie. Mais c’est finalement le lot quotidien et plus insidieux d’une population soumise Ă  de plus en plus de souplesse et de flexibilitĂ© et par consĂ©quent sensible aux moindres alĂ©as Ă©conomiques, gĂ©opolitiques et aujourd’hui climatiques. L’arrivĂ©e de nouvelles technologies et d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale tout changement dans la sociĂ©tĂ©, rebat les cartes et remet en danger les vocations artistiques – par exemple la profession de photographe qui a d’abord considĂ©rablement dĂ©clinĂ© avec l’arrivĂ©e du numĂ©rique avant de profondĂ©ment Ă©voluer. La dĂ©marche artistique pousse de nombreux crĂ©ateurs Ă  s’impliquer dans un engagement fort, Ă  prendre position, y compris politique, sur l’état et l’évolution de la sociĂ©tĂ©, au risque de se mettre Ă  la marge de la sociĂ©tĂ© ou du pouvoir en place et au risque Ă©ventuel de subir les consĂ©quences nĂ©gatives en cas de rĂ©pression sous des rĂ©gimes autoritaires. L’histoire regorge de nombre d’exemples de livres brĂ»lĂ©s, de tableaux dĂ©chirĂ©s, de bĂątiments dĂ©truits, d’artistes discriminĂ©s, persĂ©cutĂ©s, emprisonnĂ©s et exĂ©cutĂ©s. Se confronter aux limitations de la libertĂ© artistique et libertĂ© d’expression, serait-ce la part d’ombre, un risque indissociable de l’engagement artistique ? L’artiste du XXIe siĂšcle reste encore Ă  inventer, ainsi se conclut et s’ouvre l’ouvrage d’AgnĂšs Graceffa qui souligne le paradoxe du statut actuel de l’artiste, qui en fait Ă  la fois un propriĂ©taire et un salariĂ© Le statut de l’artiste est, dans notre droit, une fiction juridique ; espĂ©rons que l’artiste ne devienne pas une fiction tout court ! ». L’enseignement que je tire de cet ouvrage est que pour faire face Ă  toute forme de pression, l’artiste agit rarement seul, il Ɠuvre le plus souvent en communautĂ©, laquelle peut prendre plusieurs formes associations d’acteurs Ă  la fin du XVe siĂšcle, corporations et ateliers de peinture aux XVIe-XVIIIe siĂšcles, communautĂ© de musiciens du XVIIe au XIXe siĂšcles. C’est ainsi que l’artiste est rarement seul le reflet de son Ă©poque. MĂȘme si certaines figures sont emblĂ©matiques d’un mouvement, leur participation s’intĂšgre Ă  un mouvement plus gĂ©nĂ©ral de courant artistique, reflet d’une philosophie novatrice. 4 / 6 III. L’artiste porteur d’un message original L’insĂ©curitĂ© matĂ©rielle et physique dans laquelle vit l’artiste est une consĂ©quence directe du fait qu’il est en danger parce qu’il pense, parce qu’il a quelque chose Ă  dire, parce qu’il innove. Ce combat, la lutte pour son existence, est un temps prĂ©cieux qui empiĂšte sur son temps de crĂ©ation et en mĂȘme temps l’alimente en ravivant les flammes de son engagement. Les combats des artistes sont souvent prĂ©curseurs des conflits et problĂ©matiques Ă  venir dans la sociĂ©tĂ©. Par exemple le combat pour la place des femmes, avec Clara Schumann pianiste virtuose et extraordinaire compositrice, George Sand et bien d’autres qui ont annoncĂ© les mouvements fĂ©ministes et les avancĂ©es sociales avec la rĂ©duction progressive de certaines inĂ©galitĂ©s et discriminations, un combat toujours d’actualitĂ© et toujours portĂ© par de nombreuses et nombreux artistes qui brisent les codes Ă©tablis. Un autre exemple avec la rĂ©volte d’artistes contre l’esclavage, je pense notamment Ă  Marcel Verdier. Son grand tableau Le chĂątiment des quatre piquets dans les colonies », enregistrĂ© pour une exposition au Salon du Louvre de 1843, dĂ©nonce les traitement subis par les esclaves. L’Ɠuvre est refusĂ©e par le jury, et le dossier conservĂ© aux archives du musĂ©e du Louvre Ă  Paris indique la crainte des autoritĂ©s que le tableau ne soulĂšve la haine populaire contre l’esclavage ». L’artiste se caractĂ©rise ainsi par une grande sensibilitĂ© face au monde qui l’entoure et par la capacitĂ© Ă  retranscrire et Ă  annoncer ce que la sociĂ©tĂ© ne voit, ne ressent pas encore. C’est ce qui le rend incompris – et l’homme a toujours une part de crainte face Ă  ce qu’il ne comprend pas – consĂ©quence directe de sa marginalitĂ©, telle que le dĂ©crit Balzac dans Le CurĂ© de village » en 1841, observant l'ignorance des sociĂ©tĂ©s sur l'origine du gĂ©nie - L'homme de gĂ©nie se rĂ©vĂ©lera toujours en dehors des Ă©coles spĂ©ciales. Dans les sciences dont s'occupent ces Ă©coles, le gĂ©nie n'obĂ©it qu'Ă  ses propres lois, il ne se dĂ©veloppe que par des circonstances sur lesquelles l'homme ne peut rien ni l'État, ni la science de l'homme, l'anthropologie, ne les connaissent. Riquet, Perronet, LĂ©onard de Vinci, Cachin, Palladio, Brunelleschi, Michel-Ange, Bramante, Vauban, Vicat tiennent leur gĂ©nie de causes inobservĂ©es et prĂ©paratoires auxquelles nous donnons le nom de hasard, le grand mot des sots. Quelles que soient ses sources d’inspiration, que son langage et son message soient plutĂŽt consensuels pour des artistes soutenus et protĂ©gĂ©s par l’église ou les Ă©tats conservateurs, ou d’esthĂ©tiques et de contenus franchement subversifs et polĂ©miques pour des personnalitĂ©s plus en marge, l’artiste se dĂ©finit principalement par l’originalitĂ© et la singularitĂ© de son Ɠuvre. 5 / 6 IV. Production & dĂ©rives contemporaines Si historiquement une prĂ©sence physique Ă©tait nĂ©cessaire pour jouir de l’art – musicien sur scĂšne, public dans la salle, tableau accrochĂ© au mur – le monde moderne a profondĂ©ment modifiĂ© ce prĂ©requis avec la dĂ©matĂ©rialisation reprographie, enregistrement, internet, rĂ©seaux sociaux, mondialisation ont permis une trĂšs large diffusion des savoirs et des Ɠuvres. Il n’est donc dĂ©sormais plus indispensable d’ĂȘtre prĂ©sent au concert ou de se rendre physiquement sur le lieu oĂč se trouve la sculpture ou le tableau pour pouvoir en profiter. Mais ce modernisme a Ă©galement induit une financiarisation de la production artistique la mĂȘme Ɠuvre, la mĂȘme performance artistique, peut ĂȘtre vendue plusieurs fois. Dans certains cas la dĂ©rive a Ă©tĂ© de plus s’orienter vers l’aspect strictement production que le seul aspect artistique. J’en veux pour exemple la distinction qui se fait au sein d’un orchestre symphonique qui est dirigĂ© par un chef d’orchestre dont le titre officiel est directeur artistique ou directeur musical’, alors que pour la plupart des maisons de disque et structures d’organisation de concerts, le maĂźtre d’Ɠuvre dispose du titre de producteur. La distinction se fait encore plus fine dans les mĂ©tiers d’arts entre les interprĂštes, salariĂ© & intermittents, qui interprĂštent selon des directives prĂ©cises, ce qui dans ces cas prĂ©cis limite la portĂ©e crĂ©atrice de leur travail. À titre d’exemple, le musicien d’orchestre est il un artiste participant activement Ă  la crĂ©ation ou la recrĂ©ation d’une Ɠuvre ou est-il un exĂ©cutant hyper qualifiĂ©, un artisan de l’art ? Et qu’en est-il des artistes de musique populaire, rock et assimilĂ©s, dont les textes ne sont pas dĂ©nuĂ©s de sens, de profondeur et de valeur, loin de lĂ  – j’en veux pour preuve le dernier prix Nobel de littĂ©rature attribuĂ© pour la premiĂšre fois Ă  un artiste musicien Bob Dylan – qui dĂ©noncent gĂ©nĂ©ralement les mĂ©faits de la sociĂ©tĂ© de consommation et les dĂ©rives des rĂ©gimes totalitaires dans le monde ? Sont-ils tous artistes au sens noble du terme ou pour certains d’entre eux simples exĂ©cutants d’une partition toute tracĂ©e par un producteur et un panel de directeurs marketing ? Ces dĂ©rives se constatent dans la musique, mais aussi dans l’art contemporain art pictural & sculpture ou encore avec le concept de design qui surfe sur les codes de l’art pour vendre des produits. Ces Ɠuvres conceptuelles et volontiers polĂ©miques dont le sens profond interroge, affichent des tarifs prohibitifs fixĂ©s arbitrairement. Ils interrogent sur la finalitĂ© de l’Ɠuvre, si la dĂ©marche est rĂ©ellement artistique susciter la rĂ©flexion, interroger l’époque et les modes pour faire bouger la sociĂ©tĂ©, ou juste financiĂšre en usant des nombreux leviers de dĂ©fiscalisation en faveur de l’art qui s’avĂšrent parfois ĂȘtre plus de la dĂ©fiscalisation pure que de l’art. Mais n’est ce pas le propre de l’art de s’interroger sur lui mĂȘme et donc sur la validitĂ© ou non de son existence, les prix affichĂ©s ne participent t’ils pas Ă  la dĂ©marche artistique globale ? 6 / 6 En conclusion, je ne souhaite pas me placer pas dans une dĂ©marche d’opposition entre arts dits nobles et productions de masse. De grands artistes comme Andy Warhol ont usĂ©, abusĂ©, de la reprographie comme vecteur de leur dĂ©marche artistique. Des poĂštes contemporains comme Brel ou Gainsbourg se sont soumis aux lois du marchĂ© et de la production musicale. Je n’opĂšre donc pas de distinction sur la forme, mais sur le fond quelle est l’origine de la dĂ©marche ? Est-elle artistique, une Ă©motion Ă  crĂ©er, un message Ă  faire passer, une rĂ©action Ă  exprimer ou l’évolution d’un courant artistique Ă  construire, dĂ©marche qui une fois créée pourra ĂȘtre le plus largement diffusĂ©e par les nouvelles technologies ? Ou la dĂ©marche est elle principalement commerciale et veut-elle diffuser quelque chose de dĂ©jĂ  existant sans renouvellement ou sans remise en question, juste pour pousser Ă  consommer ? L’influence de l’artiste sur la sociĂ©tĂ© se montre souvent pertinente et en avance sur son temps, l’artiste est un prĂ©curseur, un Ă©claireur, un visionnaire. Mais qui dit influence ne veut pas forcĂ©ment impliquer qu’elle est bĂ©nĂ©fique ou exemplaire. De grands artistes avaient, outre leur talent, des aspects sombres profondĂ©ment autodestructeurs, ou mĂȘme destructeurs tout court. On se souvient des problĂšme psychologiques de Van Gogh, des accusations de racisme qui ont poursuivi Salvador Dali, des participations de Wagner Ă  des manifestations et cĂ©rĂ©monies nazies, de la pĂ©dophilie supposĂ©e de TchaĂŻkovski, de l’alcoolisme et l’addiction Ă  de nombreuses drogues – ainsi qu’une tendance suicidaire prononcĂ©e – de bon nombre d’artistes pop & rock. Dans tous les cas, quelle que soit la couleur de la case du pavĂ© mosaĂŻque sur laquelle l’artiste se trouve, si la dĂ©marche commerciale fonctionne sur le court terme avec une logique commerciale de sortie de produit et de rentabilitĂ© immĂ©diate, l’histoire montre qu’en tous temps la dĂ©marche artistique au sens noble du terme se doit de dĂ©fendre une dĂ©marche inscrite dans le temps long, avec une Ɠuvre destinĂ©e Ă  vĂ©hiculer un message qui devra perdurer dans le temps, au delĂ  de lui mĂȘme, et porter un sens profond et universel. -Par LoĂŻc LAF.
Chersfans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site SolutionCodyCross.net. Vous trouverez la rĂ©ponse Ă  la question Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© . Cliquez sur le niveau requis dans la liste de cette page et nous n’ouvrirons ici que les rĂ©ponses correctes Ă  CodyCross Saisons. TĂ©lĂ©chargez ce jeu sur votre smartphone et Culture CinĂ©ma PrĂ©sente Ă  la Mostra, la rĂ©alisatrice, qui a fui Kaboul le 15 aoĂ»t, a demandĂ© l’aide de la communautĂ© internationale. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s La cinĂ©aste afghane Sahraa Karimi a fui Kaboul, le 15 aoĂ»t, le jour oĂč les talibans ont pris le pouvoir dans la capitale. Depuis, de sa voix combative, elle ne cesse de sonner l’alerte dans les mĂ©dias. Son visage, dĂ©couvert sur des vidĂ©os qui ont le fait le tour de la planĂšte, ne s’oublie pas. De grands yeux gris, mĂ©lancoliques, et un casque de cheveux bruns. Sahraa Karimi, nĂ©e en 1983, est aussi la premiĂšre femme Ă  diriger, depuis quelques annĂ©es, l’Institut du film afghan, l’organisme public pour le financement du cinĂ©ma, situĂ© Ă  Kaboul. Nous l’avons rencontrĂ©e, samedi 4 septembre, en marge d’une confĂ©rence de presse organisĂ©e par la Mostra de Venise, sur la situation des artistes en Afghanistan – Ă  laquelle assistaient Ă©galement la cinĂ©aste afghane Sahra Mani, ainsi que des membres de la Coalition internationale pour les cinĂ©astes en danger dont font partie Orwa Nyrabia, directeur artistique du Festival international du film documentaire d’Amsterdam, Vanja Kaludjercic, patron du Festival de Rotterdam
. Devant un parterre de journalistes et de critiques de cinĂ©ma, Sahraa Karimi a lancĂ© un cri d’alerte Imaginez un pays sans artistes ! Aidez-nous ! Nous pouvons ĂȘtre sauvĂ©s par la communautĂ© internationale. » Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Mostra de Venise Competencia oficial » passe le star-systĂšme Ă  la broyeuse Le 15 aoĂ»t, la cinĂ©aste a pris la dĂ©cision la plus difficile de [sa] vie » elle a quittĂ© son pays, s’envolant pour Kiev Ukraine avec quelques membres de sa famille, laissant derriĂšre elle tout son travail. Sahraa Karimi a ensuite rejoint la Slovaquie, un pays oĂč elle a fait ses Ă©tudes de cinĂ©ma et dont elle a acquis la nationalitĂ© en plus de la nationalitĂ© afghane. Les talibans n’ont pas changĂ© » Alors que les talibans tentent d’amadouer la communautĂ© internationale, en affichant un visage plus ouvert », la rĂ©alisatrice assure que les talibans n’ont pas changĂ© » Ils sont tellement contre l’art, et contre les femmes. La communautĂ© internationale devrait reconnaĂźtre les groupes qui rĂ©sistent actuellement contre les talibans. Car la nouvelle gĂ©nĂ©ration d’Afghans ne peut pas vivre sous le rĂ©gime des talibans. La jeunesse veut mener une vie moderne, Ă©couter de la musique, vivre librement. Ce qui a Ă©tĂ© construit en vingt ans dans notre pays ne peut pas disparaĂźtre du jour au lendemain », dit-elle. Mais, dĂ©jĂ , tout semble fragilisĂ©. Pour ne prendre qu’un exemple, les archives cinĂ©matographiques afghanes sont en danger, dit-elle, puisqu’elles sont localisĂ©es au palais prĂ©sidentiel de Kaboul, dĂ©sormais sous le contrĂŽle des talibans ». Elle ajoute Les talibans ne m’ont pas dĂ©mise de mes fonctions Ă  l’Institut du film afghan. J’en suis encore la directrice, mais je n’ai plus de bureau et n’y suis plus matĂ©riellement prĂ©sente. C’est trĂšs Ă©trange
 » Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe. Lartiste d’aujourd’hui ne peut plus vivre en marge de son temps et de la sociĂ©tĂ©. Par expĂ©rience, l’artiste peintre ne peut pas vivre uniquement au travers d’une seule galerie ou d’un site web sans trafic. Il faut s’investir socialement, entretenir des relations publiques. La communication doit dĂ©boucher sur des vernissages

1Ce chapitre se propose d’éclairer le rĂŽle de l’art et des artistes dans les sociĂ©tĂ©s française, espagnole et anglaise du xviie siĂšcle. Le xviie siĂšcle voit dans les pays considĂ©rĂ©s l’affirmation de l’écrivain et de l’artiste qui doivent leur place sociale nouvelle aux fonctions que leurs Ɠuvres remplissent, au service des pouvoirs spirituels et temporels. Lettres et arts partagent au xviie siĂšcle un mĂȘme souci de la rhĂ©torique, c’est-Ă -dire du maniement des moyens de faire voir et comprendre Ă  autrui, pour la plus grande gloire du souverain, de la religion, ou la dĂ©lectation d’un collectionneur. L’existence de modĂšles et de rĂšgles, la plupart issus de l’AntiquitĂ© et sans cesse retravaillĂ©s, Ă©loigne Ă©galement l’artiste du xviie siĂšcle de notre idĂ©al romantique du crĂ©ateur original, voire incompris. 2Aussi convient-il dans un premier temps de tracer un portrait d’ensemble de la condition des artistes qui restitue leur place particuliĂšre dans la sociĂ©tĂ©. Il s’agit d’un monde hiĂ©rarchisĂ©, notamment en France au sein des structures acadĂ©miques, bien que ces derniĂšres n’exercent jamais qu’un contrĂŽle imparfait sur l’activitĂ© artistique. Dans un deuxiĂšme temps, on s’attachera Ă  comprendre comment le dĂ©veloppement des collections et du marchĂ© de l’art modifie les anciens liens de dĂ©pendance par rapport Ă  la commande publique et privĂ©e. On assiste au xviie siĂšcle Ă  une transformation de la valeur du produit artistique, parallĂšle Ă  l’émergence de l’individu social artiste ». Une troisiĂšme partie se propose, Ă  la lumiĂšre des conditions de production de l’Ɠuvre esquissĂ©e jusqu’ici, de s’interroger sur la reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ© dans les arts. Quelques exemples permettront de rappeler l’intĂ©rĂȘt mais aussi les problĂšmes posĂ©s par les documents littĂ©raires et artistiques en histoire sociale. IdentitĂ© de l’art et des artistes Émergence des notions d’art et de littĂ©rature. Promotion sociale de l’artiste 3On voit indĂ©niablement se prĂ©ciser les statuts de l’artiste et de l’écrivain au xviie siĂšcle, avec une chronologie et des incidences diffĂ©rentes d’un pays Ă  l’autre. Ce mouvement prend naissance dans la Renaissance italienne, deux siĂšcles plus tĂŽt, Ă  travers une institution bientĂŽt officialisĂ©e et protĂ©gĂ©e par les princes, l’acadĂ©mie. La premiĂšre rĂ©union d’humanistes voulant faire revivre les rĂ©unions de Platon et de ses disciples dans les jardins d’AkadĂ©mos est celle initiĂ©e par Marsile Ficin et Pic de la Mirandole Ă  Florence sous le rĂšgne de Laurent le Magnifique. Le mouvement acadĂ©mique va prendre une grande ampleur en Italie au xvie siĂšcle on y compte pas moins de 500 acadĂ©mies vers 1530. Elles se spĂ©cialisent et acquiĂšrent un statut officiel avec devises, rĂ©unions rĂ©guliĂšres, voire enseignement. D’abord nettement philosophiques et littĂ©raires, en opposition Ă  l’enseignement universitaire, des acadĂ©mies de peinture et de sculpture voient le jour, en opposition aux contraintes des corporations, avec le soutien des princes. CĂŽme de MĂ©dicis prĂ©side l’Academia fiorentina créée en 1540 et l’Accademia del disegno créée en 1563. Par un dĂ©cret de 1571, il libĂšre les artistes de son AcadĂ©mie des obligations corporatives. De la mĂȘme maniĂšre, Ă  Rome, la crĂ©ation de l’AcadĂ©mie de Saint-Luc, protĂ©gĂ©e par le cardinal BorromĂ©e, est le signe et le moyen d’une promotion des peintres, puisque, par une abondante production thĂ©orique, elle s’efforce de creuser la distance entre le travail manuel de l’artisan et le travail conceptuel de l’artiste la peinture est d’abord cosa mentale » une production de l’esprit. Comme le poĂšte, l’architecte, le peintre ou le sculpteur affirment que leur art est libĂ©ral » et non mĂ©canique ». Voir le plaidoyer prononcĂ© en 1667 par Nicolas Lamoignon pour le recteur de l’AcadĂ©mie, GĂ©rard Von Opstal qui rĂ©clamait le paiement d’ouvrages pour lesquels, selon le rĂšglement des mĂ©tiers, il y avait prescription N’a-t-on pas sujet Ă  dire que les peintres sont inspirĂ©s par quelque divinitĂ© aussi bien que les poĂštes ? Et que pour donner la vie Ă  des choses inanimĂ©es, il faut ĂȘtre en quelque sorte au-dessus de l’homme ? » La promotion des uns induit une dĂ©valorisation des mĂ©tiers demeurĂ©s au sein des corporations et des querelles infinies entre anciennes et nouvelles institutions. Les acadĂ©mies, qui contrĂŽlent les artistes, leur assurent en Ă©change libertĂ© et supĂ©rioritĂ© par rapport aux autres artisans. Christian Jouhaud a montrĂ© que les auteurs trouvent paradoxalement une autonomie croissante Ă  l’intĂ©rieur d’une dĂ©pendance de plus en plus forte par rapport au pouvoir 1 Dotoli G., LittĂ©rature populaire et groupe dominant. Évasion et contre-Ă©vasion chez Adam Billaut ... 2 La Roque de la LontiĂšre G. A., TraitĂ© de la noblesse, Paris, E. Michalet, 1678, p. 413, citĂ© ibide ... 4Les artistes en viennent donc Ă  occuper ou Ă  ambitionner une place sociale particuliĂšre en raison du lien qu’ils entretiennent avec le pouvoir, mĂȘme si, comme nous le verrons, tous n’appartiennent pas Ă  une structure officielle de type acadĂ©mique et mĂȘme si les artistes de cour constituent une minoritĂ© enviĂ©e. Hommes de lettres et praticiens des arts libĂ©raux sont animĂ©s, certes Ă  des degrĂ©s divers, d’une volontĂ© de distinction sociale. Si la pratique d’un art anoblit, elle pose le problĂšme de la distribution sociale des talents. Un homme du peuple peut-il ĂȘtre poĂšte ? Une origine ignoble ne s’oppose-t-elle pas Ă  la pratique d’un art ? La carriĂšre d’Adam Billaut, poĂšte menuisier, analysĂ©e par Giovanni Dotoli permet au moins de poser la question. Une des plus rares choses du siĂšcle », selon l’abbĂ© de Marolles qui l’a dĂ©couvert, ce fils de paysans pauvres, menuisier Ă  Nevers, a formĂ© sa muse au catĂ©chisme paroissial, Ă  la lecture des livres de colporteurs et des almanachs populaires. En 1636 il rencontre Ă  Nevers l’abbĂ© de Marolles, ancien prĂ©cepteur et bibliothĂ©caire de la duchesse Marie de Gonzague. Cette rencontre est dĂ©cisive en 1638 il est Ă  Paris, il obtient une pension de Richelieu et du chancelier SĂ©guier, qui ne sera cependant jamais versĂ©e. Il se met Ă  l’école des libertins et connaĂźt un succĂšs Ă©phĂ©mĂšre dans la capitale. DĂšs son deuxiĂšme sĂ©jour Ă  Paris 1640, il est en butte aux sarcasmes de ses collĂšgues. ScudĂ©ry, dans l’Approbation du Parnasse qui prĂ©cĂšde son premier recueil, les Chevilles 1644, s’interroge ainsi Quel Dieu t’a rendu son oracle ?/[
] Dois-tu passer dans l’univers/Pour un monstre ou pour un miracle/O prodige entre les esprits/Qui sait tout et n’a rien appris1. » Bien vite, on va trancher pour le monstre plutĂŽt que pour le prodige. Au moment de la naissance de l’artiste par la valorisation de l’étude et du savoir, on rĂ©pugne Ă  admettre dans la sociĂ©tĂ© des poĂštes un artisan, que la pratique et l’appĂ©tit du gain nĂ©cessaire Ă  sa subsistance rend comme esclave, et ne lui inspirent que des sentiments de bassesse et de subjection incompatible avec ceux d’un gentilhomme2 ». L’approbation du Parnasse n’a guĂšre durĂ© ; l’échec de Billaut tĂ©moigne du souci de distinction sociale des littĂ©rateurs parisiens et de leurs protecteurs. Le poĂšte menuisier menace les efforts de promotion des arts, insĂ©parables d’une dĂ©valorisation des mĂ©tiers. G. Dotoli estime que l’Ɠuvre de Billaut confirme que l’opposition entre culture populaire et culture savante est absolument insoutenable ». Au contraire, on pourrait utiliser l’échec du poĂšte menuisier pour montrer une sĂ©paration croissante dans la France du xviie siĂšcle entre culture populaire et culture des Ă©lites, culture de rĂ©fĂ©rence Ă  partir de la formation humaniste, [
] culture Ă©loignĂ©e de tout ce qui est concret, du monde des mĂ©tiers, de tout ce qui est dĂ©sormais jugĂ© vulgaire, sale ou ridicule » Rioux et Sirinelli. 5On voit ainsi se dessiner une conscience sociale, mĂȘme si les artistes entretiennent des liens familiaux forts avec le monde des mĂ©tiers urbains. Le pĂšre de Puget est maçon, celui de Girardon fondeur ; Shakespeare est le fils d’un boucher de Stratford-sur-Avon. On trouve, dans les alliances familiales de Charles Le Brun, beaucoup de peintres et de sculpteurs, mais aussi des Ă©crivains, des tapissiers, des charpentiers et des fondeurs. Le peintre et architecte Inigo Jones, qui domine l’art anglais dans la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle, est fils de tailleur et reçoit une formation de peintre, costumier et dĂ©corateur de théùtre. La solidaritĂ© est renforcĂ©e par des mariages, qui permettent les collaborations entre beaux-pĂšres et gendres et entre beaux-frĂšres ; les fratries sont nombreuses Vouet, Boullogne, Anguier
. Une relative mobilitĂ© permet en France Ă  des fils d’artistes d’embrasser la carriĂšre juridique et des artistes peuvent descendre de petits officiers les Le Nain. Une volontĂ© de distinction s’observe dans les gĂ©nĂ©alogies romancĂ©es que se forgent des familles d’artistes Ă  succĂšs, comme les Mansart, qui prĂ©tendent descendre d’un mythique chevalier romain, chargĂ© par Hugues Capet d’édifier des monastĂšres. Il se lit aussi dans la rĂ©alisation d’autoportraits, individuels ou familiaux, dans lesquels les artistes se reprĂ©sentent en costumes soignĂ©s, avec des attributs du savoir livres, de la sociabilitĂ© Ă©lĂ©gante ou des arts libĂ©raux musique, mathĂ©matique. 6Il faut souligner que la promotion des artistes reste un phĂ©nomĂšne trĂšs limitĂ© en Espagne, oĂč leur position sociale est peu enviable malgrĂ© la rĂ©flexion sur la noblesse des arts et les procĂ©dures engagĂ©es par exemple pour faire reconnaĂźtre Ă  la peinture le statut d’art libĂ©ral, procĂ©dures encouragĂ©es par des hommes de lettres comme Calderon J. Gallego. La plupart des peintres vivent dans une grande pauvretĂ© et une part importante de leurs revenus provient de la dorure et de la mise en couleur des sculptures religieuses, le plus souvent polychromes. Ils ne s’émancipent que difficilement. De cette situation tĂ©moigne par exemple Le Vendeur de tableaux de JosĂ© Antolinez v. 1670, Munich, Alte Pinakothek oĂč l’on voit un homme en guenille, le marchand tratante, visiter l’atelier du peintre, oĂč rĂšgne le plus grand dĂ©nuement et lui acheter une copie d’une Vierge Ă  l’Enfant de Scipion Pulzone. 7Les plus ambitieux des artistes espagnols cherchent donc Ă  Madrid une meilleure reconnaissance. De mĂȘme, l’installation Ă  Paris tĂ©moigne d’une volontĂ© d’ascension vers le statut d’artiste. David Maland a calculĂ©, sur un Ă©chantillon de 200 auteurs pour chaque siĂšcle, que 70 % des littĂ©rateurs français meurent en province au xvie siĂšcle, contre 48 % seulement au xviie siĂšcle. La mobilitĂ© caractĂ©rise dans une large mesure les artistes, qui se dĂ©placent pour suivre la commande, dans les arts plastiques, ou le public, dans les arts de la scĂšne. Quelques centres, caractĂ©risĂ©s par la prĂ©sence de la cour, se renforcent Rome, Paris, et, dans une moindre mesure, Madrid. Si les artistes constituent un milieu solidaire, il n’est pas pour autant fermĂ© ; les Ă©trangers, surtout les Italiens et les Flamands, dominent la scĂšne picturale anglaise, et, pour une bonne partie du siĂšcle, espagnole. La piĂštre considĂ©ration portĂ©e aux peintres nationaux est cause, selon le peintre et historien de l’art Jusepe MartĂ­nez, de l’exil dĂ©finitif d’Antonio Ribera Ă  Naples. Nationaux et Ă©trangers contractent ensemble des mariages. Chez les peintres, les sculpteurs et les architectes, le voyage, en particulier le voyage d’Italie, est un Ă©lĂ©ment essentiel de formation. En Angleterre, la rupture dĂ©cisive avec l’art de la fin du Moyen Âge est le rĂ©sultat du voyage d’Inigo Jones en Italie, en 1615, oĂč il accompagnait le comte d’Arundel. Cinquante ans plus tard, Christopher Wren visite les Provinces Unies, les Pays-Bas et la France. En France, on date traditionnellement du retour de Rome de Simon Vouet, en 1627, la naissance de l’école française. Les peintres espagnols voyagent peu en Italie, en revanche, les Français se retrouvent en nombre Ă  Rome, oĂč ils font quelquefois carriĂšre pendant plusieurs annĂ©es, voire s’y installent dĂ©finitivement Nicolas Poussin, Claude Lorrain. Vers 1600-1620, le mode de vie des peintres qui se retrouvent autour de la Piazza del Popolo, Ă  Rome, prĂ©figure dĂ©jĂ  celui des sociĂ©tĂ©s d’artistes telles qu’on les connaĂźtra jusqu’au Montparnasse des annĂ©es 1920, avec son recrutement international, ses lieux d’échanges les ateliers, les tavernes, sa libertĂ© de recherche artistique et de mƓurs. De la mĂȘme maniĂšre on voit se dĂ©velopper la sociabilitĂ© littĂ©raire autour des cabarets, certains investis par un groupe particulier, comme les libertins qui, Ă  Paris, se retrouvent À la Pomme du Pin, Au Cormier ou encore À la Fosseaux-Lions. Organisation des artistes et diffĂ©rences des carriĂšres 8Le xviie siĂšcle est un moment de thĂ©orisation et de hiĂ©rarchisation des arts et des artistes. La notion fondamentale est celle de genre. Le genre est en art et en littĂ©rature une sĂ©rie homogĂšne d’Ɠuvres rĂ©pondant Ă  des attentes dĂ©terminĂ©es et tendant Ă  se fixer par la reproduction de modĂšles Ă©prouvĂ©s. BĂ©rĂ©nice de Racine ou la Princesse de ClĂšves de Mme de Lafayette ont Ă©tĂ© critiquĂ©s parce qu’ils mĂ©langeaient les genres. Une hiĂ©rarchie trĂšs forte met au premier rang, en vers, l’épopĂ©e et la tragĂ©die, en prose, l’éloquence. Le roman est au bas de l’échelle et ses praticiens cherchent Ă  l’anoblir en lui confĂ©rant des rĂšgles. En peinture, se met en place progressivement une dĂ©finition et une hiĂ©rarchisation des genres, la peinture la plus noble et la plus prestigieuse Ă©tant la peinture d’histoire sacrĂ©e ou profane. Ces rĂ©flexions se dĂ©veloppent au sein des acadĂ©mies. 9Le systĂšme des AcadĂ©mies en France cherche Ă  mettre l’action des artistes au service de l’État. En crĂ©ant un discours cohĂ©rent sur la langue et le goĂ»t, les acadĂ©mies contribuent Ă  crĂ©er une culture commune aux Ă©lites et un consensus autour du pouvoir royal, que tous les arts sont chargĂ©s de cĂ©lĂ©brer. Unissant les artistes dans des institutions contrĂŽlĂ©es par l’État, les AcadĂ©mies engendrent une vĂ©ritable rĂ©volution dans la centralisation et la hiĂ©rarchisation des arts. 10L’AcadĂ©mie française reste le modĂšle de toutes les acadĂ©mies. Créée en 1634 par un groupe de lettrĂ©s, officialisĂ©e par Richelieu, son rĂŽle est d’institutionnaliser la langue commune de la nation. Il s’agit de mettre en place un lissage de la langue, de donner un langage commun. Chaque discours s’achĂšve par l’apologie du monarque. À l’image de l’AcadĂ©mie française, l’AcadĂ©mie royale de peinture et sculpture est créée en 1648. Le principe de sa fondation en est un peu diffĂ©rent, Charles Le Brun et d’autres artistes conçoivent une AcadĂ©mie placĂ©e sous la protection du chancelier SĂ©guier pour que les peintres puissent s’affranchir de la tutelle de la maĂźtrise qui succĂšde aux corporations mĂ©diĂ©vales. Elle fonde son enseignement sur le dessin et le modĂšle vivant, Ă  l’image de l’acadĂ©mie que les Carrache avaient fondĂ©, Ă  la fin du xvie siĂšcle, Ă  Bologne. L’institution rompt avec les pratiques corporatistes, par l’utilisation du dessin et l’approche directe de la nature, et donne un statut libĂ©ral Ă  la peinture qui n’est pas seulement affaire d’imitation. En 1663, Louis XIV restructure l’institution en la hiĂ©rarchisant. Son rĂŽle doctrinal est affirmĂ©. Il nomme Le Brun chancelier permanent. En 1668, l’artiste cumule les fonctions de chancelier et de recteur, enfin, en 1683, il est nommĂ© directeur. On assiste Ă  la mise en place d’expositions prĂ©vues normalement tous les deux ans et accompagnĂ© d’un livret, ancĂȘtre des catalogues. Mais il n’y en aura que dix sous Louis XIV. 11Un rĂŽle de coordinateur » est assurĂ© par la Petite AcadĂ©mie fondĂ©e en 1663. Elle comprend cinq membres reprĂ©sentant des cinq arts. Elle administre l’ensemble de la production intellectuelle et tient lieu de direction gĂ©nĂ©rale de la vie culturelle. Elle est dirigĂ©e par un conseil restreint dĂšs sa crĂ©ation les hommes de lettres Bourzeis, Cassagne, Chapelain et Perrault. C’est l’Ɠil du pouvoir sur la production intellectuelle française. Ce rĂŽle de coordination limite la libertĂ© et l’originalitĂ© dans la crĂ©ation. La petite AcadĂ©mie contrĂŽle tout, elle chapeaute l’ensemble des institutions. La souplesse de sa structure s’oppose Ă  la rigiditĂ© hiĂ©rarchique des autres AcadĂ©mies. Celles-ci, d’ailleurs, ne sont pas seulement des AcadĂ©mies artistiques Ă  l’image de l’AcadĂ©mie d’escrime. La petite AcadĂ©mie n’a pas de rĂšglement avant juillet 1701, aprĂšs cette date, elle devient officiellement l’AcadĂ©mie des inscriptions et des mĂ©dailles. 12À partir de 1661, on assiste Ă  une institutionnalisation de tous les arts sous Louis XIV les maĂźtres Ă  danser, puis les musiciens et les danseurs se fĂ©dĂšrent en AcadĂ©mies, toujours dans le but de lutter contre la maĂźtrise, accusĂ©e de dĂ©cadence des arts. En 1666 est fondĂ©e l’AcadĂ©mie de France Ă  Rome qui accueille les meilleurs jeunes artistes français afin de complĂ©ter leur formation. La mĂȘme annĂ©e voit la crĂ©ation de l’acadĂ©mie des sciences. En 1669, c’est la fondation de l’AcadĂ©mie royale de musique puis, en 1671, celle d’architecture qui scelle la sĂ©paration entre les architectes et les maçons. Il y a mĂȘme eu une tentative de crĂ©ation d’une acadĂ©mie de thĂ©ologie, mais celle-ci est rapidement dissoute en raison des inquiĂ©tudes formulĂ©es par la Sorbonne qui craint de perdre ses privilĂšges. Il en va de mĂȘme pour le théùtre. AprĂšs la mort de MoliĂšre, on ne crĂ©e pas explicitement une acadĂ©mie de théùtre, mais il y a bien un monopole de fait car un seul type de spectacle doit recevoir le label du Roi, comme pour l’opĂ©ra. La volontĂ© de diffusion des grandes Ɠuvres du rĂ©pertoire aboutie, en 1680, Ă  la fondation la ComĂ©die française. 13Le monopole des AcadĂ©mies sur les diffĂ©rents arts traduit le corps du Roi en peinture, en sculpture et en poĂ©sie » ApostolidĂšs. Avec ces institutions, c’est l’ensemble des arts qui se met au service de la gloire monarchique. À partir de 1660, on assiste Ă  une multiplication des AcadĂ©mies en province qui vont rĂ©pandre la mode en vigueur Ă  la cour. L’exemple de celle de Lyon, fondĂ©e en 1667, va servir de modĂšle pour d’autres villes. 14L’Angleterre a Ă©tĂ© tentĂ©e par ce modĂšle, mais l’instabilitĂ© politique qui y rĂšgne ne s’y prĂȘte pas. Les artistes se rassemblent dans des clubs ou des sociĂ©tĂ©s. Une tentative d’organisation des arts se met en place sous Charles II dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle. Ambitionnant de rivaliser avec Louis XIV, il reprend le modĂšle français de l’AcadĂ©mie et place Ă  sa tĂȘte le peintre italien Antonio Verrio v. 1636-1707. Mais, l’absence d’une autoritĂ© centrale organisĂ©e pour contrĂŽler le travail comme c’est le cas en France avec Colbert et la nature sporadique des mĂ©cĂšnes anglais ont rendu cette volontĂ© difficile, voire impossible. 15En Espagne, la crĂ©ation des acadĂ©mies de Madrid et de Valence est un Ă©chec. Leur volontĂ© de contrĂŽler l’activitĂ© des peintres en favorisant un monopole de la production et du marchĂ© de la peinture se heurte Ă  une opposition trĂšs forte des corporations. Il se dĂ©veloppe alors un dĂ©bat original sur la peinture en tant qu’art libĂ©ral. Le colegio » AcadĂ©mie de Valence tend en effet Ă  favoriser le nĂ©potisme en fixant le prix des examens, empĂȘchant ainsi Ă  tout un groupe de la population de rĂ©aliser et de vendre leurs Ɠuvres. L’institution crĂ©e Ă©galement d’énormes difficultĂ©s aux artistes Ă©trangers voulant s’installer dans la ville et interdit purement et simplement la vente de peintures Ă©trangĂšres qui Ă©taient moins chĂšres que celles fabriquĂ©es Ă  Valence. Tout cela va aboutir Ă  un nombre important de plaintes arguant du statut d’art libĂ©ral de la peinture. Les plaignants infĂ©rant que si la peinture est effectivement un art libĂ©ral, elle doit suivre le modĂšle des autres arts libĂ©raux. Dans une ville comme Valence, on devrait trouver des peintures de diffĂ©rentes qualitĂ©s et Ă  des prix diffĂ©rents ; en fait, un accĂšs Ă  la peinture pour tous. Finalement, en 1617, Philippe II se range du cĂŽtĂ© de la ville contre l’AcadĂ©mie. L’AcadĂ©mie de Madrid, créée en 1603, attend toujours la protection royale en 1619. L’échec est moins clair qu’à Valence, mais lĂ  encore, il semble que l’opposition soit venue de peintres individuels, certainement ceux qui s’opposaient Ă  l’examen pour obtenir la licence. 16En France mĂȘme, oĂč l’hĂ©gĂ©monie du pouvoir royal est quasi complĂšte, l’institutionnalisation des arts ne s’est pourtant pas faite sans heurts. La rĂ©action au mouvement acadĂ©mique va trouver un soutien auprĂšs d’autres corps qui, Ă  ce moment, perdent aussi de leurs privilĂšges, les Parlements. Ainsi le Parlement de Paris va-t-il soutenir les corporations pour tenter d’enrayer l’effritement de son pouvoir et ce, dĂšs la fondation de l’AcadĂ©mie française. Entre 1648 et 1663, la corporation des maĂźtres peintres, soutenue par le Parlement, et l’AcadĂ©mie de peinture, soutenue par Colbert et le pouvoir royal, se heurtent Ă  des oppositions constantes. Ils se livrent une vĂ©ritable guerre d’usure qui voit finalement la dĂ©route de la maĂźtrise. Enfin, les dĂ©bats esthĂ©tiques continuent comme celui entre le dessin et la couleur qui on lieu Ă  Paris, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle. 17On peut dire que deux carriĂšres s’offre Ă  l’artiste, celle de la cour et celle de la ville, bien que les plus rĂ©ussies marient les deux. Diego VĂ©lasquez 1599-1660 est l’exemple de l’artiste-courtisan. Il passe plus de trente ans au service de Philippe IV d’Espagne. Le roi l’emploie comme peintre, architecte dĂ©corateur, mais aussi fournisseur d’Ɠuvres d’art et courtisan jusqu’à devenir grand marĂ©chal du palais » en 1652. Plus encore que Charles Le Brun auprĂšs de Louis XIV ou qu’Antonio Verrio auprĂšs des rois d’Angleterre, il est le modĂšle de l’artiste de cour. Il faut distinguer, en Espagne, deux types de peintres rattachĂ©s au palais, les peintres du Roi et le peintre de la Chambre. Si les premiers sont de nombre variable entre quatre et six, il n’y a qu’un seul peintre de la Chambre dont l’occupation principale est de portraiturer le monarque et sa famille. C’est le cas de VĂ©lasquez sous le rĂšgne de Philippe IV, ce sera Juan Carreno de Miranda au temps de Charles II. 18En dehors des capitales, certains foyers sont trĂšs actifs et les artistes y vivent de commandes et de protections rĂ©gionales, publiques ou privĂ©es. À Toulouse se dĂ©veloppe ainsi un foyer original et trĂšs actif autour notamment de la figure de Nicolas Tournier qui, aprĂšs un voyage Ă  Rome, synthĂ©tise les formes caravagesques et les formes locales. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle, l’invention des AcadĂ©mies tend en France Ă  lisser les diffĂ©rences rĂ©gionales. L’exemple du sculpteur, peintre et architecte Pierre Puget, le Michel Ange de la France », semble relativement unique dans l’art français du deuxiĂšme xviie siĂšcle. Il rĂ©ussit Ă  mener une carriĂšre en Italie et en Provence loin de la cour et de l’AcadĂ©mie. Devenu cĂ©lĂšbre, Colbert lui commandes de grands marbres Milon de Crotone, achevĂ© 1682. 19La situation dans les arts du spectacle est assez similaire. Le dramaturge du xviie siĂšcle voit s’ouvrir devant lui deux voies. Celle, traditionnelle, de la protection d’un prince ou d’un grand et celle, nouvelle, d’entrepreneur de spectacles. Avec l’ouverture de théùtres publics et l’organisation de tournĂ©es, l’activitĂ© de l’auteur se commercialise. Il vend sa piĂšce Ă  une compagnie ou, s’il en est actionnaire, il obtient une participation aux bĂ©nĂ©fices. La publication des piĂšces est un autre facteur de commercialisation du mĂ©tier d’auteur, bien que le dĂ©sir d’exclusivitĂ© des troupes fasse quelquefois obstacle Ă  l’impression des piĂšces. Cependant un dramaturge qui rĂ©ussit est celui qui associe les deux carriĂšres, comme Shakespeare, auteur et acteur d’une troupe qui joue aussi bien pour la cour que la ville ou encore Lope de Vega, protĂ©gĂ© du duc d’Albe mais dont les piĂšces sont aussi jouĂ©es dans les théùtres publics corrales. Les tensions entre artistes de la cour et de la ville peuvent ĂȘtre plus aiguĂ«s et s’exercer aux dĂ©pens de la ville. A Paris, la musique en vient Ă  ĂȘtre gĂ©rĂ©e entiĂšrement par la Maison du roi, entraĂźnant une situation trĂšs prĂ©caire pour les musiciens de la ville rĂ©gis par la confrĂ©rie de saint Julien des MĂ©nestriers. Collections et marchĂ© de l’art 20Les Ɠuvres d’art rĂ©pondent Ă  diffĂ©rentes attentes, entre Ă©dification, glorification monarchique et dĂ©lectation. Un trait significatif du xviie siĂšcle europĂ©en est le dĂ©veloppement des collections, dans lesquelles peintures et sculptures, dĂ©tachĂ©es de toute autre fonction, notamment religieuse, acquiĂšrent rĂ©ellement le statut d’Ɠuvres d’art. Le dĂ©veloppement des collections 21La collection princiĂšre existe au xvie siĂšcle, mais elle prend une tout autre ampleur au siĂšcle suivant. Les souverains espagnols, en particulier, hĂ©ritent ce goĂ»t du grand collectionneur que fut Philippe II. Le Prado est le premier palais royal oĂč les peintures sont exposĂ©es en permanence, concurrençant la tapisserie pour la dĂ©coration murale. La dĂ©coration du palais de l’Escorial, dans les annĂ©es 1580, est conçue pour l’exposition de peintures de prestige. En 1700, le roi d’Espagne possĂšde 5 500 tableaux, dont la moitiĂ© acquise par Philippe IV. Les rois de France prĂ©fĂšrent le prestige du bĂątisseur Ă  celui du collectionneur A. Schnapper ; cependant, Louis XIV renoue avec le collectionisme somme toute modeste de François Ier ; entre 1660 et 1693, il forme une des premiĂšres collections d’Europe pour les mĂ©dailles et les pierres gravĂ©es, les pierres prĂ©cieuses, les tableaux, les dessins et les gravures. Assez peu intĂ©ressĂ© personnellement, il laisse Ă  ses ministres le soin de rassembler les trĂ©sors du cabinet du roi. Selon A. Schnapper, les collections ne sont ni nĂ©cessaires ni bien efficaces pour assurer la gloire du roi et l’étendre aux nations Ă©trangĂšres ». Charles Ier est bien d’avantage un amateur d’art. Lors de la vente de ses biens par les rĂ©publicains, ce sont prĂšs de 2 000 peintures, tapisseries, statues et dessins qui sont destinĂ©s Ă  Ă©ponger les dettes du monarque dĂ©funt. Au-delĂ  des princes, les grandes collections se rencontrent chez les personnages qui exercent un rĂŽle important, ou parmi ceux qui sont les plus liĂ©s Ă  la reprĂ©sentation du pouvoir, les ambassadeurs. La collection s’épanouit dans les lieux de pouvoir. Les ministres et les favoris – en France, Richelieu et Mazarin ; en Angleterre, avant la RĂ©volution, Arundel, Buckingham et Hamilton – sont au premier rang des collectionneurs. Sous Philippe IV, le marquis de LeganĂ©s possĂšde 1100 tableaux, le marquis de Carpio, plus de 3 000. 22Progressivement, les collections universelles, du type cabinet de curiositĂ©s, cĂšdent le pas aux collections spĂ©cialisĂ©es. Le xviie siĂšcle voit Ă  la fois l’apogĂ©e et le dĂ©but du dĂ©clin de la Kunst-und Wunderkamern K. Pomian. Apparaissent des collections autonomes de tableaux. Rome a un rĂŽle capital dans le collectionisme, puisque c’est lĂ  avec Venise que s’approvisionne toute l’Europe. C’est lĂ  aussi oĂč se forme le goĂ»t international qui met au premier rang de la valeur la peinture vĂ©nitienne et bolonaise du xvie siĂšcle. En Espagne, en Angleterre ou en France, ce sont toujours Titien et les VĂ©nitiens Tintoret, VĂ©ronĂšse d’une part, les Carrache et leurs suiveurs Guido Reni, l’Albane etc. d’autre part qui dominent les collections prestigieuses. 23Il faut noter que bien souvent les lettres et les arts ont des mĂ©cĂšnes communs. Souvent une belle collection s’accompagne d’une belle bibliothĂšque. Le peintre Eustache Le Sueur et le plus cĂ©lĂšbre luthiste français de l’époque, Denis Gaultier, ont pour mĂ©cĂšne Anne de ChambrĂ©, trĂ©sorier des guerres de Louis XIII et gentilhomme du prince de CondĂ©. ChambrĂ© commande Ă  ces deux artistes un manuscrit de luxe, La RhĂ©torique des dieux, recueil de piĂšces de luth de illustrĂ©. La collection suscite l’Ɠuvre littĂ©raire. Arts et lettres font partie d’une sociabilitĂ© dont le cƓur est l’art de la conversation. Les objets de collection sont, selon le mot de Krzysztof Pomian, des sĂ©miophores ». Au Moyen Âge, les collections de reliques, d’objets sacrĂ©s ou d' Ɠuvres d’art » sont aux mains de l’Église et du pouvoir temporel. Quand une hiĂ©rarchie de richesse se met en place, l’achat de sĂ©miophores, l’achat d’Ɠuvres d’art, la formation de bibliothĂšques ou de collections est une des opĂ©rations qui, transformant l’utilitĂ© en signification, permettent Ă  quelqu’un de haut placĂ© dans la hiĂ©rarchie de la richesse d’occuper une position correspondante dans celle du goĂ»t et du savoir » K. Pomian. Le dĂ©veloppement des collections est ainsi insĂ©parable du dĂ©veloppement d’un marchĂ©. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art le marchĂ© de la peinture 24La demande d’images augmente au cours du siĂšcle. On constate un Ă©largissement progressif du public de la peinture, en particulier dans les pays catholiques. L’imagerie dĂ©votionnelle nourrit le mouvement, mais Ă  la marge se diffusent aussi les genres portrait, nature morte, paysage
, en raison des nouveaux usages de la peinture, qui apparaĂźt de plus en plus dans les intĂ©rieurs. Plus tardivement, cet appĂ©tit d’images est lisible aussi en Angleterre en 1705, 80 % des inventaires de l’Orphan’s Court de Londres rĂ©vĂšlent la possession de tableaux, contre 44 % seulement en 1675. Certes, cette prĂ©sence de la peinture est liĂ©e Ă  la richesse mais ces inventaires montrent que les ordinary tradespeople ont autant de tableaux que les professionals et les gentryhouseholders. 25Le mĂ©tier de marchand de tableaux s’autonomise et se professionnalise peu Ă  peu. Les formes les plus structurĂ©es de marchĂ© de l’art se rencontrent Ă  Anvers, qui nourrit toute l’Europe de ses peintures, de tous les genres et de tous les prix. Il faut noter le fort goĂ»t pour la peinture flamande, parallĂšle au goĂ»t dominant vĂ©nĂ©to-bolonais. Anvers vend pour tous les publics et Ă  tous les prix. Mais d’autres lieux prennent de l’importance, oĂč l’on retrouve souvent les marchands du Nord. À Paris, la foire Saint-Germain, une des trois plus importantes de Paris, se spĂ©cialise au dĂ©but du xviie siĂšcle en marchĂ© des objets de luxe soie, bijoux, or mais aussi tableaux. Depuis la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, les marchands d’Anvers ont le monopole du marchĂ© parisien de la peinture. Ils viennent Ă  Paris chaque annĂ©e pour la foire. Vers 1620-1630, ils font face aux efforts protectionnistes de la maĂźtrise des peintres de Paris, qui les obligent Ă  tenir boutique de façon permanente en France, voire de demander la naturalisation, pour continuer leur commerce. Les Français rĂ©ussissent ainsi Ă  endiguer l’influence des marchands d’Anvers. Mais une autre compĂ©tition pour le contrĂŽle du marchĂ© se dĂ©roule alors entre les artistes-marchands et les marchands merciers qui finiront par l’emporter Ă  la fin du siĂšcle on connaĂźt par Watteau la boutique du cĂ©lĂšbre Gersaint. 26Diverses formes de transaction existent mais les ventes publiques aux enchĂšres prennent progressivement de l’importance, notamment en Angleterre ; elles permettent en effet aux comportements agonistiques de se donner libre cours dans un face Ă  face pendant lequel on manifeste simultanĂ©ment son goĂ»t, sa capacitĂ© de sacrifier de la richesse pour le satisfaire et ses possibilitĂ©s financiĂšres » K. Pomian. Les grandes ventes aux enchĂšres publiques deviennent ainsi des Ă©vĂ©nements mondains. À Londres, avant l’introduction des ventes aux enchĂšres d’Ɠuvres d’art, vers 1670, Samuel Pepys achĂšte directement aux artistes ou Ă  des stationers qui vendent aussi des livres. Le marchĂ© du livre est beaucoup plus organisĂ© que celui de l’art, grĂące Ă  la Stationers Company. Il n’y a pas de telle communautĂ© de marchands spĂ©cialisĂ©s dans l’art. Ce sont d’abord les virtuosi, les hommes de lettres londoniens, qui font la popularitĂ© des ventes aux enchĂšres, dont ils se servent comme d’une arĂšne des connaisseurs ». Elles touchent ensuite un public beaucoup plus large, les femmes aussi peuvent y assister. Les commissaires-priseurs ne peuvent pas encore se spĂ©cialiser dans les marchandises artistiques. La plupart vendent Ă  la fois des livres et des Ɠuvres d’art. 27Ces enchĂšres se dĂ©roulent surtout dans des coffeehouses comme Tom’s Coffeehouse ou Barbadoes Coffeehouse. À la mort de Charles II 1685, Londres est ainsi devenue un des marchĂ©s de l’art les plus actifs d’Europe. Au cours des ventes de Covent Garden, entre 1669 et 1692, plus de 35 000 peintures Ă  l’huile s’échangent. On a retrouvĂ©, protagonistes de ces Ă©changes, le nom de 20 nobles, 20 marchands et plus de 100 commoners. J. Brotton insiste sur le rĂŽle de la vente des biens de Charles Ier, qui a mis sur le marchĂ© des centaines d’Ɠuvres. Contrairement Ă  une opinion largement rĂ©pandue, Brotton soutient que cette vente n’est pas le seul fait de rĂ©publicains iconoclastes et ignorants des choses de l’art. Elle a Ă©tĂ© importante pour la formation du goĂ»t anglais puisqu’elle a rendu visibles les trĂ©sors des collections de la Couronne. À l’occasion de cet Ă©vĂ©nement, les tableaux royaux ont Ă©tĂ© transformĂ©s en marchandise, dĂ©truisant pour toujours leur exclusivitĂ© royale, les ĂŽtant au secret du palais royal et les livrant au monde de la vente publique ». 28En Espagne, depuis la fin du xvie siĂšcle, on voit dans les grandes villes des ventes d’art se dĂ©rouler prĂšs du marchĂ©, sur le perron de San Felipe ou Calle Mayor Ă  Madrid, par exemple, ou rue de Santiago Ă  Valladolid. Des lieux ouverts, une absence de toute rĂ©gulation des transactions on est bien loin des panden de Bruges et d’Anvers. Le marchĂ© est nourri par une importation massive des Pays-Bas et l’accroissement du nombre de peintres espagnols travaillant hors du cadre des corporations. Le dĂ©veloppement du marchĂ© entraĂźne l’utilisation rĂ©pĂ©tĂ©e de mĂȘmes modĂšles et une certaine standardisation de la production. Il faut dire que le marchĂ© amĂ©ricain exige une masse considĂ©rable d’images religieuses. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle, pas moins de 24 000 peintures ont quittĂ© SĂ©ville pour l’AmĂ©rique. Des contrats exigent une grande rapiditĂ© de rĂ©alisation. Par exemple, le 26 juillet 1600, le peintre sĂ©villan Miguel VĂĄzquez s’engage Ă  livrer au marchand Gonzalo de Palma 1 000 portraits de figures profanes » de la mĂȘme taille 63 x 42 cm, Ă  raison de 25 par semaine, payĂ©s 4 reales piĂšce. Miguel Falomir observe que les prix de vente sur les foires et dans les stands de rue sont nettement infĂ©rieurs Ă  ceux offerts pour des Ɠuvres commissionnĂ©es. Cela n’empĂȘche pas des peintres cĂ©lĂšbres de participer aux ventes, comme BartolomĂ© Carducho, peintre du roi et marchand de tableaux. 3 Felipe de Guevara, Comentarios de pintura [vers 1560], Madrid, 1788, p. 4-5. 4 Relations, Lettres et discours
, Paris, 1660, Lettre IX, p. 235-23. 29Dans un marchĂ© de l’art naissant, se pose la question de l’attribution du prix. Quand il suggĂšre Ă  Philippe II d’exposer sa collection, Felipe de Guevara avance que les peintures cachĂ©es et tenues hors de la vue sont privĂ©es de leur valeur, qui rĂ©side dans les yeux des autres et leur apprĂ©ciation par des connaisseurs3 ». Traditionnellement, le prix d’une peinture Ă©tait liĂ© Ă  des critĂšres matĂ©riels comme les matĂ©riaux employĂ©s, le nombre, la taille et le costume des personnages. Cependant, depuis la Renaissance, la valeur est de plus en plus attachĂ©e Ă  un savoir, devient affaire de connaisseur rĂ©putation de l’artiste, authenticitĂ©, originalitĂ© de la composition, deviennent des critĂšres importants quand il s’agit des maĂźtres italiens ou nordiques les plus recherchĂ©s. À quoi s’ajoute pour les peintures anciennes la vie sociale » du tableau provenance, possesseur antĂ©rieur, lieu d’accrochage prĂ©cĂ©dent. Entre 1640-1660, les prix des tableaux anciens augmentent considĂ©rablement sur le marchĂ© parisien ; certains s’en Ă©meuvent, considĂ©rant scandaleux l’argent dĂ©pensĂ© en objets de vanitĂ©, comme Samuel SorbiĂšre, protestant rĂ©cemment converti, qui publie une lettre De l’excessive curiositĂ© en belles peintures4 ». Un dĂ©but de spĂ©culation suscite des rĂ©serves morales. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de l’art accompagne une Ă©volution des consciences par rapport Ă  l’argent mais permet aussi une Ă©volution du mĂ©tier d’artiste. 30Nicolas Poussin 1594-1665 est l’exemple exceptionnel d’un artiste libĂ©rĂ© de la commande et vivant du marchĂ© de l’art. À partir de 1630, Ă©loignĂ© des grandes commandes publiques, il ne produit plus que des tableaux de chevalet et peut choisir ses clients qui sont des acheteurs, non plus des commanditaires. Le prix de ses tableaux est multipliĂ© par dix au cours du siĂšcle. Il ne dĂ©pend pas d’une cour ou d’un protecteur, il n’a pas d’atelier, pas d’élĂšves. Au-delĂ  des Barberini et de leur rĂ©seau, les principaux acheteurs de Poussin sont français. Ils sont d’origine sociale variĂ©e on trouve parmi eux, le marĂ©chal de CrĂ©qui, le duc de Richelieu ou le roi lui-mĂȘme, qui rĂ©unit une trĂšs importante collection de Poussin ; des secrĂ©taires d’État, comme La VrilliĂšre ou LomĂ©nie de Brienne ; des titulaires d’offices importants comme Chantelou ; des financiers comme Neyret de la Ravoye ; mais aussi des personnages beaucoup plus obscurs, des nĂ©gociants comme Pointel ou Serisier. Il s’agit lĂ  d’une carriĂšre trĂšs particuliĂšre, permise par la naissance d’un vrai marchĂ© de l’art. Les arts, miroir de leur temps » ? La sociĂ©tĂ© est un théùtre, le théùtre, un reflet de la sociĂ©tĂ© ? 31On ne saurait trop souligner l’importance de la mĂ©taphore théùtrale et en gĂ©nĂ©rale de la vision dans les arts et la littĂ©rature du xviie siĂšcle. Avec la perspective linĂ©aire comme mode de reprĂ©sentation picturale depuis la Renaissance, Les images s’inscrivent dĂ©sormais Ă  l’intĂ©rieur d’un cube ouvert d’un cĂŽtĂ©. À l’intĂ©rieur de ce cube reprĂ©sentatif, sorte d’univers en rĂ©duction, rĂšgne les lois de la physique et de l’optique de notre monde » P. Francastel ; d’oĂč l’importance de la mĂ©taphore théùtrale All the world’s a stage », l' illusion comique » le théùtre est un monde en rĂ©duction, le monde n’est qu’un théùtre. Comment le théùtre du xviie reflĂšte-t-il alors la sociĂ©tĂ© ? 32Si l’on tourne le dos Ă  la scĂšne, le lieu théùtral donne, dans la disposition du public, une image particuliĂšre des hiĂ©rarchies. La structure du théùtre public est partout Ă  peu prĂšs la mĂȘme. Le corral madrilĂšne se partage entre le parterre avec ses places debout ou assises et les loges rĂ©servĂ©es aux personnages importants ; un lieu spĂ©cial est rĂ©servĂ© aux femmes du commun et aux ecclĂ©siastiques, ce qui est une particularitĂ© espagnole. Dans le théùtre Ă©lisabĂ©thain, on a, du moins coĂ»teux au plus cher, les places debout Ă  ciel ouvert, les places assises dans les galeries couvertes et enfin les loges. EntiĂšrement couvert, le théùtre de Bourgogne montre une rĂ©partition analogue, avec ses places au parterre Ă  5 sous et ses places en loges Ă  10 sous. 33Si, dans le cas des reprĂ©sentations privĂ©es chez de nobles particuliers les visites » en France, les particulares » en Espagne le public est socialement homogĂšne, il n’en va pas de mĂȘme du théùtre public. La composition des salles est assez semblable Ă  Londres et Ă  Paris. Le parterre, debout, est volontiers remuant, mĂȘme s’il ne faut pas s’exagĂ©rer le caractĂšre populaire de ces spectateurs. Alfred Harbage montre qu’il est constituĂ©, au théùtre du Globe, de boutiquiers, d’artisans et de journaliers. La variĂ©tĂ© de ton et de genres caractĂ©ristique du théùtre de Shakespeare, comme de la tragĂ©die espagnole, de la poĂ©sie savante Ă  la farce, est destinĂ©e Ă  rĂ©pondre Ă  cette diversitĂ© du public. On distingue les connaisseurs des ignorants du parterre, les mosqueteros » en Espagne, les groundlings » en Angleterre. On peut remarquer que la mĂȘme idĂ©e est souvent exprimĂ©e deux fois dans les piĂšces de Shakespeare, sous une forme Ă©laborĂ©e d’abord, plus simple ensuite. Dans la comedia, le gracioso » est chargĂ© de rĂ©pĂ©ter en clair ce qui risquait de paraĂźtre obscur. Cependant, au cours du siĂšcle, on remarque une diminution globale de la composante populaire du public. Les tĂ©moignages contemporains sur le chahut du parterre ne sont pas exempts de prĂ©jugĂ©s sociaux. En France, le public ne change pas radicalement, mais les poĂštes, leurs mĂ©cĂšnes et les amateurs prĂȘchent pour une Ă©puration du goĂ»t comme du public. Il ne faut pas oublier que la dĂ©fense des rĂšgles et, pour le dire d’un mot, du classicisme, est parallĂšle Ă  une exclusion des Ă©lĂ©ments populaires. Le classicisme, rappelle J. Truchet, suppose un consensus culturel, l’existence d’un public auquel il soit naturel et lĂ©gitime de vouloir plaire, les honnĂȘtes gens », la Cour » et la Ville ». L’unitĂ© du classicisme se fonde moins sur des prĂ©ceptes que sur un milieu ». L’exclusion du menu peuple se fait naturellement par l’augmentation du prix des places au cours du siĂšcle. En France comme en Angleterre, la base sociale du théùtre se rĂ©trĂ©cit. 34La nĂ©cessitĂ© de parler Ă  un trĂšs large public oĂč domine, de plus en plus, les catĂ©gories privilĂ©giĂ©es, implique de renvoyer Ă  une morale commune. N’oublions pas que plaire est une nĂ©cessitĂ© vitale pour le dramaturge du xviie siĂšcle. Souvent, on remarque un certain conservatisme dans la vision de la sociĂ©tĂ© vĂ©hiculĂ©e par le théùtre. Celui-ci enregistre certains changements, comme l’importance croissante du commerce et de l’argent, les transformations de la noblesse ou l’appĂ©tit des roturiers enrichis. Le gentilhomme dĂ©sargentĂ© contraint Ă  la mĂ©salliance, le roturier cherchant une promotion Ă  la cour, le bourgeois gentilhomme, sont quelques thĂšmes rĂ©currents de la comedia espagnole, dont l’influence est grande en France et en Angleterre ; mais en gĂ©nĂ©ral, quelque soit l’origine sociale de l’auteur, la morale de la piĂšce demeure attachĂ©e aux valeurs de la noblesse terrienne traditionnelle, dĂ©favorable aux fortunes issues du commerce et de la spĂ©culation. Par exemple, dans les piĂšces de Lope de Vega, le noble enrichi par le nĂ©goce est condamnĂ©, les marchands, petits ou grands, et les armateurs de SĂ©ville peu reprĂ©sentĂ©s ou peu mis en valeur. Le théùtre jacobĂ©en, face aux bouleversements sociaux, tĂ©moigne d’un attachement Ă  l’ordre ancien A. Bry. MoliĂšre montre de maniĂšre trĂšs nĂ©gative ces femmes qui sortent de leur condition, ces prĂ©cieuses qui se prĂ©valent d’un rĂŽle intellectuel dans ce qui deviendra les salons. Le monde comme théùtre est d’abord une mĂ©taphore de la vanitĂ© des biens de ce monde. Il s’agit moins de reprĂ©senter que de moraliser. CalderĂłn de la Barca l’exprime parfaitement dans Le Grand Théùtre du Monde 1645. On y voit le Monde remettre Ă  chaque acteur, du Roi au Mendiant, les insignes de son rang. Les personnages entrent sur scĂšne par le Berceau et en sortent par la Tombe. LĂ , ils doivent remettre leurs attributs et rendre compte de la façon dont ils ont tenu leur rĂŽle. Seuls le Mendiant et la Prudence ont Ă©chappĂ© Ă  l’orgueil et aux intrigues de la cour. Seuls, ils ont compris la leçon de la piĂšce, c’est-Ă -dire de la vie. Seuls, ils ne seront pas damnĂ©s. Quand le rideau tombe, ne demeurent en scĂšne que les quatre derniĂšres choses » la Mort, le Jugement, le Ciel et l’Enfer. 35Si le siĂšcle est fascinĂ© par les pouvoirs de l’illusion, la concorde entre l’ĂȘtre et le paraĂźtre est un souci constant. Les marques de luxe doivent correspondre Ă  un statut social rĂ©el. L’ouvrage de Pierre Le Muet, La ManiĂšre de bĂątir pour toutes sortes de personnes 1623, est un des plus importants de ces recueils, en vogue en France, qui proposent des modĂšles d’habitation selon le rang du propriĂ©taire. L’architecture doit reflĂ©ter la hiĂ©rarchie sociale. On peut dire que Fouquet, par exemple, n’a pas respectĂ© cette rĂšgle, Vaux outrepasse son rang. L’étude du portrait permet de mieux comprendre ce rapport ĂȘtre/paraĂźtre. Elle permet aussi de mieux comprendre sous quelles conditions les catĂ©gories sociales les moins privilĂ©giĂ©es ont droit Ă  ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s. Qui a droit Ă  la reprĂ©sentation ? 36Le problĂšme de la dignitĂ© du sujet reprĂ©sentĂ© se pose particuliĂšrement dans le portrait. Ce dernier genre connaĂźt depuis le xvie siĂšcle un grand dĂ©veloppement. Il constitue Ă  la fin du siĂšcle 20 % des images des intĂ©rieurs de Delft, par exemple. Or, Edouard Pommier a relevĂ©, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, un mouvement de remise en cause de ce genre, notamment d’un point de vue social. Alors qu’il cesse d’ĂȘtre rĂ©servĂ© Ă  la reprĂ©sentation des saints et des princes, le portrait suscite la question de la lĂ©gitimitĂ© de la reprĂ©sentation d’un individu. 5 CitĂ© par Pommier Édouard, ThĂ©ories du portrait, Paris, 1998, p. 128. 37Dans une lettre Ă  Leone Leoni, sculpteur et mĂ©dailleur, l’ArĂ©tin le met en garde ainsi Faites donc les portraits de personnages de ce genre [l’érudit Francesco Molza, mort depuis peu], mais ne faites pas les portraits de ceux qui Ă  peine se connaissent eux-mĂȘmes et que personne ne connaĂźt. Le ciseau ne doit pas tracer les traits d’une tĂȘte, avant que la renommĂ©e ne l’ait fait. Il ne faut pas croire que les lois des Anciens aient permis qu’on fasse des mĂ©dailles de personnes qui n’étaient pas dignes. C’est ta honte, ĂŽ siĂšcle, de tolĂ©rer que des tailleurs et des bouchers apparaissent vivants en peinture5. » Cette idĂ©e d’une vulgarisation du portrait se retrouve dans nombre d’écrits du xvie siĂšcle. On ne devrait reprĂ©senter que les exempla virtutis, ou les grands de ce monde, parce que seuls ils ont droit Ă  la mĂ©moire publique. 6 de Piles R., Cours de peinture par principes, Paris, Ă©d. J. Thuillier, 1989, p. 132. 7 Sorel Charles, La Description de l’üle de Portraiture et de la ville des portraits, Paris, 1659, p ... 38De la dignitĂ© du sujet dĂ©pend son traitement, qui oscille entre l’imitare, qui a le sens de donner l’image de quelque chose, avec une certaine libertĂ© et le ritrarre donner une copie littĂ©rale de quelque chose. Pour le thĂ©oricien Roger de Piles, la stricte fidĂ©litĂ© aux traits du modĂšle n’est requise que pour les grands de ce monde Pour les hĂ©ros et pour ceux qui tiennent quelque rang dans le monde, ou qui se font distinguer par leurs dignitĂ©s, par leurs vertus ou par leurs grandes qualitĂ©s, on ne saurait apporter trop d’exactitude dans l’imitation de leur visage, soit que les parties s’y rencontrent belles, ou bien qu’elles y soient dĂ©fectueuses » car ces sortes de portraits sont des marques authentiques qui doivent ĂȘtre consacrĂ©es Ă  la postĂ©ritĂ©, et dans cette vue tout est prĂ©cieux dans les portraits, si tout y est fidĂšle6. » Cette nĂ©cessitĂ© de rendre fidĂšlement le modĂšle vertueux, l’ĂȘtre de haut rang s’explique par les spĂ©culations physiognomoniques, trĂšs en vogue au xviie siĂšcle. En fait, la pratique conduit souvent Ă  l’inverse il faut donner au personnage les traits convenant Ă  sa fonction et Ă  sa dignitĂ©. Il faut que le paraĂźtre corresponde Ă  l’ĂȘtre social, il faut donner Ă  chaque personnage l’attitude, les vĂȘtements, les attributs de sa “qualitĂ©â€, c’est-Ă -dire sa position dans la sociĂ©tĂ© » E. Pommier. DĂ©jĂ  LĂ©onard de Vinci prĂ©conisait que le roi soit barbu, plein de gravitĂ© dans l’air et les vĂȘtements [
]. Les gens de basse condition doivent ĂȘtre mal parĂ©s, en dĂ©sordre et mĂ©prisables [
] avec des gestes vulgaires et tapageurs ». Dans sa Description de l’üle de portraiture 1659 Charles Sorel se moque lui aussi du succĂšs du portrait, de ces modĂšles qui veulent apparaĂźtre dans des vĂȘtements trĂšs magnifiques, et la plupart ne se souci[ant] point s’ils Ă©taient conformes Ă  leur naturel et Ă  leur condition7 ». Analysant le Portrait d’Omer II Talon Washington, National Gallery peint en 1649 par Philippe de Champaigne, Lorenzo Pericolo remarque qu’en tant qu' avocat gĂ©nĂ©ral au parlement de Paris, le modĂšle usurpe » en quelque sorte une posture et un dĂ©cor typique d’un roi ou d’un aristocrate ». 8 Pour reprendre le titre de l’ouvrage de G. Sadoul, Jacques Callot miroir de son temps, Paris, 19 ... 39E. Pommier montre au long de son livre combien il est difficile d’apprĂ©cier le rĂ©alisme » d’un portrait. L’art, comme le langage, est d’abord un systĂšme de signes qui demandent interprĂ©tation. Il faut donc se mĂ©fier de la tentation de voir dans les romans, les gravures ou les peintures un miroir de leur temps8 ». Ils correspondent aux attentes de la clientĂšle. Le cas des portraits de paysans des Le Nain est intĂ©ressant parce que nous voyons des paysans reprĂ©sentĂ©s avec une grande fidĂ©litĂ© apparente des traits, et en mĂȘme temps une grande dignitĂ©. Dans la peinture hollandaise, on trouve souvent des intĂ©rieurs paysans, comme celui peint par Adriaen Van Ostade vers 1635 Munich, Bayerische StaatsgemĂ€ldesammlungen. On y voit des hommes et des femmes boire et fumer. Mais les physionomies sont viles, bouffonnes, tout Ă  fait conformes aux prĂ©ceptes de LĂ©onard. Les acheteurs d’une telle toile ne sont Ă©videmment pas du mĂȘme milieu et peuvent ainsi apprĂ©cier la distance qui les sĂ©pare de ces comportements. Une mise en garde contre les dĂ©bordements des sens n’est pas absente. En effet, dans un milieu modeste, les passions sont censĂ©es s’exprimer plus librement, en tout cas leur reprĂ©sentation ne requiert pas les mĂȘmes contraintes. Adriaen Brouwer, par exemple, illustre les Ă©motions humaines Ă  travers ses portraits populaires. 9 Antoine 1588 ?-1648, Louis 1593 ?-1648 et Mathieu 1607-1677. Ils ont un atelier commun et si ... 10 Champfleury, Essai sur la vie et l’Ɠuvre des Le Nain, Paris, 1850, p. 38. 40A priori rien de tel dans le Repas de paysans 1642, Paris, Louvre ou la Famille de paysans v. 1645-1648, Paris, Louvre des frĂšres Le Nain9. C’est le rĂ©alisme » de la scĂšne qui frappe. Pour Champfleury, qui est Ă  l’origine de la redĂ©couverte de ces peintres, ce sont des historiens » qui apprennent plus sur les mƓurs de leur temps [
] que bien des gros livres10 ». Une critique marxiste s’est emparĂ© de ces peintres populaires », mais il a vite Ă©tĂ© montrĂ© que les trois frĂšres ont fait partie des membres fondateurs de l’AcadĂ©mie et que Mathieu, qui a vĂ©cu plus longtemps, a pu faire une assez belle fortune et a cherchĂ©, aprĂšs l’achat d’une terre prĂšs de Laon, Ă  se faire appeler seigneur de la Jumelle. Fait exceptionnel pour un peintre, il a Ă©tĂ© fait chevalier du Saint-Michel pour ses services dans la milice de Paris, mais il n’a pu faire preuve de sa noblesse. Pourtant, il a Ă©tĂ© vite remarquĂ© que les paysans reprĂ©sentĂ©s Ă©taient bien habillĂ©s, possĂ©daient des verres, etc. Beaucoup d’historiens ont continuĂ© Ă  vouloir y voir des documents transparents, des fenĂȘtres ouvertes sur le monde paysan des environs de Laon au xviie siĂšcle. Ansi, Neil McGregor voit dans les paysans des Le Nain l’illustration d’un dĂ©veloppement historique ». Pour lui, les acheteurs de ces tableaux sont des membres de la bourgeoisie qui achĂštent alors des terres autour de leurs villes natales et les mettent en valeur eux-mĂȘmes ou les confie Ă  un fermier. Ils auraient plaisir Ă  avoir des portraits de leurs paysans, envers lesquels ils seraient animĂ©s d’une bienveillance patriarcale. La dignitĂ© des attitudes et la noblesse des traits des personnages nous Ă©loignent du dĂ©dain et du rire de Van Ostade. Toutefois, il est difficile de croire Ă  un tĂ©moignage naturaliste sur la condition paysanne. Pierre Goubert et JoĂ«l Cornette, aprĂšs d’autres, ont remarquĂ© les Ă©chos eucharistiques du Repas de paysans, qui reprĂ©sente sans doute une visite de charitĂ©, telles qu’elles Ă©taient organisĂ©es vers 1640 par des institutions comme la compagnie du Saint-Sacrement. On peut alors songer Ă  certains bodegones de VĂ©lasquez, mĂȘme s’ils ne procĂšdent pas de la mĂȘme filiation picturale. Ce genre nĂ© Ă  SĂ©ville et Ă  TolĂšde, qui mĂȘle la nature morte et la scĂšne de genre est un des rares genres profanes de la peinture espagnole. On y voit des gens du peuple se livrer Ă  des activitĂ©s trĂšs quotidiennes notamment autour de la prĂ©paration et de la consommation du repas. Pourtant, il n’est pas si profane que cela. La mĂ©ditation religieuse est quelquefois explicite comme dans Le Christ chez Marthe et Marie 1618, Londres, National Gallery, oĂč l’on voit une jeune femme cuisiner, tandis qu’une vieille femme semble lui montrer une image au statut assez compliquĂ© est-ce une scĂšne vue Ă  travers une fenĂȘtre, est-ce un tableau ? reprĂ©sentant la scĂšne Ă©vangĂ©lique qui donne son nom au tableau. L’interprĂ©tation complĂšte est difficile, mais il s’agit sans doute d’une mĂ©ditation sur la vie active et la vie contemplative, Ă  laquelle se joint peut-ĂȘtre la remarque de ThĂ©rĂšse d’Avila, selon laquelle le chemin du Christ passe par les ustensiles de cuisine
 Le portrait d’hommes et de femmes humbles convient particuliĂšrement aux vertus Ă©vangĂ©liques de pauvretĂ© et de simplicitĂ©. 41Cela n’enlĂšve rien au caractĂšre trĂšs convaincant de la reprĂ©sentation, mais le peintre, qui construit savamment ces scĂšnes dans son atelier, ne cherche pas Ă  faire un reportage sur une famille paysanne. Il cherche certainement la vraisemblance, mais ce respect du rĂ©el est empreint d’une religiositĂ© profonde, et conditionnĂ© par la plus ou moins subtile mĂ©ditation qu’il veut offrir Ă  l’amateur. Les stĂ©rĂ©otypes sociaux dans la littĂ©rature espagnole du SiĂšcle d’or 11 FernĂĄndez Alvarez M., La Sociedad española en el Siglo de Oro, Madrid, 1983. 42La littĂ©rature du SiĂšcle d’or espagnol reflĂšte, souvent avec des caractĂšres sombres, toute une sĂ©rie de stĂ©rĂ©otypes sociaux. L’échantillon le plus complet d’un monde oĂč pullulent les dĂ©shĂ©ritĂ©s mendiants et pauvres honteux, soldats en guenilles, Ă©tudiants dissolus, hidalgos de haute lignĂ©e Ă  la maigre fortune, prostituĂ©es
 et dans lequel se distingue la figure du picaro, personnage qui donna lieu Ă  l’un des genres littĂ©raires les plus en vogue dans l’Espagne du xviie siĂšcle11. L’intention satirique des auteurs de ce genre les conduisit Ă  confronter la vie du picaro Ă  celle des puissants maĂźtres qu’ils servaient seigneurs et ecclĂ©siastiques de toutes conditions principalement dont les dĂ©fauts et l’hypocrisie sont mis en relief par ces antihĂ©ros. Le picaro devient ainsi le personnage antagonique du chevalier vertueux et honorable que le roman de chevalerie avait consacrĂ©. Personnage de basse extraction sociale, abandonnĂ© par la fortune, et qui survit dans le monde de la pĂšgre grĂące Ă  son habiletĂ© dans la tromperie et l’escroquerie. Etranger Ă  tout code de conduite honorable, il atteint ses objectifs grĂące Ă  sa ruse mais sans recourir Ă  la violence. Il aspire par-dessus tout Ă  amĂ©liorer sa condition sociale, bien qu’il Ă©choue constamment dans ses tentatives, reflĂ©tant ainsi l’impermĂ©abilitĂ© sociale qui caractĂ©risa l’Espagne du moment. 12 Maravall J. A., La literatura picaresca desde la historia social, Madrid, 1986. 43Bien que la figure du picaro soit dĂ©jĂ  prĂ©sente avec la plupart des traits qui le dĂ©finissent dans le Lazarillo de Tormes 1554, son plus haut niveau littĂ©raire est obtenu par Mateo AlemĂĄn avec son GuzmĂĄn de Alfarache 1599. Au xviie siĂšcle, QuĂ©vĂ©do consacre cette figure satirique dans sa Vida del BuscĂłn llamado don Pablos 1603 ?, et il existe toute une plĂ©iade de romans durant la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle avec une perspective burlesque de mĂȘme nature, dans lesquels on voit dĂ©filer des personnages, masculins et fĂ©minins, qui rĂ©pondent Ă  ces caractĂ©ristiques, comme El GuitĂłn Onofre Gregorio GonzĂĄlez, 1604, La pĂ­cara Justina Francisco LĂłpez de Ubeda, 1605, La Ingeniosa Elena, fille supposĂ©e de La CĂ©lestine Alonso JerĂłnimo de Salas Barbadillo, 1612 et 1614, le Lazarillo del Manzanares Juan CortĂ©s de Tolosa, 1620, Gregorio Guadaña Antonio EnrĂ­quez GĂłmez, 1644 ou Estebanillo GonzĂĄlez Gabriel de Vega, 1646. Quelques autres personnages de romans qui ne cadrent pas complĂštement avec ce genre littĂ©raire partagent Ă©galement nombre de ses caractĂ©ristiques, comme en tĂ©moignent Rinconete y Cortadillo de CervantĂšs 1613, ou El Diablo Cojuelo de LuĂ­s VĂ©lez de Guevara 1641. Si le picaro est un personnage qui s’épanouit principalement en milieu urbain, le chevalier le fait en milieu rural ; c’est ainsi que le reprĂ©sente Alonso JerĂłnimo Salas Barbadillo dans son Caballero perfecto 1620 et dans son antithĂšse El Caballero puntual 161612. 13 Maravall J. A., Teatro y literatura en la Sociedad Barroca, Barcelona, 1990. 44Face au caractĂšre satirique et critique du roman picaresque, le théùtre, d’aprĂšs Maravall, tenta de maintenir en vigueur un systĂšme de pouvoir préétabli et, par consĂ©quent, la stratification et la hiĂ©rarchie des groupes sociaux13. À travers le théùtre de Lope de Vega, CalderĂłn de la Barca, ou de Tirso de Molina, les espagnols assumĂšrent un systĂšme de conventions » qui soutenait un ordre social dans lequel les autoritĂ©s politique et religieuse Roi et Inquisition garantissaient sa validitĂ©. Ainsi, dans une Ă©poque de crise, comme celle que connut l’Espagne au cours du xviie siĂšcle, le théùtre fut l’un des piliers sur lesquels reposa la campagne de renforcement de la sociĂ©tĂ© seigneuriale. Les conflits sociaux seront la thĂ©matique fondamentale des piĂšces de théùtre, le dĂ©sir d’ascension sociale Ă©tant prĂ©sentĂ© de façon rĂ©currente, bien que les personnages vertueux coĂŻncident toujours avec ceux qui acceptent de bonne grĂące leur statut. Le théùtre privilĂ©gia une sĂ©rie de valeurs traditionnelles comme l’honneur, la puretĂ© de sang, la foi, la richesse – spĂ©cialement celle du laboureur – l’amour pur
 en faisant ressortir Ă©galement la diffĂ©renciation bipolaire de la sociĂ©tĂ© entre riches et pauvres, nobles et vilains, seigneurs et serviteurs, oisifs et travailleurs, et parvenant Ă  identifier richesse avec noblesse. L’arbitrisme 14 NDT Le substantif arbitrismo » n’est pas inclus dans le Diccionario de la Real Academia. Seuls ... 15 Vilar J., Literatura y EconomĂ­a. La figura satĂ­rica del arbitrista en el Siglo de Oro, Madrid, 197 ... 45En Espagne, la sociĂ©tĂ© fut Ă©galement l’objet d’une rĂ©flexion par un courant de pensĂ©e que l’on nomme l’arbitrismo » l’arbitrisme14. Est considĂ©rĂ© arbitrista » l’individu qui propose des plans et des projets arbitrios, insensĂ©s ou rĂ©alisables, pour soulager les Finances Publiques ou remĂ©dier Ă  des maux politiques. Le caractĂšre majoritairement pĂ©joratif du terme est issu de son origine littĂ©raire, car c’est dans ce sens que CervantĂšs l’utilise pour la premiĂšre fois dans son Coloquio de los perros 1613. QuĂ©vĂ©do s’exprima Ă©galement avec une fĂ©rocitĂ© particuliĂšre dans son ouvrage La hora de todos o la fortuna con seso 163515. 16 NDT terme employĂ© ici pour dĂ©clin ou dĂ©cadence. 17 GarcĂ­a CĂĄrcel R., Las culturas del Siglo de Oro, Madrid, 1998. 46Dans l’historiographie actuelle, on entend par arbitrismo » ce courant de pensĂ©e politique et Ă©conomique qui, Ă©mergeant au temps de Philippe II, trouve son groupe le plus fourni de reprĂ©sentants dans la Castille des deux premiers tiers du xviie siĂšcle. La majeure partie de ces Ă©rudits se virent encouragĂ©s Ă  adresser leurs arbitrios » solutions aux principales autoritĂ©s, y compris au Roi, par leur profonde conviction de la dĂ©cadence du Royaume, dont la cause, selon eux, rĂ©sidait dans un ou plusieurs problĂšmes sociaux, Ă©conomiques et financiers qui caractĂ©risĂšrent l’Espagne du SiĂšcle d’or. Parmi ceux-ci on distingue l’augmentation des prix fruit de l’abondance d’or et d’argent en provenance d’AmĂ©rique, la diminution corrĂ©lative de la compĂ©titivitĂ© des produits espagnols et l’introduction correspondante de marchandises Ă©trangĂšres qui provoquaient la ruine de l’industrie nationale, la dĂ©cadence du commerce et l’abandon de l’agriculture et de l’élevage. Les arbitristas » dĂ©noncĂšrent Ă©galement l’appauvrissement progressif de l’État, dont la dĂ©pense publique croissante dĂ©coulant de l’entretien d’une armĂ©e plĂ©thorique, dispersĂ©e sur un vaste territoire Ă©tait compensĂ©e par l’augmentation des impĂŽts, gangrĂšne financiĂšre dont le reflet n’est autre que la ruine de la nation et le dĂ©peuplement. Tout cela, d’aprĂšs de nombreux arbitristas », provoquait l’abandon des activitĂ©s de production et d’investissement de la part des Espagnols, tandis que les Ă©trangers devenaient les maĂźtres des ressorts Ă©conomiques du pays. De la mĂȘme façon, ils imputaient Ă  l’excessive circulation monĂ©taire le goĂ»t du luxe et de l’oisivetĂ© dans les classes possĂ©dantes, et la nĂ©gligence qui s’ensuivait pour les activitĂ©s productives. La consĂ©quence de tout cela fut la declinaciĂłn16 » de la Nation, terme qui rĂ©sumait parfaitement leur impression de vivre un moment de crise Ă©conomique et sociale17. 47Bien que les termes arbitrio » et arbitrista » aient Ă©tĂ© employĂ©s dans la littĂ©rature du SiĂšcle d’or dans un sens clairement pĂ©joratif, les avis de ces individus Ă©tant jugĂ©s insensĂ©s, il est certain que parmi ceux qui Ă©mirent leur opinion, il y eut de nombreux personnages lucides, intelligents et des professionnels de toutes sortes d’activitĂ©s, qui surent observer avec acuitĂ© les problĂšmes Ă©conomiques et sociaux de l’Espagne d’alors et prĂ©voir des solutions. Parmi les plus importantes figures de cette Ă©cole de pensĂ©e il y eut le comptable du TrĂ©sor Luis Ortiz, auteur du Memorial al Rey para que no salgan dineros de España 1558 ; l’avocat de la Chancellerie Royale de Valladolid, MartĂ­n GonzĂĄlez de Cellorigo, continuateur de ce que l’on appela l’Ecole de Salamanque » et auteur du Memorial de la polĂ­tica necesaria y Ăștil restauraciĂłn a la repĂșblica de España 1600 ; le mĂ©decin CristĂłbal PĂ©rez de Herrera, rĂ©dacteur d’un mĂ©moire dans lequel Ă©taient abordĂ©es
 de nombreuses choses touchant au bien, Ă  la propriĂ©tĂ©, Ă  la richesse, Ă  la futilitĂ© de ce royaume et au rĂ©tablissement des gens » 1610 ; le professeur en Écritures SacrĂ©es, Sancho de Moncada, dont les Discursos 1619 seraient rééditĂ©s en 1746 sous le titre RestauraciĂłn polĂ­tica de España ; le chanoine et consultant du Saint-Office, Pedro FernĂĄndez de Navarrete, qui Ă©crivit le livre intitulĂ© ConservaciĂłn de MonarquĂ­as 1626 ; Miguel Caxa de Leruela, du Conseil de Castille et Visiteur GĂ©nĂ©ral du Royaume de Naples, dont l’Ɠuvre la plus connue s’intitulait RestauraciĂłn de la abundancia de España 1631 ; ou le procurateur des galĂ©riens Francisco MartĂ­nez de Mata, auteur de cĂ©lĂšbres Memoriales et Discursos 1650-1660.

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Dans la rue, les gens s'Ă©vitent, comme une danse, ou une concession, laissant de la place... $ Disponible Everyday Africa .DERNIER EXEMPLAIRE !. PrĂ©sentation de Kehrer [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Everyday Africa 30 Photographers Re-Picturing a Continent combat les clichĂ©s qui prĂ©sentent l'Afrique comme un lieu uniquement de pauvretĂ©, de maladies, et de guerres. PrĂ©sentant une sĂ©lection des meilleures images de ce projet trĂšs populaire sur les rĂ©seaux sociaux, le... $ Disponible A1 - The Great North Road *signĂ© / non... .Exemplaires du second tirage de 2021 de la réédition Mack, 2020 de ce livre. PrĂ©sentation par Mack [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " A1 - The Great North Road a Ă©tĂ© le premier livre de Paul Graham, auto-publiĂ© en 1983 [via Grey Editions]. Bien que la scĂšne de la photographie britannique de l'Ă©poque ait Ă©tĂ© trĂšs dynamique, il ne fĂ»t publiĂ© que... $ Disponible RĂ©sultats 65 - 96 sur 926. Selonla dĂ©finition qu'en donne Le Petit Larousse, il s'agit de «quelqu'un qui vit en marge de la sociĂ©tĂ© organisĂ©e, faute de pouvoir s'y intĂ©grer ou par refus de se soumettre Ă  ses normes». Si on accepte ce principe, bien des individus dĂ©rogent aux normes Ă©tablies: ceux qui n'ont pas Internet, pas de tĂ©lĂ©phone cellulaire ou pas de

Pour emprunter les mots de l’économiste Milton Friedman, figure influente des milieux conservateurs et libertariens amĂ©ricains, une crise, qu’elle soit actuelle ou perçue, a le potentiel de produire une rĂ©elle transformation sociale; lorsqu’elle survient, les actions entreprises dĂ©pendent notamment des idĂ©es qui traĂźnent dans l’inconscient social1. Suivant ce prĂ©sage, ou cet avertissement, quelle transformation sociale peut-on espĂ©rer ? Une telle entreprise de dĂ©placement du sens commun a de meilleures chances d’opĂ©rer progressivement si nous reprenons contact avec le potentiel Ă©mancipatoire des arts. Il s’agit peut-ĂȘtre lĂ  d’un enjeu important du travail des artistes expĂ©rimenter des alternatives aux modes de vie existants, les maintenir vivants et disponibles jusqu’à ce que le politiquement impossible devienne inĂ©vitable. L’art comme vecteur du progrĂšs est un programme ambitieux, certainement pas nouveau; or je crois qu’il est toujours possible grĂące Ă  l’entretien d’amitiĂ©s, Ă  l’intĂ©gration d’une pensĂ©e et d’une pratique contre-hĂ©gĂ©monique, ainsi qu’en rĂ©imaginant nos futurs collectifs. Actio in distans Au moment oĂč les sociĂ©tĂ©s doivent nĂ©gocier les modalitĂ©s d’une distanciation sanitaire des corps, nous pourrions voir les arts en tant que territoires des amitiĂ©s inclusives. En introduction de l’essai RĂšgles pour le parc humain 2000, rĂ©ponse Ă  la Lettre sur l’humanisme de Heidegger, le philosophe Peter Sloterdijk souligne comment l’édification d’une pensĂ©e humaniste s’est appuyĂ©e sur l’entretien d’amitiĂ©s Ă  travers le temps. Que ceux qui expĂ©dient des messages ne soient pas en mesure de prĂ©voir qui en seront les rĂ©els destinataires fait partie des rĂšgles du jeu de la culture Ă©crite. Les auteurs s’embarquent dans l’aventure, pourtant, et mettent en circulation leurs lettres Ă  des amis non identifiĂ©s2. » Il en va de mĂȘme pour les arts visuels oĂč les Ɠuvres sont bien souvent destinĂ©es Ă  un public dont l’identitĂ© est symptomatiquement inconnue des artistes. En suivant la pensĂ©e de Sloterdijk, nous comprendrons que la crĂ©ation permet sans doute de rejoindre, en addition de nos contemporains, toute une communautĂ© de filiation qui n’existe pas encore. Du point de vue Ă©rotologique, cette amitiĂ© hypothĂ©tique entre ceux qui rĂ©digent des livres ou des lettres et ceux qui les reçoivent reprĂ©sente un cas d’amour Ă  distance – tout Ă  fait dans l’esprit de Nietzsche –, pour qui l’écriture a le pouvoir de transformer l’amour du prochain – et du proche – en amour pour une vie inconnue, lointaine et future3. » Sloterdijk ajouterait que la crĂ©ation jette non seulement un pont entre des amitiĂ©s dĂ©jĂ  Ă©tablies bien que gĂ©ographiquement Ă©loignĂ©es, mais [qu’]elle lance [aussi] une opĂ©ration vers l’inconnu, actionne la sĂ©duction sur le lointain, ce que dans le langage de la magie de la vieille Europe on appelle actio in distans visant Ă  reconnaĂźtre l’ami inconnu et Ă  l’inviter Ă  se joindre au cercle4. » Les artistes sont rarement en mesure de comprendre l’étendue des signaux amicaux qui sont communiquĂ©s Ă  travers leurs Ɠuvres et donc de saisir l’importance que ces derniĂšres ont dans la vie des publics qui les reçoivent. Les Ɠuvres agissent comme des intermĂ©diaires, empruntant une certaine polysĂ©mie du langage pour avoir action dans le monde physique; une action alchimique sans doute. Encore s’agit-il de sĂ©curiser les conditions matĂ©rielles Ă  la crĂ©ation, d’entretenir l’espace d’attention nĂ©cessaire Ă  sa rĂ©ception et surtout d’étendre le cercle des personnes y Ă©tant invitĂ©es. Il s’agit peut-ĂȘtre lĂ  d’un enjeu important du travail des artistes expĂ©rimenter des alternatives aux modes de vie existants, les maintenir vivants etdisponibles jusqu’à ce que le politiquement impossible devienne inĂ©vitable. LibertĂ© synthĂ©tique Sous quels critĂšres l’utilitĂ© » des artistes est-elle dĂ©terminĂ©e ? Comment leur travail pourrait-il ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ© adĂ©quatement ? Il est rĂ©vĂ©lateur de voir comment, avec l’épidĂ©mie de COVID-19, le terme de travailleur essentiel s’est imposĂ© dans le langage populaire. À juste titre, l’attention est d’abord portĂ©e au personnel soignant. Or, au moment oĂč l’on tente d’étendre Ă  qui s’appliquerait le qualificatif essentiel », on retombe vite dans les dictats de l’économie. Selon la philosophe amĂ©ricaine Nancy Fraser notre crise gĂ©nĂ©rale est une crise d’hĂ©gĂ©monie. [
] Les idĂ©es indispensables pour ce constat viennent d’Antonio Gramsci. L’hĂ©gĂ©monie est le terme qu’il emploie pour dĂ©signer le processus par lequel une classe dirigeante fait apparaĂźtre sa domination comme naturelle en installant les prĂ©supposĂ©s de sa propre vision du monde en tant que sens commun de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble5. » Suivant la pensĂ©e de Gramsci, l’hĂ©gĂ©monie nĂ©olibĂ©rale est constituĂ©e autour de deux composantes normatives essentielles la distribution et la reconnaissance recognition6. Dans le premier cas, la distribution reprĂ©sente la circulation du capital au sein d’une sociĂ©tĂ©, ce qui revient Ă  identifier qui peut lĂ©gitimement recevoir un salaire, pour quel travail et en quelle mesure. Le principe de reconnaissance traite quant Ă  lui de la distribution symbolique du respect ou de l’estime. Notons que des politiques progressistes de reconnaissance ou de reprĂ©sentativitĂ© peuvent servir Ă  cacher l’absence de politiques de distribution qui seraient rĂ©ellement bĂ©nĂ©fiques aux communautĂ©s concernĂ©es S’appuyant sur les forces progressistes de la sociĂ©tĂ© civile, les nĂ©olibĂ©raux ont diffusĂ© une philosophie de reconnaissance qui Ă©tait superficiellement Ă©galitaire et Ă©mancipatrice. Au cƓur de cette Ă©thique se trouvaient des idĂ©aux de diversitĂ©, d’empowerment des femmes, de droits LGBTQ+, de post-racisme, de multiculturalisme et d’environnementalisme. L’égalitĂ© signifiait la mĂ©ritocratie7. » Une lecture succincte des fondements de l’hĂ©gĂ©monie nĂ©olibĂ©rale permet de mieux saisir les questionnements internes qui traversent actuellement le milieu culturel. DĂ©fendre uniquement la culture en pointant les retombĂ©es Ă©conomiques qu’elle gĂ©nĂšre revient Ă  concĂ©der que sa valeur n’a d’égale que son habilitĂ© Ă  reconduire l’hĂ©gĂ©monie qui, pourtant, la mine. ConcrĂštement, la prĂ©caritĂ© financiĂšre des artistes, la disparition des ateliers ou l’accĂšs restreint au financement public poussent Ă  entretenir une vision compĂ©titrice de la crĂ©ation. En apparence, un systĂšme de mĂ©rite partage les artistes qui pourront poursuivre leur travail de celles et ceux qui seront refoulĂ©s aux marges. La socialisation devient du networking; la crĂ©ation une forme sophistiquĂ©e de branding. Lorsque Sloterdijk relate l’histoire de l’Occident de l’aprĂšs-guerre et l’érosion subsĂ©quente des modes de transmission de la pensĂ©e humaniste, voire de la dĂ©sirabilitĂ© de cette derniĂšre, le philosophe fait valoir la nĂ©cessitĂ© d’un projet d’auto-Ă©ducation, indiquant qu’il faudrait s’inquiĂ©ter de l’absence d’un tel projet au XXIe siĂšcle. N’est-ce pas lĂ  une considĂ©ration particuliĂšrement pressante en temps de crise ? Comment envisager de nouvelles perspectives pour la modernitĂ©, axĂ©es autour des idĂ©aux de l’écologisme, du progrĂšs, de la raison, de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie ? Qui seront les porteurs de ces idĂ©aux ? Je propose de reconnaĂźtre l’impasse qui se poursuivra si nous acceptons de taire l’infiltration de la pensĂ©e nĂ©olibĂ©rale dans la dĂ©finition et le sous-financement de la culture. PlutĂŽt que de nous contenter d’une Ă©conomie de survie, rĂ©clamons-nous des mouvements populistes et progressifs de redistribution. Nous parlerons ici de participer Ă  la construction et Ă  la circulation d’un rĂ©el projet contre-hĂ©gĂ©monique; et non plus Ă  l’amĂ©nagement de bulles de rĂ©sistance ou d’émancipation, aussi fragiles et cosmĂ©tiques puissent-elles se rĂ©vĂ©ler. Dans l’essai Inventing the Future, Postcapitalism and a World Without Work 2015, Nick Srnicek et Alex Williams rappelleront que la libertĂ© est une entreprise synthĂ©tique, non pas un cadeau naturel8 ». Les auteurs expriment ici un malaise, c’est-Ă -dire que la libertĂ© individuelle demeure un concept limitĂ© Ă  son cadre matĂ©riel. Soyons rĂ©alistes de reconnaĂźtre que sous le capitalisme nĂ©olibĂ©ral, la rĂ©elle Ă©mancipation ne s’est rĂ©alisĂ©e que pour une classe sociale de plus en plus restreinte. La poursuite d’un projet contre-hĂ©gĂ©monique vise notamment Ă  maximiser les libertĂ©s synthĂ©tiques pour toutes et tous, Ă  tendre vers le dĂ©ploiement de notre horizon collectif. Dans cette perspective, nous aurions Ă  repenser complĂštementnotre rapport au temps libre, au travail et au salariat. Ken Lum, Melly Shum Hates Her Job 1989Plexiglass, impression chromogĂšne et vinyle. Courtoisie de royale projects Encore aujourd’hui, le travail des artistes inclut principalement des actions pour lesquelles aucun salaire n’est considĂ©rĂ© comme justifiĂ©. Ce travail invisible comprend des formes de recherche, d’éducation, de soin, de travail domestique, Ă©motionnel ou de reproduction de la sociĂ©tĂ©. Non exclusives aux activitĂ©s des artistes, ces formes de travail non reconnues par un revenu touchent de maniĂšre disproportionnĂ©e les femmes et les groupes minoritaires. À ce titre, l’implantation de mesures Ă©conomiques progressistes telles que le revenu minimum universel ou le salaire Ă  vie9 », pour ne nommer que celles-ci, offre des avenues Ă  considĂ©rer pour Ă©tendre la dĂ©finition du travail socialement nĂ©cessaire. Bien entendu, toute sociĂ©tĂ© contemporaine doit laisser place Ă  une Ă©thique du travail en valorisant le devoir de faire Ɠuvre utile pour autrui et non pas que pour soi-mĂȘme. Comme le souligne l’économiste Philippe Van Parijs lors d’un entretien avec l’artiste Hannah Black, le revenu minimum universel ne se dĂ©barrasserait pas d’un devoir d’utilitĂ© sociale. Au contraire, puisqu’il Ă©largit l’éventail des activitĂ©s socialement utiles, rĂ©munĂ©rĂ©es ou non, ouvertes Ă  ceux qui en ont le moins; il renforce la lĂ©gitimitĂ© d’un tel devoir moral10. » Les fruits du besoin et du dĂ©sir Il faut savoir reconnaĂźtre les signes qui ne trompent pas la crise actuelle est une caractĂ©ristique interne et inĂ©vitable du capitalisme tardif. Comment, nous, les artistes, les commissaires, les historiens, les mĂ©diateurs et les travailleurs de la culture pourrons-nous nous positionner, au-delĂ  du langage visuel qui nous lie, en tant qu’alliĂ©es et alliĂ©s, guides et visionnaires pour un imaginaire post-capitaliste ? Ce n’est pas tant que l’art contemporain soit apolitique, bien au contraire. Les artistes jouent dĂ©jĂ  un rĂŽle essentiel dans l’analyse critique de leur Ă©poque. Il s’agit plutĂŽt ici d’une lettre que je transmets aux amies et aux amis pour que nous continuions Ă  paver les voies du futur. Notre utilitĂ© sera sans doute rĂ©vĂ©lĂ©e par l’actualisation d’un imaginaire utopique permettant de repenser nos structures sociales, Ă©conomiques et technologiques. En annexe d’une réédition du cĂ©lĂšbre texte Utopia de Thomas More, publiĂ© pour la premiĂšre fois en 1516, China MiĂ©ville rappelle que l’utopisme n’est pas motivĂ© par l’espoir, encore moins par l’optimisme, l’utopisme Ă©merge du besoin et du dĂ©sir11. Amies et amis, rĂ©clamons notre temporalitĂ© naturelle le futur. L’utopie que nous mettrons en mots, en images et en formes puisera son Ă©nergie dans le dĂ©placement du sens commun. Soyons sensibles, soyons habiles Ă  capter et Ă  amplifier le dĂ©sir de transformation du monde. Mais ne nous faisons pas d’idĂ©es, un tel projet rencontrera de l’indiffĂ©rence, de la friction, voire de l’hostilitĂ©. Peut-ĂȘtre s’agit-il lĂ  d’un indice de l’utilitĂ© des artistes et de leurs Ɠuvres pour le futur, celui d’entretenir une certaine indĂ©sirabilitĂ©. Je terminerai en soulevant ces quelques mots que Deleuze nous a offerts lors de la confĂ©rence L’art et les sociĂ©tĂ©s de contrĂŽle Quel est ce rapport mystĂ©rieux entre une Ɠuvre d’art et un acte de rĂ©sistance ? Alors que les hommes qui rĂ©sistent n’ont ni le temps, ni parfois la culture nĂ©cessaire pour avoir le moindre rapport avec l’art. [
] Tout acte de rĂ©sistance n’est pas une Ɠuvre d’art, quoique d’une certaine maniĂšre il en soit. Toute Ɠuvre d’art n’est pas un acte de rĂ©sistance et pourtant d’une certaine maniĂšre, elle l’est12. »

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Aumoment de la naissance de l’artiste par la valorisation de l’étude et du savoir, on rĂ©pugne Ă  admettre dans la sociĂ©tĂ© des poĂštes un artisan, que la pratique et l’appĂ©tit du gain nĂ©cessaire Ă  sa subsistance « rend comme esclave, et ne lui inspirent que des sentiments de bassesse et de subjection incompatible avec ceux d’un gentilhomme2 ».
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