LâARTISTE DANS LA SOCIĂTĂ Parmi les nombreuses dĂ©finitions de lâartiste, je retiens celle de lâUnesco selon laquelle on entend par artiste toute personne qui crĂ©e ou participe par son interprĂ©tation Ă la crĂ©ation ou Ă la recrĂ©ation d'Ćuvres d'art, qui considĂšre sa crĂ©ation artistique comme un Ă©lĂ©ment essentiel de sa vie, et qui, ainsi, contribue au dĂ©veloppement de l'art et de la culture, qui est reconnue ou cherche Ă ĂȘtre reconnue en tant qu'artiste, qu'elle soit liĂ©e ou non par une relation de travail ou d'association quelconque. Lâartiste est ainsi un individu cultivant ou maĂźtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la crĂ©ativitĂ©, la poĂ©sie, l'originalitĂ© de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses Ćuvres sont source d'Ă©motions, de sentiments, de rĂ©flexion, de spiritualitĂ© ou de transcendances. Je trouve intĂ©ressant Ă ce stade que lâart soit caractĂ©risĂ© par lâĂ©motion, quelle quâelle soit, que suscite lâĆuvre et non pas un simple et subjectif critĂšre de beautĂ©. Lâartiste, Ćuvrant sur lâĂ©motion, a le pouvoir de marquer, dâinterpeller, de transformer la vision de celui qui reçoit son Ćuvre. Lâenvie de travailler sur ce sujet mâest venue alors que je rĂ©digeais une planche musicale symbolique intitulĂ©e Introduction au symbolisme du piano » dans laquelle je traitais de la forte charge symbolique portĂ©e par cet instrument et expliquais pourquoi les musiques rythmant les temps forts des tenues au sein de ma loge â au sein de laquelle jâai occupĂ© le poste de M⎠des Colonnes dâHarmonie - Ă©taient autant articulĂ©es autour du piano. Dans le cadre de ce travail jâai fait lâanalogie entre le marteau qui frappe les cordes avec le maillet, et entre la corde elle-mĂȘme et le ciseau. Un ciseau qui travaille sur la pierre pour construire le temps, par extension sur soimĂȘme pour bĂątir son temple intĂ©rieur, tout comme la corde va, via lâouĂŻe et lâĂ©motion, bĂątir un monument dâarchitecture musicale mais Ă©galement permettre de travailler sur soi, tailler sa pierre artistique, Ă©motionnelle, et partager ce travail le plus largement possible. Cette pensĂ©e, Ă©largie Ă la musique puis Ă lâart en gĂ©nĂ©ral, en a entrainĂ© une autre, basĂ©e sur le fait que si lâartiste agit sur lui-mĂȘme et sur les autres par la pratique de son art, quel peut ĂȘtre, quel doit ĂȘtre son impact, son rĂŽle, sa mission, sa responsabilitĂ©, dans la sociĂ©tĂ© ? Je vois dans lâactualitĂ© de nombreux artistes prendre position sur de nombreux sujets de sociĂ©tĂ©, est-ce lĂ leur rĂŽle, et si oui dans quelle mesure leur art participe Ă lâamĂ©lioration de la sociĂ©tĂ© ? Je livre ici une simple premiĂšre pierre de mon travail qui ouvre sur plusieurs questionnements et demande plusieurs phases de rĂ©flexion et de recherche afin de se complĂ©ter ; je souhaite ainsi juste partager les premiĂšres bases sur lesquelles jâespĂšre construire une Ă©tude plus large et documentĂ©e afin dâĂ©clairer sur la place actuelle et Ă venir de lâartiste. 2 / 6 I. Le statut de lâartiste Ă travers les Ăąges Je me suis intĂ©ressĂ© Ă lâouvrage Vivre de son art histoire du statut de lâartiste, XVe-XXIe siĂšcles » coordonnĂ© par lâhistorienne AgnĂšs Graceffa, qui rĂ©unit une vingtaine de contributions dâhistoriens et de sociologues. Partant dâune dĂ©finition contemporaine de lâartiste, il pose des jalons en vue dâune histoire du statut de lâartiste en France du Moyen-Ăąge Ă nos jours. Ils interrogent concrĂštement les modalitĂ©s et les adaptations inhĂ©rentes Ă la vie dâartiste et leurs variations dans le temps. Lâouvrage sâorganise autour dâun fil chronologique et pointe la diversitĂ© des statuts Ă©conomiques et symboliques suivant les Ă©poques et suivant les arts. Car pour pouvoir sâexprimer, lâartiste doit en premier lieu subvenir Ă ses besoins et donc vivre de son art. Câest ainsi que dĂšs le moyen-Ăąge de nombreux artistes se placent sous lâĂ©gide de protecteurs, tant seigneurs locaux, nobles, couronne royale quâĂ©piscopat. Ce mouvement sâest poursuivi sous la Renaissance et ensuite avec notamment la prestigieuse famille Medicis, riches marchands et banquiers de Florence qui utilisaient leur fortune pour financer les travaux des Humanistes et commander aux artistes des palais, chapelles & fresques. Il est important de se demander dans quelle mesure un Ă©ventuel lien de subordination vis Ă vis de ses grands mĂ©cĂšnes peut ou non orienter le sens dans lequel lâartiste rĂ©alise ses Ćuvres, et quand les frontiĂšres Ă©taient franchies entre crĂ©ation artistique personnelle et spontanĂ©es et rĂ©ponse simple Ă des commandes dâĆuvres obĂ©issant aux seuls souhaits de lâacheteur et faisant appel Ă la maĂźtrise technique de lâartiste, mais sans se prĂ©valoir dâun message personnel de celui-ci. Sans y ĂȘtre soumis, le message de lâartiste se doit malgrĂ© tout dans une certaine mesure dâĂȘtre au moins compatible avec la sensibilitĂ© de son protecteur et cette limitation risque de le cantonner au rĂŽle dâartisan, mĂȘme Ă la technique irrĂ©prochable, que de vĂ©ritable artiste. LâĂ©tude de plusieurs biographies montre que parallĂšlement Ă la rĂ©ponse aux commandes reçues, indispensables Ă les faire vivre, parallĂšlement aux cours de musique dispensĂ©s en large dâune activitĂ© de compositeur, les grands artistes dĂ©veloppaient toujours des crĂ©ations personnelles non soumises Ă lâimpĂ©ratif de vente et donc non soumises Ă lâavis dâune tierce personne dans le processus de conception et de crĂ©ation, ces Ćuvres personnelles ont dans lâensemble eu droit Ă une postĂ©ritĂ© bien plus importante que les simples Ćuvres commandĂ©es. 3 / 6 II. Lâartiste en danger permanent La RĂ©volution proclame la libertĂ© du travail et ouvre un XIXe siĂšcle combattif pour les artistes, acculĂ©s Ă devoir redĂ©finir les contours de leur activitĂ© et les droits affĂ©rents. Leurs luttes ne se soldent pas toujours par des succĂšs. Ainsi, la profession de chorĂ©graphe, reconnue au XVIIIe siĂšcle est-elle dĂ©valorisĂ©e au XIXe. Les musiciens peinent durant tout le siĂšcle Ă sâimposer comme profession. Le statut dâartiste ne semble enfin, quel que soient les arts, jamais stabilisĂ©. Câest particuliĂšrement vrai en pĂ©riodes difficiles crises, guerres et rĂ©volutions posent frontalement aux artistes la question de leur survie. Mais câest finalement le lot quotidien et plus insidieux dâune population soumise Ă de plus en plus de souplesse et de flexibilitĂ© et par consĂ©quent sensible aux moindres alĂ©as Ă©conomiques, gĂ©opolitiques et aujourdâhui climatiques. LâarrivĂ©e de nouvelles technologies et dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale tout changement dans la sociĂ©tĂ©, rebat les cartes et remet en danger les vocations artistiques â par exemple la profession de photographe qui a dâabord considĂ©rablement dĂ©clinĂ© avec lâarrivĂ©e du numĂ©rique avant de profondĂ©ment Ă©voluer. La dĂ©marche artistique pousse de nombreux crĂ©ateurs Ă sâimpliquer dans un engagement fort, Ă prendre position, y compris politique, sur lâĂ©tat et lâĂ©volution de la sociĂ©tĂ©, au risque de se mettre Ă la marge de la sociĂ©tĂ© ou du pouvoir en place et au risque Ă©ventuel de subir les consĂ©quences nĂ©gatives en cas de rĂ©pression sous des rĂ©gimes autoritaires. Lâhistoire regorge de nombre dâexemples de livres brĂ»lĂ©s, de tableaux dĂ©chirĂ©s, de bĂątiments dĂ©truits, dâartistes discriminĂ©s, persĂ©cutĂ©s, emprisonnĂ©s et exĂ©cutĂ©s. Se confronter aux limitations de la libertĂ© artistique et libertĂ© dâexpression, serait-ce la part dâombre, un risque indissociable de lâengagement artistique ? Lâartiste du XXIe siĂšcle reste encore Ă inventer, ainsi se conclut et sâouvre lâouvrage dâAgnĂšs Graceffa qui souligne le paradoxe du statut actuel de lâartiste, qui en fait Ă la fois un propriĂ©taire et un salariĂ© Le statut de lâartiste est, dans notre droit, une fiction juridique ; espĂ©rons que lâartiste ne devienne pas une fiction tout court ! ». Lâenseignement que je tire de cet ouvrage est que pour faire face Ă toute forme de pression, lâartiste agit rarement seul, il Ćuvre le plus souvent en communautĂ©, laquelle peut prendre plusieurs formes associations dâacteurs Ă la fin du XVe siĂšcle, corporations et ateliers de peinture aux XVIe-XVIIIe siĂšcles, communautĂ© de musiciens du XVIIe au XIXe siĂšcles. Câest ainsi que lâartiste est rarement seul le reflet de son Ă©poque. MĂȘme si certaines figures sont emblĂ©matiques dâun mouvement, leur participation sâintĂšgre Ă un mouvement plus gĂ©nĂ©ral de courant artistique, reflet dâune philosophie novatrice. 4 / 6 III. Lâartiste porteur dâun message original LâinsĂ©curitĂ© matĂ©rielle et physique dans laquelle vit lâartiste est une consĂ©quence directe du fait quâil est en danger parce quâil pense, parce quâil a quelque chose Ă dire, parce quâil innove. Ce combat, la lutte pour son existence, est un temps prĂ©cieux qui empiĂšte sur son temps de crĂ©ation et en mĂȘme temps lâalimente en ravivant les flammes de son engagement. Les combats des artistes sont souvent prĂ©curseurs des conflits et problĂ©matiques Ă venir dans la sociĂ©tĂ©. Par exemple le combat pour la place des femmes, avec Clara Schumann pianiste virtuose et extraordinaire compositrice, George Sand et bien dâautres qui ont annoncĂ© les mouvements fĂ©ministes et les avancĂ©es sociales avec la rĂ©duction progressive de certaines inĂ©galitĂ©s et discriminations, un combat toujours dâactualitĂ© et toujours portĂ© par de nombreuses et nombreux artistes qui brisent les codes Ă©tablis. Un autre exemple avec la rĂ©volte dâartistes contre lâesclavage, je pense notamment Ă Marcel Verdier. Son grand tableau Le chĂątiment des quatre piquets dans les colonies », enregistrĂ© pour une exposition au Salon du Louvre de 1843, dĂ©nonce les traitement subis par les esclaves. LâĆuvre est refusĂ©e par le jury, et le dossier conservĂ© aux archives du musĂ©e du Louvre Ă Paris indique la crainte des autoritĂ©s que le tableau ne soulĂšve la haine populaire contre lâesclavage ». Lâartiste se caractĂ©rise ainsi par une grande sensibilitĂ© face au monde qui lâentoure et par la capacitĂ© Ă retranscrire et Ă annoncer ce que la sociĂ©tĂ© ne voit, ne ressent pas encore. Câest ce qui le rend incompris â et lâhomme a toujours une part de crainte face Ă ce quâil ne comprend pas â consĂ©quence directe de sa marginalitĂ©, telle que le dĂ©crit Balzac dans Le CurĂ© de village » en 1841, observant l'ignorance des sociĂ©tĂ©s sur l'origine du gĂ©nie - L'homme de gĂ©nie se rĂ©vĂ©lera toujours en dehors des Ă©coles spĂ©ciales. Dans les sciences dont s'occupent ces Ă©coles, le gĂ©nie n'obĂ©it qu'Ă ses propres lois, il ne se dĂ©veloppe que par des circonstances sur lesquelles l'homme ne peut rien ni l'Ătat, ni la science de l'homme, l'anthropologie, ne les connaissent. Riquet, Perronet, LĂ©onard de Vinci, Cachin, Palladio, Brunelleschi, Michel-Ange, Bramante, Vauban, Vicat tiennent leur gĂ©nie de causes inobservĂ©es et prĂ©paratoires auxquelles nous donnons le nom de hasard, le grand mot des sots. Quelles que soient ses sources dâinspiration, que son langage et son message soient plutĂŽt consensuels pour des artistes soutenus et protĂ©gĂ©s par lâĂ©glise ou les Ă©tats conservateurs, ou dâesthĂ©tiques et de contenus franchement subversifs et polĂ©miques pour des personnalitĂ©s plus en marge, lâartiste se dĂ©finit principalement par lâoriginalitĂ© et la singularitĂ© de son Ćuvre. 5 / 6 IV. Production & dĂ©rives contemporaines Si historiquement une prĂ©sence physique Ă©tait nĂ©cessaire pour jouir de lâart â musicien sur scĂšne, public dans la salle, tableau accrochĂ© au mur â le monde moderne a profondĂ©ment modifiĂ© ce prĂ©requis avec la dĂ©matĂ©rialisation reprographie, enregistrement, internet, rĂ©seaux sociaux, mondialisation ont permis une trĂšs large diffusion des savoirs et des Ćuvres. Il nâest donc dĂ©sormais plus indispensable dâĂȘtre prĂ©sent au concert ou de se rendre physiquement sur le lieu oĂč se trouve la sculpture ou le tableau pour pouvoir en profiter. Mais ce modernisme a Ă©galement induit une financiarisation de la production artistique la mĂȘme Ćuvre, la mĂȘme performance artistique, peut ĂȘtre vendue plusieurs fois. Dans certains cas la dĂ©rive a Ă©tĂ© de plus sâorienter vers lâaspect strictement production que le seul aspect artistique. Jâen veux pour exemple la distinction qui se fait au sein dâun orchestre symphonique qui est dirigĂ© par un chef dâorchestre dont le titre officiel est directeur artistique ou directeur musicalâ, alors que pour la plupart des maisons de disque et structures dâorganisation de concerts, le maĂźtre dâĆuvre dispose du titre de producteur. La distinction se fait encore plus fine dans les mĂ©tiers dâarts entre les interprĂštes, salariĂ© & intermittents, qui interprĂštent selon des directives prĂ©cises, ce qui dans ces cas prĂ©cis limite la portĂ©e crĂ©atrice de leur travail. Ă titre dâexemple, le musicien dâorchestre est il un artiste participant activement Ă la crĂ©ation ou la recrĂ©ation dâune Ćuvre ou est-il un exĂ©cutant hyper qualifiĂ©, un artisan de lâart ? Et quâen est-il des artistes de musique populaire, rock et assimilĂ©s, dont les textes ne sont pas dĂ©nuĂ©s de sens, de profondeur et de valeur, loin de lĂ â jâen veux pour preuve le dernier prix Nobel de littĂ©rature attribuĂ© pour la premiĂšre fois Ă un artiste musicien Bob Dylan â qui dĂ©noncent gĂ©nĂ©ralement les mĂ©faits de la sociĂ©tĂ© de consommation et les dĂ©rives des rĂ©gimes totalitaires dans le monde ? Sont-ils tous artistes au sens noble du terme ou pour certains dâentre eux simples exĂ©cutants dâune partition toute tracĂ©e par un producteur et un panel de directeurs marketing ? Ces dĂ©rives se constatent dans la musique, mais aussi dans lâart contemporain art pictural & sculpture ou encore avec le concept de design qui surfe sur les codes de lâart pour vendre des produits. Ces Ćuvres conceptuelles et volontiers polĂ©miques dont le sens profond interroge, affichent des tarifs prohibitifs fixĂ©s arbitrairement. Ils interrogent sur la finalitĂ© de lâĆuvre, si la dĂ©marche est rĂ©ellement artistique susciter la rĂ©flexion, interroger lâĂ©poque et les modes pour faire bouger la sociĂ©tĂ©, ou juste financiĂšre en usant des nombreux leviers de dĂ©fiscalisation en faveur de lâart qui sâavĂšrent parfois ĂȘtre plus de la dĂ©fiscalisation pure que de lâart. Mais nâest ce pas le propre de lâart de sâinterroger sur lui mĂȘme et donc sur la validitĂ© ou non de son existence, les prix affichĂ©s ne participent tâils pas Ă la dĂ©marche artistique globale ? 6 / 6 En conclusion, je ne souhaite pas me placer pas dans une dĂ©marche dâopposition entre arts dits nobles et productions de masse. De grands artistes comme Andy Warhol ont usĂ©, abusĂ©, de la reprographie comme vecteur de leur dĂ©marche artistique. Des poĂštes contemporains comme Brel ou Gainsbourg se sont soumis aux lois du marchĂ© et de la production musicale. Je nâopĂšre donc pas de distinction sur la forme, mais sur le fond quelle est lâorigine de la dĂ©marche ? Est-elle artistique, une Ă©motion Ă crĂ©er, un message Ă faire passer, une rĂ©action Ă exprimer ou lâĂ©volution dâun courant artistique Ă construire, dĂ©marche qui une fois créée pourra ĂȘtre le plus largement diffusĂ©e par les nouvelles technologies ? Ou la dĂ©marche est elle principalement commerciale et veut-elle diffuser quelque chose de dĂ©jĂ existant sans renouvellement ou sans remise en question, juste pour pousser Ă consommer ? Lâinfluence de lâartiste sur la sociĂ©tĂ© se montre souvent pertinente et en avance sur son temps, lâartiste est un prĂ©curseur, un Ă©claireur, un visionnaire. Mais qui dit influence ne veut pas forcĂ©ment impliquer quâelle est bĂ©nĂ©fique ou exemplaire. De grands artistes avaient, outre leur talent, des aspects sombres profondĂ©ment autodestructeurs, ou mĂȘme destructeurs tout court. On se souvient des problĂšme psychologiques de Van Gogh, des accusations de racisme qui ont poursuivi Salvador Dali, des participations de Wagner Ă des manifestations et cĂ©rĂ©monies nazies, de la pĂ©dophilie supposĂ©e de TchaĂŻkovski, de lâalcoolisme et lâaddiction Ă de nombreuses drogues â ainsi quâune tendance suicidaire prononcĂ©e â de bon nombre dâartistes pop & rock. Dans tous les cas, quelle que soit la couleur de la case du pavĂ© mosaĂŻque sur laquelle lâartiste se trouve, si la dĂ©marche commerciale fonctionne sur le court terme avec une logique commerciale de sortie de produit et de rentabilitĂ© immĂ©diate, lâhistoire montre quâen tous temps la dĂ©marche artistique au sens noble du terme se doit de dĂ©fendre une dĂ©marche inscrite dans le temps long, avec une Ćuvre destinĂ©e Ă vĂ©hiculer un message qui devra perdurer dans le temps, au delĂ de lui mĂȘme, et porter un sens profond et universel. -Par LoĂŻc LAF.Chersfans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site SolutionCodyCross.net. Vous trouverez la rĂ©ponse Ă la question Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ© . Cliquez sur le niveau requis dans la liste de cette page et nous nâouvrirons ici que les rĂ©ponses correctes Ă CodyCross Saisons. TĂ©lĂ©chargez ce jeu sur votre smartphone et Culture CinĂ©ma PrĂ©sente Ă la Mostra, la rĂ©alisatrice, qui a fui Kaboul le 15 aoĂ»t, a demandĂ© lâaide de la communautĂ© internationale. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s La cinĂ©aste afghane Sahraa Karimi a fui Kaboul, le 15 aoĂ»t, le jour oĂč les talibans ont pris le pouvoir dans la capitale. Depuis, de sa voix combative, elle ne cesse de sonner lâalerte dans les mĂ©dias. Son visage, dĂ©couvert sur des vidĂ©os qui ont le fait le tour de la planĂšte, ne sâoublie pas. De grands yeux gris, mĂ©lancoliques, et un casque de cheveux bruns. Sahraa Karimi, nĂ©e en 1983, est aussi la premiĂšre femme Ă diriger, depuis quelques annĂ©es, lâInstitut du film afghan, lâorganisme public pour le financement du cinĂ©ma, situĂ© Ă Kaboul. Nous lâavons rencontrĂ©e, samedi 4 septembre, en marge dâune confĂ©rence de presse organisĂ©e par la Mostra de Venise, sur la situation des artistes en Afghanistan â Ă laquelle assistaient Ă©galement la cinĂ©aste afghane Sahra Mani, ainsi que des membres de la Coalition internationale pour les cinĂ©astes en danger dont font partie Orwa Nyrabia, directeur artistique du Festival international du film documentaire dâAmsterdam, Vanja Kaludjercic, patron du Festival de RotterdamâŠ. Devant un parterre de journalistes et de critiques de cinĂ©ma, Sahraa Karimi a lancĂ© un cri dâalerte Imaginez un pays sans artistes ! Aidez-nous ! Nous pouvons ĂȘtre sauvĂ©s par la communautĂ© internationale. » Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă nos abonnĂ©s Mostra de Venise Competencia oficial » passe le star-systĂšme Ă la broyeuse Le 15 aoĂ»t, la cinĂ©aste a pris la dĂ©cision la plus difficile de [sa] vie » elle a quittĂ© son pays, sâenvolant pour Kiev Ukraine avec quelques membres de sa famille, laissant derriĂšre elle tout son travail. Sahraa Karimi a ensuite rejoint la Slovaquie, un pays oĂč elle a fait ses Ă©tudes de cinĂ©ma et dont elle a acquis la nationalitĂ© en plus de la nationalitĂ© afghane. Les talibans nâont pas changĂ© » Alors que les talibans tentent dâamadouer la communautĂ© internationale, en affichant un visage plus ouvert », la rĂ©alisatrice assure que les talibans nâont pas changĂ© » Ils sont tellement contre lâart, et contre les femmes. La communautĂ© internationale devrait reconnaĂźtre les groupes qui rĂ©sistent actuellement contre les talibans. Car la nouvelle gĂ©nĂ©ration dâAfghans ne peut pas vivre sous le rĂ©gime des talibans. La jeunesse veut mener une vie moderne, Ă©couter de la musique, vivre librement. Ce qui a Ă©tĂ© construit en vingt ans dans notre pays ne peut pas disparaĂźtre du jour au lendemain », dit-elle. Mais, dĂ©jĂ , tout semble fragilisĂ©. Pour ne prendre quâun exemple, les archives cinĂ©matographiques afghanes sont en danger, dit-elle, puisquâelles sont localisĂ©es au palais prĂ©sidentiel de Kaboul, dĂ©sormais sous le contrĂŽle des talibans ». Elle ajoute Les talibans ne mâont pas dĂ©mise de mes fonctions Ă lâInstitut du film afghan. Jâen suis encore la directrice, mais je nâai plus de bureau et nây suis plus matĂ©riellement prĂ©sente. Câest trĂšs Ă©trange⊠» Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă lire ici ? Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il dâautres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant dâappareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est lâautre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe. Lartiste dâaujourdâhui ne peut plus vivre en marge de son temps et de la sociĂ©tĂ©. Par expĂ©rience, lâartiste peintre ne peut pas vivre uniquement au travers dâune seule galerie ou dâun site web sans trafic. Il faut sâinvestir socialement, entretenir des relations publiques. La communication doit dĂ©boucher sur des vernissages
1Ce chapitre se propose dâĂ©clairer le rĂŽle de lâart et des artistes dans les sociĂ©tĂ©s française, espagnole et anglaise du xviie siĂšcle. Le xviie siĂšcle voit dans les pays considĂ©rĂ©s lâaffirmation de lâĂ©crivain et de lâartiste qui doivent leur place sociale nouvelle aux fonctions que leurs Ćuvres remplissent, au service des pouvoirs spirituels et temporels. Lettres et arts partagent au xviie siĂšcle un mĂȘme souci de la rhĂ©torique, câest-Ă -dire du maniement des moyens de faire voir et comprendre Ă autrui, pour la plus grande gloire du souverain, de la religion, ou la dĂ©lectation dâun collectionneur. Lâexistence de modĂšles et de rĂšgles, la plupart issus de lâAntiquitĂ© et sans cesse retravaillĂ©s, Ă©loigne Ă©galement lâartiste du xviie siĂšcle de notre idĂ©al romantique du crĂ©ateur original, voire incompris. 2Aussi convient-il dans un premier temps de tracer un portrait dâensemble de la condition des artistes qui restitue leur place particuliĂšre dans la sociĂ©tĂ©. Il sâagit dâun monde hiĂ©rarchisĂ©, notamment en France au sein des structures acadĂ©miques, bien que ces derniĂšres nâexercent jamais quâun contrĂŽle imparfait sur lâactivitĂ© artistique. Dans un deuxiĂšme temps, on sâattachera Ă comprendre comment le dĂ©veloppement des collections et du marchĂ© de lâart modifie les anciens liens de dĂ©pendance par rapport Ă la commande publique et privĂ©e. On assiste au xviie siĂšcle Ă une transformation de la valeur du produit artistique, parallĂšle Ă lâĂ©mergence de lâindividu social artiste ». Une troisiĂšme partie se propose, Ă la lumiĂšre des conditions de production de lâĆuvre esquissĂ©e jusquâici, de sâinterroger sur la reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ© dans les arts. Quelques exemples permettront de rappeler lâintĂ©rĂȘt mais aussi les problĂšmes posĂ©s par les documents littĂ©raires et artistiques en histoire sociale. IdentitĂ© de lâart et des artistes Ămergence des notions dâart et de littĂ©rature. Promotion sociale de lâartiste 3On voit indĂ©niablement se prĂ©ciser les statuts de lâartiste et de lâĂ©crivain au xviie siĂšcle, avec une chronologie et des incidences diffĂ©rentes dâun pays Ă lâautre. Ce mouvement prend naissance dans la Renaissance italienne, deux siĂšcles plus tĂŽt, Ă travers une institution bientĂŽt officialisĂ©e et protĂ©gĂ©e par les princes, lâacadĂ©mie. La premiĂšre rĂ©union dâhumanistes voulant faire revivre les rĂ©unions de Platon et de ses disciples dans les jardins dâAkadĂ©mos est celle initiĂ©e par Marsile Ficin et Pic de la Mirandole Ă Florence sous le rĂšgne de Laurent le Magnifique. Le mouvement acadĂ©mique va prendre une grande ampleur en Italie au xvie siĂšcle on y compte pas moins de 500 acadĂ©mies vers 1530. Elles se spĂ©cialisent et acquiĂšrent un statut officiel avec devises, rĂ©unions rĂ©guliĂšres, voire enseignement. Dâabord nettement philosophiques et littĂ©raires, en opposition Ă lâenseignement universitaire, des acadĂ©mies de peinture et de sculpture voient le jour, en opposition aux contraintes des corporations, avec le soutien des princes. CĂŽme de MĂ©dicis prĂ©side lâAcademia fiorentina créée en 1540 et lâAccademia del disegno créée en 1563. Par un dĂ©cret de 1571, il libĂšre les artistes de son AcadĂ©mie des obligations corporatives. De la mĂȘme maniĂšre, Ă Rome, la crĂ©ation de lâAcadĂ©mie de Saint-Luc, protĂ©gĂ©e par le cardinal BorromĂ©e, est le signe et le moyen dâune promotion des peintres, puisque, par une abondante production thĂ©orique, elle sâefforce de creuser la distance entre le travail manuel de lâartisan et le travail conceptuel de lâartiste la peinture est dâabord cosa mentale » une production de lâesprit. Comme le poĂšte, lâarchitecte, le peintre ou le sculpteur affirment que leur art est libĂ©ral » et non mĂ©canique ». Voir le plaidoyer prononcĂ© en 1667 par Nicolas Lamoignon pour le recteur de lâAcadĂ©mie, GĂ©rard Von Opstal qui rĂ©clamait le paiement dâouvrages pour lesquels, selon le rĂšglement des mĂ©tiers, il y avait prescription Nâa-t-on pas sujet Ă dire que les peintres sont inspirĂ©s par quelque divinitĂ© aussi bien que les poĂštes ? Et que pour donner la vie Ă des choses inanimĂ©es, il faut ĂȘtre en quelque sorte au-dessus de lâhomme ? » La promotion des uns induit une dĂ©valorisation des mĂ©tiers demeurĂ©s au sein des corporations et des querelles infinies entre anciennes et nouvelles institutions. Les acadĂ©mies, qui contrĂŽlent les artistes, leur assurent en Ă©change libertĂ© et supĂ©rioritĂ© par rapport aux autres artisans. Christian Jouhaud a montrĂ© que les auteurs trouvent paradoxalement une autonomie croissante Ă lâintĂ©rieur dâune dĂ©pendance de plus en plus forte par rapport au pouvoir 1 Dotoli G., LittĂ©rature populaire et groupe dominant. Ăvasion et contre-Ă©vasion chez Adam Billaut ... 2 La Roque de la LontiĂšre G. A., TraitĂ© de la noblesse, Paris, E. Michalet, 1678, p. 413, citĂ© ibide ... 4Les artistes en viennent donc Ă occuper ou Ă ambitionner une place sociale particuliĂšre en raison du lien quâils entretiennent avec le pouvoir, mĂȘme si, comme nous le verrons, tous nâappartiennent pas Ă une structure officielle de type acadĂ©mique et mĂȘme si les artistes de cour constituent une minoritĂ© enviĂ©e. Hommes de lettres et praticiens des arts libĂ©raux sont animĂ©s, certes Ă des degrĂ©s divers, dâune volontĂ© de distinction sociale. Si la pratique dâun art anoblit, elle pose le problĂšme de la distribution sociale des talents. Un homme du peuple peut-il ĂȘtre poĂšte ? Une origine ignoble ne sâoppose-t-elle pas Ă la pratique dâun art ? La carriĂšre dâAdam Billaut, poĂšte menuisier, analysĂ©e par Giovanni Dotoli permet au moins de poser la question. Une des plus rares choses du siĂšcle », selon lâabbĂ© de Marolles qui lâa dĂ©couvert, ce fils de paysans pauvres, menuisier Ă Nevers, a formĂ© sa muse au catĂ©chisme paroissial, Ă la lecture des livres de colporteurs et des almanachs populaires. En 1636 il rencontre Ă Nevers lâabbĂ© de Marolles, ancien prĂ©cepteur et bibliothĂ©caire de la duchesse Marie de Gonzague. Cette rencontre est dĂ©cisive en 1638 il est Ă Paris, il obtient une pension de Richelieu et du chancelier SĂ©guier, qui ne sera cependant jamais versĂ©e. Il se met Ă lâĂ©cole des libertins et connaĂźt un succĂšs Ă©phĂ©mĂšre dans la capitale. DĂšs son deuxiĂšme sĂ©jour Ă Paris 1640, il est en butte aux sarcasmes de ses collĂšgues. ScudĂ©ry, dans lâApprobation du Parnasse qui prĂ©cĂšde son premier recueil, les Chevilles 1644, sâinterroge ainsi Quel Dieu tâa rendu son oracle ?/[âŠ] Dois-tu passer dans lâunivers/Pour un monstre ou pour un miracle/O prodige entre les esprits/Qui sait tout et nâa rien appris1. » Bien vite, on va trancher pour le monstre plutĂŽt que pour le prodige. Au moment de la naissance de lâartiste par la valorisation de lâĂ©tude et du savoir, on rĂ©pugne Ă admettre dans la sociĂ©tĂ© des poĂštes un artisan, que la pratique et lâappĂ©tit du gain nĂ©cessaire Ă sa subsistance rend comme esclave, et ne lui inspirent que des sentiments de bassesse et de subjection incompatible avec ceux dâun gentilhomme2 ». Lâapprobation du Parnasse nâa guĂšre durĂ© ; lâĂ©chec de Billaut tĂ©moigne du souci de distinction sociale des littĂ©rateurs parisiens et de leurs protecteurs. Le poĂšte menuisier menace les efforts de promotion des arts, insĂ©parables dâune dĂ©valorisation des mĂ©tiers. G. Dotoli estime que lâĆuvre de Billaut confirme que lâopposition entre culture populaire et culture savante est absolument insoutenable ». Au contraire, on pourrait utiliser lâĂ©chec du poĂšte menuisier pour montrer une sĂ©paration croissante dans la France du xviie siĂšcle entre culture populaire et culture des Ă©lites, culture de rĂ©fĂ©rence Ă partir de la formation humaniste, [âŠ] culture Ă©loignĂ©e de tout ce qui est concret, du monde des mĂ©tiers, de tout ce qui est dĂ©sormais jugĂ© vulgaire, sale ou ridicule » Rioux et Sirinelli. 5On voit ainsi se dessiner une conscience sociale, mĂȘme si les artistes entretiennent des liens familiaux forts avec le monde des mĂ©tiers urbains. Le pĂšre de Puget est maçon, celui de Girardon fondeur ; Shakespeare est le fils dâun boucher de Stratford-sur-Avon. On trouve, dans les alliances familiales de Charles Le Brun, beaucoup de peintres et de sculpteurs, mais aussi des Ă©crivains, des tapissiers, des charpentiers et des fondeurs. Le peintre et architecte Inigo Jones, qui domine lâart anglais dans la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle, est fils de tailleur et reçoit une formation de peintre, costumier et dĂ©corateur de théùtre. La solidaritĂ© est renforcĂ©e par des mariages, qui permettent les collaborations entre beaux-pĂšres et gendres et entre beaux-frĂšres ; les fratries sont nombreuses Vouet, Boullogne, AnguierâŠ. Une relative mobilitĂ© permet en France Ă des fils dâartistes dâembrasser la carriĂšre juridique et des artistes peuvent descendre de petits officiers les Le Nain. Une volontĂ© de distinction sâobserve dans les gĂ©nĂ©alogies romancĂ©es que se forgent des familles dâartistes Ă succĂšs, comme les Mansart, qui prĂ©tendent descendre dâun mythique chevalier romain, chargĂ© par Hugues Capet dâĂ©difier des monastĂšres. Il se lit aussi dans la rĂ©alisation dâautoportraits, individuels ou familiaux, dans lesquels les artistes se reprĂ©sentent en costumes soignĂ©s, avec des attributs du savoir livres, de la sociabilitĂ© Ă©lĂ©gante ou des arts libĂ©raux musique, mathĂ©matique. 6Il faut souligner que la promotion des artistes reste un phĂ©nomĂšne trĂšs limitĂ© en Espagne, oĂč leur position sociale est peu enviable malgrĂ© la rĂ©flexion sur la noblesse des arts et les procĂ©dures engagĂ©es par exemple pour faire reconnaĂźtre Ă la peinture le statut dâart libĂ©ral, procĂ©dures encouragĂ©es par des hommes de lettres comme Calderon J. Gallego. La plupart des peintres vivent dans une grande pauvretĂ© et une part importante de leurs revenus provient de la dorure et de la mise en couleur des sculptures religieuses, le plus souvent polychromes. Ils ne sâĂ©mancipent que difficilement. De cette situation tĂ©moigne par exemple Le Vendeur de tableaux de JosĂ© Antolinez v. 1670, Munich, Alte Pinakothek oĂč lâon voit un homme en guenille, le marchand tratante, visiter lâatelier du peintre, oĂč rĂšgne le plus grand dĂ©nuement et lui acheter une copie dâune Vierge Ă lâEnfant de Scipion Pulzone. 7Les plus ambitieux des artistes espagnols cherchent donc Ă Madrid une meilleure reconnaissance. De mĂȘme, lâinstallation Ă Paris tĂ©moigne dâune volontĂ© dâascension vers le statut dâartiste. David Maland a calculĂ©, sur un Ă©chantillon de 200 auteurs pour chaque siĂšcle, que 70 % des littĂ©rateurs français meurent en province au xvie siĂšcle, contre 48 % seulement au xviie siĂšcle. La mobilitĂ© caractĂ©rise dans une large mesure les artistes, qui se dĂ©placent pour suivre la commande, dans les arts plastiques, ou le public, dans les arts de la scĂšne. Quelques centres, caractĂ©risĂ©s par la prĂ©sence de la cour, se renforcent Rome, Paris, et, dans une moindre mesure, Madrid. Si les artistes constituent un milieu solidaire, il nâest pas pour autant fermĂ© ; les Ă©trangers, surtout les Italiens et les Flamands, dominent la scĂšne picturale anglaise, et, pour une bonne partie du siĂšcle, espagnole. La piĂštre considĂ©ration portĂ©e aux peintres nationaux est cause, selon le peintre et historien de lâart Jusepe MartĂnez, de lâexil dĂ©finitif dâAntonio Ribera Ă Naples. Nationaux et Ă©trangers contractent ensemble des mariages. Chez les peintres, les sculpteurs et les architectes, le voyage, en particulier le voyage dâItalie, est un Ă©lĂ©ment essentiel de formation. En Angleterre, la rupture dĂ©cisive avec lâart de la fin du Moyen Ăge est le rĂ©sultat du voyage dâInigo Jones en Italie, en 1615, oĂč il accompagnait le comte dâArundel. Cinquante ans plus tard, Christopher Wren visite les Provinces Unies, les Pays-Bas et la France. En France, on date traditionnellement du retour de Rome de Simon Vouet, en 1627, la naissance de lâĂ©cole française. Les peintres espagnols voyagent peu en Italie, en revanche, les Français se retrouvent en nombre Ă Rome, oĂč ils font quelquefois carriĂšre pendant plusieurs annĂ©es, voire sây installent dĂ©finitivement Nicolas Poussin, Claude Lorrain. Vers 1600-1620, le mode de vie des peintres qui se retrouvent autour de la Piazza del Popolo, Ă Rome, prĂ©figure dĂ©jĂ celui des sociĂ©tĂ©s dâartistes telles quâon les connaĂźtra jusquâau Montparnasse des annĂ©es 1920, avec son recrutement international, ses lieux dâĂ©changes les ateliers, les tavernes, sa libertĂ© de recherche artistique et de mĆurs. De la mĂȘme maniĂšre on voit se dĂ©velopper la sociabilitĂ© littĂ©raire autour des cabarets, certains investis par un groupe particulier, comme les libertins qui, Ă Paris, se retrouvent Ă la Pomme du Pin, Au Cormier ou encore Ă la Fosseaux-Lions. Organisation des artistes et diffĂ©rences des carriĂšres 8Le xviie siĂšcle est un moment de thĂ©orisation et de hiĂ©rarchisation des arts et des artistes. La notion fondamentale est celle de genre. Le genre est en art et en littĂ©rature une sĂ©rie homogĂšne dâĆuvres rĂ©pondant Ă des attentes dĂ©terminĂ©es et tendant Ă se fixer par la reproduction de modĂšles Ă©prouvĂ©s. BĂ©rĂ©nice de Racine ou la Princesse de ClĂšves de Mme de Lafayette ont Ă©tĂ© critiquĂ©s parce quâils mĂ©langeaient les genres. Une hiĂ©rarchie trĂšs forte met au premier rang, en vers, lâĂ©popĂ©e et la tragĂ©die, en prose, lâĂ©loquence. Le roman est au bas de lâĂ©chelle et ses praticiens cherchent Ă lâanoblir en lui confĂ©rant des rĂšgles. En peinture, se met en place progressivement une dĂ©finition et une hiĂ©rarchisation des genres, la peinture la plus noble et la plus prestigieuse Ă©tant la peinture dâhistoire sacrĂ©e ou profane. Ces rĂ©flexions se dĂ©veloppent au sein des acadĂ©mies. 9Le systĂšme des AcadĂ©mies en France cherche Ă mettre lâaction des artistes au service de lâĂtat. En crĂ©ant un discours cohĂ©rent sur la langue et le goĂ»t, les acadĂ©mies contribuent Ă crĂ©er une culture commune aux Ă©lites et un consensus autour du pouvoir royal, que tous les arts sont chargĂ©s de cĂ©lĂ©brer. Unissant les artistes dans des institutions contrĂŽlĂ©es par lâĂtat, les AcadĂ©mies engendrent une vĂ©ritable rĂ©volution dans la centralisation et la hiĂ©rarchisation des arts. 10LâAcadĂ©mie française reste le modĂšle de toutes les acadĂ©mies. Créée en 1634 par un groupe de lettrĂ©s, officialisĂ©e par Richelieu, son rĂŽle est dâinstitutionnaliser la langue commune de la nation. Il sâagit de mettre en place un lissage de la langue, de donner un langage commun. Chaque discours sâachĂšve par lâapologie du monarque. Ă lâimage de lâAcadĂ©mie française, lâAcadĂ©mie royale de peinture et sculpture est créée en 1648. Le principe de sa fondation en est un peu diffĂ©rent, Charles Le Brun et dâautres artistes conçoivent une AcadĂ©mie placĂ©e sous la protection du chancelier SĂ©guier pour que les peintres puissent sâaffranchir de la tutelle de la maĂźtrise qui succĂšde aux corporations mĂ©diĂ©vales. Elle fonde son enseignement sur le dessin et le modĂšle vivant, Ă lâimage de lâacadĂ©mie que les Carrache avaient fondĂ©, Ă la fin du xvie siĂšcle, Ă Bologne. Lâinstitution rompt avec les pratiques corporatistes, par lâutilisation du dessin et lâapproche directe de la nature, et donne un statut libĂ©ral Ă la peinture qui nâest pas seulement affaire dâimitation. En 1663, Louis XIV restructure lâinstitution en la hiĂ©rarchisant. Son rĂŽle doctrinal est affirmĂ©. Il nomme Le Brun chancelier permanent. En 1668, lâartiste cumule les fonctions de chancelier et de recteur, enfin, en 1683, il est nommĂ© directeur. On assiste Ă la mise en place dâexpositions prĂ©vues normalement tous les deux ans et accompagnĂ© dâun livret, ancĂȘtre des catalogues. Mais il nây en aura que dix sous Louis XIV. 11Un rĂŽle de coordinateur » est assurĂ© par la Petite AcadĂ©mie fondĂ©e en 1663. Elle comprend cinq membres reprĂ©sentant des cinq arts. Elle administre lâensemble de la production intellectuelle et tient lieu de direction gĂ©nĂ©rale de la vie culturelle. Elle est dirigĂ©e par un conseil restreint dĂšs sa crĂ©ation les hommes de lettres Bourzeis, Cassagne, Chapelain et Perrault. Câest lâĆil du pouvoir sur la production intellectuelle française. Ce rĂŽle de coordination limite la libertĂ© et lâoriginalitĂ© dans la crĂ©ation. La petite AcadĂ©mie contrĂŽle tout, elle chapeaute lâensemble des institutions. La souplesse de sa structure sâoppose Ă la rigiditĂ© hiĂ©rarchique des autres AcadĂ©mies. Celles-ci, dâailleurs, ne sont pas seulement des AcadĂ©mies artistiques Ă lâimage de lâAcadĂ©mie dâescrime. La petite AcadĂ©mie nâa pas de rĂšglement avant juillet 1701, aprĂšs cette date, elle devient officiellement lâAcadĂ©mie des inscriptions et des mĂ©dailles. 12Ă partir de 1661, on assiste Ă une institutionnalisation de tous les arts sous Louis XIV les maĂźtres Ă danser, puis les musiciens et les danseurs se fĂ©dĂšrent en AcadĂ©mies, toujours dans le but de lutter contre la maĂźtrise, accusĂ©e de dĂ©cadence des arts. En 1666 est fondĂ©e lâAcadĂ©mie de France Ă Rome qui accueille les meilleurs jeunes artistes français afin de complĂ©ter leur formation. La mĂȘme annĂ©e voit la crĂ©ation de lâacadĂ©mie des sciences. En 1669, câest la fondation de lâAcadĂ©mie royale de musique puis, en 1671, celle dâarchitecture qui scelle la sĂ©paration entre les architectes et les maçons. Il y a mĂȘme eu une tentative de crĂ©ation dâune acadĂ©mie de thĂ©ologie, mais celle-ci est rapidement dissoute en raison des inquiĂ©tudes formulĂ©es par la Sorbonne qui craint de perdre ses privilĂšges. Il en va de mĂȘme pour le théùtre. AprĂšs la mort de MoliĂšre, on ne crĂ©e pas explicitement une acadĂ©mie de théùtre, mais il y a bien un monopole de fait car un seul type de spectacle doit recevoir le label du Roi, comme pour lâopĂ©ra. La volontĂ© de diffusion des grandes Ćuvres du rĂ©pertoire aboutie, en 1680, Ă la fondation la ComĂ©die française. 13Le monopole des AcadĂ©mies sur les diffĂ©rents arts traduit le corps du Roi en peinture, en sculpture et en poĂ©sie » ApostolidĂšs. Avec ces institutions, câest lâensemble des arts qui se met au service de la gloire monarchique. Ă partir de 1660, on assiste Ă une multiplication des AcadĂ©mies en province qui vont rĂ©pandre la mode en vigueur Ă la cour. Lâexemple de celle de Lyon, fondĂ©e en 1667, va servir de modĂšle pour dâautres villes. 14LâAngleterre a Ă©tĂ© tentĂ©e par ce modĂšle, mais lâinstabilitĂ© politique qui y rĂšgne ne sây prĂȘte pas. Les artistes se rassemblent dans des clubs ou des sociĂ©tĂ©s. Une tentative dâorganisation des arts se met en place sous Charles II dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle. Ambitionnant de rivaliser avec Louis XIV, il reprend le modĂšle français de lâAcadĂ©mie et place Ă sa tĂȘte le peintre italien Antonio Verrio v. 1636-1707. Mais, lâabsence dâune autoritĂ© centrale organisĂ©e pour contrĂŽler le travail comme câest le cas en France avec Colbert et la nature sporadique des mĂ©cĂšnes anglais ont rendu cette volontĂ© difficile, voire impossible. 15En Espagne, la crĂ©ation des acadĂ©mies de Madrid et de Valence est un Ă©chec. Leur volontĂ© de contrĂŽler lâactivitĂ© des peintres en favorisant un monopole de la production et du marchĂ© de la peinture se heurte Ă une opposition trĂšs forte des corporations. Il se dĂ©veloppe alors un dĂ©bat original sur la peinture en tant quâart libĂ©ral. Le colegio » AcadĂ©mie de Valence tend en effet Ă favoriser le nĂ©potisme en fixant le prix des examens, empĂȘchant ainsi Ă tout un groupe de la population de rĂ©aliser et de vendre leurs Ćuvres. Lâinstitution crĂ©e Ă©galement dâĂ©normes difficultĂ©s aux artistes Ă©trangers voulant sâinstaller dans la ville et interdit purement et simplement la vente de peintures Ă©trangĂšres qui Ă©taient moins chĂšres que celles fabriquĂ©es Ă Valence. Tout cela va aboutir Ă un nombre important de plaintes arguant du statut dâart libĂ©ral de la peinture. Les plaignants infĂ©rant que si la peinture est effectivement un art libĂ©ral, elle doit suivre le modĂšle des autres arts libĂ©raux. Dans une ville comme Valence, on devrait trouver des peintures de diffĂ©rentes qualitĂ©s et Ă des prix diffĂ©rents ; en fait, un accĂšs Ă la peinture pour tous. Finalement, en 1617, Philippe II se range du cĂŽtĂ© de la ville contre lâAcadĂ©mie. LâAcadĂ©mie de Madrid, créée en 1603, attend toujours la protection royale en 1619. LâĂ©chec est moins clair quâĂ Valence, mais lĂ encore, il semble que lâopposition soit venue de peintres individuels, certainement ceux qui sâopposaient Ă lâexamen pour obtenir la licence. 16En France mĂȘme, oĂč lâhĂ©gĂ©monie du pouvoir royal est quasi complĂšte, lâinstitutionnalisation des arts ne sâest pourtant pas faite sans heurts. La rĂ©action au mouvement acadĂ©mique va trouver un soutien auprĂšs dâautres corps qui, Ă ce moment, perdent aussi de leurs privilĂšges, les Parlements. Ainsi le Parlement de Paris va-t-il soutenir les corporations pour tenter dâenrayer lâeffritement de son pouvoir et ce, dĂšs la fondation de lâAcadĂ©mie française. Entre 1648 et 1663, la corporation des maĂźtres peintres, soutenue par le Parlement, et lâAcadĂ©mie de peinture, soutenue par Colbert et le pouvoir royal, se heurtent Ă des oppositions constantes. Ils se livrent une vĂ©ritable guerre dâusure qui voit finalement la dĂ©route de la maĂźtrise. Enfin, les dĂ©bats esthĂ©tiques continuent comme celui entre le dessin et la couleur qui on lieu Ă Paris, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle. 17On peut dire que deux carriĂšres sâoffre Ă lâartiste, celle de la cour et celle de la ville, bien que les plus rĂ©ussies marient les deux. Diego VĂ©lasquez 1599-1660 est lâexemple de lâartiste-courtisan. Il passe plus de trente ans au service de Philippe IV dâEspagne. Le roi lâemploie comme peintre, architecte dĂ©corateur, mais aussi fournisseur dâĆuvres dâart et courtisan jusquâĂ devenir grand marĂ©chal du palais » en 1652. Plus encore que Charles Le Brun auprĂšs de Louis XIV ou quâAntonio Verrio auprĂšs des rois dâAngleterre, il est le modĂšle de lâartiste de cour. Il faut distinguer, en Espagne, deux types de peintres rattachĂ©s au palais, les peintres du Roi et le peintre de la Chambre. Si les premiers sont de nombre variable entre quatre et six, il nây a quâun seul peintre de la Chambre dont lâoccupation principale est de portraiturer le monarque et sa famille. Câest le cas de VĂ©lasquez sous le rĂšgne de Philippe IV, ce sera Juan Carreno de Miranda au temps de Charles II. 18En dehors des capitales, certains foyers sont trĂšs actifs et les artistes y vivent de commandes et de protections rĂ©gionales, publiques ou privĂ©es. Ă Toulouse se dĂ©veloppe ainsi un foyer original et trĂšs actif autour notamment de la figure de Nicolas Tournier qui, aprĂšs un voyage Ă Rome, synthĂ©tise les formes caravagesques et les formes locales. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du siĂšcle, lâinvention des AcadĂ©mies tend en France Ă lisser les diffĂ©rences rĂ©gionales. Lâexemple du sculpteur, peintre et architecte Pierre Puget, le Michel Ange de la France », semble relativement unique dans lâart français du deuxiĂšme xviie siĂšcle. Il rĂ©ussit Ă mener une carriĂšre en Italie et en Provence loin de la cour et de lâAcadĂ©mie. Devenu cĂ©lĂšbre, Colbert lui commandes de grands marbres Milon de Crotone, achevĂ© 1682. 19La situation dans les arts du spectacle est assez similaire. Le dramaturge du xviie siĂšcle voit sâouvrir devant lui deux voies. Celle, traditionnelle, de la protection dâun prince ou dâun grand et celle, nouvelle, dâentrepreneur de spectacles. Avec lâouverture de théùtres publics et lâorganisation de tournĂ©es, lâactivitĂ© de lâauteur se commercialise. Il vend sa piĂšce Ă une compagnie ou, sâil en est actionnaire, il obtient une participation aux bĂ©nĂ©fices. La publication des piĂšces est un autre facteur de commercialisation du mĂ©tier dâauteur, bien que le dĂ©sir dâexclusivitĂ© des troupes fasse quelquefois obstacle Ă lâimpression des piĂšces. Cependant un dramaturge qui rĂ©ussit est celui qui associe les deux carriĂšres, comme Shakespeare, auteur et acteur dâune troupe qui joue aussi bien pour la cour que la ville ou encore Lope de Vega, protĂ©gĂ© du duc dâAlbe mais dont les piĂšces sont aussi jouĂ©es dans les théùtres publics corrales. Les tensions entre artistes de la cour et de la ville peuvent ĂȘtre plus aiguĂ«s et sâexercer aux dĂ©pens de la ville. A Paris, la musique en vient Ă ĂȘtre gĂ©rĂ©e entiĂšrement par la Maison du roi, entraĂźnant une situation trĂšs prĂ©caire pour les musiciens de la ville rĂ©gis par la confrĂ©rie de saint Julien des MĂ©nestriers. Collections et marchĂ© de lâart 20Les Ćuvres dâart rĂ©pondent Ă diffĂ©rentes attentes, entre Ă©dification, glorification monarchique et dĂ©lectation. Un trait significatif du xviie siĂšcle europĂ©en est le dĂ©veloppement des collections, dans lesquelles peintures et sculptures, dĂ©tachĂ©es de toute autre fonction, notamment religieuse, acquiĂšrent rĂ©ellement le statut dâĆuvres dâart. Le dĂ©veloppement des collections 21La collection princiĂšre existe au xvie siĂšcle, mais elle prend une tout autre ampleur au siĂšcle suivant. Les souverains espagnols, en particulier, hĂ©ritent ce goĂ»t du grand collectionneur que fut Philippe II. Le Prado est le premier palais royal oĂč les peintures sont exposĂ©es en permanence, concurrençant la tapisserie pour la dĂ©coration murale. La dĂ©coration du palais de lâEscorial, dans les annĂ©es 1580, est conçue pour lâexposition de peintures de prestige. En 1700, le roi dâEspagne possĂšde 5 500 tableaux, dont la moitiĂ© acquise par Philippe IV. Les rois de France prĂ©fĂšrent le prestige du bĂątisseur Ă celui du collectionneur A. Schnapper ; cependant, Louis XIV renoue avec le collectionisme somme toute modeste de François Ier ; entre 1660 et 1693, il forme une des premiĂšres collections dâEurope pour les mĂ©dailles et les pierres gravĂ©es, les pierres prĂ©cieuses, les tableaux, les dessins et les gravures. Assez peu intĂ©ressĂ© personnellement, il laisse Ă ses ministres le soin de rassembler les trĂ©sors du cabinet du roi. Selon A. Schnapper, les collections ne sont ni nĂ©cessaires ni bien efficaces pour assurer la gloire du roi et lâĂ©tendre aux nations Ă©trangĂšres ». Charles Ier est bien dâavantage un amateur dâart. Lors de la vente de ses biens par les rĂ©publicains, ce sont prĂšs de 2 000 peintures, tapisseries, statues et dessins qui sont destinĂ©s Ă Ă©ponger les dettes du monarque dĂ©funt. Au-delĂ des princes, les grandes collections se rencontrent chez les personnages qui exercent un rĂŽle important, ou parmi ceux qui sont les plus liĂ©s Ă la reprĂ©sentation du pouvoir, les ambassadeurs. La collection sâĂ©panouit dans les lieux de pouvoir. Les ministres et les favoris â en France, Richelieu et Mazarin ; en Angleterre, avant la RĂ©volution, Arundel, Buckingham et Hamilton â sont au premier rang des collectionneurs. Sous Philippe IV, le marquis de LeganĂ©s possĂšde 1100 tableaux, le marquis de Carpio, plus de 3 000. 22Progressivement, les collections universelles, du type cabinet de curiositĂ©s, cĂšdent le pas aux collections spĂ©cialisĂ©es. Le xviie siĂšcle voit Ă la fois lâapogĂ©e et le dĂ©but du dĂ©clin de la Kunst-und Wunderkamern K. Pomian. Apparaissent des collections autonomes de tableaux. Rome a un rĂŽle capital dans le collectionisme, puisque câest lĂ avec Venise que sâapprovisionne toute lâEurope. Câest lĂ aussi oĂč se forme le goĂ»t international qui met au premier rang de la valeur la peinture vĂ©nitienne et bolonaise du xvie siĂšcle. En Espagne, en Angleterre ou en France, ce sont toujours Titien et les VĂ©nitiens Tintoret, VĂ©ronĂšse dâune part, les Carrache et leurs suiveurs Guido Reni, lâAlbane etc. dâautre part qui dominent les collections prestigieuses. 23Il faut noter que bien souvent les lettres et les arts ont des mĂ©cĂšnes communs. Souvent une belle collection sâaccompagne dâune belle bibliothĂšque. Le peintre Eustache Le Sueur et le plus cĂ©lĂšbre luthiste français de lâĂ©poque, Denis Gaultier, ont pour mĂ©cĂšne Anne de ChambrĂ©, trĂ©sorier des guerres de Louis XIII et gentilhomme du prince de CondĂ©. ChambrĂ© commande Ă ces deux artistes un manuscrit de luxe, La RhĂ©torique des dieux, recueil de piĂšces de luth de illustrĂ©. La collection suscite lâĆuvre littĂ©raire. Arts et lettres font partie dâune sociabilitĂ© dont le cĆur est lâart de la conversation. Les objets de collection sont, selon le mot de Krzysztof Pomian, des sĂ©miophores ». Au Moyen Ăge, les collections de reliques, dâobjets sacrĂ©s ou d' Ćuvres dâart » sont aux mains de lâĂglise et du pouvoir temporel. Quand une hiĂ©rarchie de richesse se met en place, lâachat de sĂ©miophores, lâachat dâĆuvres dâart, la formation de bibliothĂšques ou de collections est une des opĂ©rations qui, transformant lâutilitĂ© en signification, permettent Ă quelquâun de haut placĂ© dans la hiĂ©rarchie de la richesse dâoccuper une position correspondante dans celle du goĂ»t et du savoir » K. Pomian. Le dĂ©veloppement des collections est ainsi insĂ©parable du dĂ©veloppement dâun marchĂ©. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de lâart le marchĂ© de la peinture 24La demande dâimages augmente au cours du siĂšcle. On constate un Ă©largissement progressif du public de la peinture, en particulier dans les pays catholiques. Lâimagerie dĂ©votionnelle nourrit le mouvement, mais Ă la marge se diffusent aussi les genres portrait, nature morte, paysageâŠ, en raison des nouveaux usages de la peinture, qui apparaĂźt de plus en plus dans les intĂ©rieurs. Plus tardivement, cet appĂ©tit dâimages est lisible aussi en Angleterre en 1705, 80 % des inventaires de lâOrphanâs Court de Londres rĂ©vĂšlent la possession de tableaux, contre 44 % seulement en 1675. Certes, cette prĂ©sence de la peinture est liĂ©e Ă la richesse mais ces inventaires montrent que les ordinary tradespeople ont autant de tableaux que les professionals et les gentryhouseholders. 25Le mĂ©tier de marchand de tableaux sâautonomise et se professionnalise peu Ă peu. Les formes les plus structurĂ©es de marchĂ© de lâart se rencontrent Ă Anvers, qui nourrit toute lâEurope de ses peintures, de tous les genres et de tous les prix. Il faut noter le fort goĂ»t pour la peinture flamande, parallĂšle au goĂ»t dominant vĂ©nĂ©to-bolonais. Anvers vend pour tous les publics et Ă tous les prix. Mais dâautres lieux prennent de lâimportance, oĂč lâon retrouve souvent les marchands du Nord. Ă Paris, la foire Saint-Germain, une des trois plus importantes de Paris, se spĂ©cialise au dĂ©but du xviie siĂšcle en marchĂ© des objets de luxe soie, bijoux, or mais aussi tableaux. Depuis la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, les marchands dâAnvers ont le monopole du marchĂ© parisien de la peinture. Ils viennent Ă Paris chaque annĂ©e pour la foire. Vers 1620-1630, ils font face aux efforts protectionnistes de la maĂźtrise des peintres de Paris, qui les obligent Ă tenir boutique de façon permanente en France, voire de demander la naturalisation, pour continuer leur commerce. Les Français rĂ©ussissent ainsi Ă endiguer lâinfluence des marchands dâAnvers. Mais une autre compĂ©tition pour le contrĂŽle du marchĂ© se dĂ©roule alors entre les artistes-marchands et les marchands merciers qui finiront par lâemporter Ă la fin du siĂšcle on connaĂźt par Watteau la boutique du cĂ©lĂšbre Gersaint. 26Diverses formes de transaction existent mais les ventes publiques aux enchĂšres prennent progressivement de lâimportance, notamment en Angleterre ; elles permettent en effet aux comportements agonistiques de se donner libre cours dans un face Ă face pendant lequel on manifeste simultanĂ©ment son goĂ»t, sa capacitĂ© de sacrifier de la richesse pour le satisfaire et ses possibilitĂ©s financiĂšres » K. Pomian. Les grandes ventes aux enchĂšres publiques deviennent ainsi des Ă©vĂ©nements mondains. Ă Londres, avant lâintroduction des ventes aux enchĂšres dâĆuvres dâart, vers 1670, Samuel Pepys achĂšte directement aux artistes ou Ă des stationers qui vendent aussi des livres. Le marchĂ© du livre est beaucoup plus organisĂ© que celui de lâart, grĂące Ă la Stationers Company. Il nây a pas de telle communautĂ© de marchands spĂ©cialisĂ©s dans lâart. Ce sont dâabord les virtuosi, les hommes de lettres londoniens, qui font la popularitĂ© des ventes aux enchĂšres, dont ils se servent comme dâune arĂšne des connaisseurs ». Elles touchent ensuite un public beaucoup plus large, les femmes aussi peuvent y assister. Les commissaires-priseurs ne peuvent pas encore se spĂ©cialiser dans les marchandises artistiques. La plupart vendent Ă la fois des livres et des Ćuvres dâart. 27Ces enchĂšres se dĂ©roulent surtout dans des coffeehouses comme Tomâs Coffeehouse ou Barbadoes Coffeehouse. Ă la mort de Charles II 1685, Londres est ainsi devenue un des marchĂ©s de lâart les plus actifs dâEurope. Au cours des ventes de Covent Garden, entre 1669 et 1692, plus de 35 000 peintures Ă lâhuile sâĂ©changent. On a retrouvĂ©, protagonistes de ces Ă©changes, le nom de 20 nobles, 20 marchands et plus de 100 commoners. J. Brotton insiste sur le rĂŽle de la vente des biens de Charles Ier, qui a mis sur le marchĂ© des centaines dâĆuvres. Contrairement Ă une opinion largement rĂ©pandue, Brotton soutient que cette vente nâest pas le seul fait de rĂ©publicains iconoclastes et ignorants des choses de lâart. Elle a Ă©tĂ© importante pour la formation du goĂ»t anglais puisquâelle a rendu visibles les trĂ©sors des collections de la Couronne. Ă lâoccasion de cet Ă©vĂ©nement, les tableaux royaux ont Ă©tĂ© transformĂ©s en marchandise, dĂ©truisant pour toujours leur exclusivitĂ© royale, les ĂŽtant au secret du palais royal et les livrant au monde de la vente publique ». 28En Espagne, depuis la fin du xvie siĂšcle, on voit dans les grandes villes des ventes dâart se dĂ©rouler prĂšs du marchĂ©, sur le perron de San Felipe ou Calle Mayor Ă Madrid, par exemple, ou rue de Santiago Ă Valladolid. Des lieux ouverts, une absence de toute rĂ©gulation des transactions on est bien loin des panden de Bruges et dâAnvers. Le marchĂ© est nourri par une importation massive des Pays-Bas et lâaccroissement du nombre de peintres espagnols travaillant hors du cadre des corporations. Le dĂ©veloppement du marchĂ© entraĂźne lâutilisation rĂ©pĂ©tĂ©e de mĂȘmes modĂšles et une certaine standardisation de la production. Il faut dire que le marchĂ© amĂ©ricain exige une masse considĂ©rable dâimages religieuses. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xviie siĂšcle, pas moins de 24 000 peintures ont quittĂ© SĂ©ville pour lâAmĂ©rique. Des contrats exigent une grande rapiditĂ© de rĂ©alisation. Par exemple, le 26 juillet 1600, le peintre sĂ©villan Miguel VĂĄzquez sâengage Ă livrer au marchand Gonzalo de Palma 1 000 portraits de figures profanes » de la mĂȘme taille 63 x 42 cm, Ă raison de 25 par semaine, payĂ©s 4 reales piĂšce. Miguel Falomir observe que les prix de vente sur les foires et dans les stands de rue sont nettement infĂ©rieurs Ă ceux offerts pour des Ćuvres commissionnĂ©es. Cela nâempĂȘche pas des peintres cĂ©lĂšbres de participer aux ventes, comme BartolomĂ© Carducho, peintre du roi et marchand de tableaux. 3 Felipe de Guevara, Comentarios de pintura [vers 1560], Madrid, 1788, p. 4-5. 4 Relations, Lettres et discoursâŠ, Paris, 1660, Lettre IX, p. 235-23. 29Dans un marchĂ© de lâart naissant, se pose la question de lâattribution du prix. Quand il suggĂšre Ă Philippe II dâexposer sa collection, Felipe de Guevara avance que les peintures cachĂ©es et tenues hors de la vue sont privĂ©es de leur valeur, qui rĂ©side dans les yeux des autres et leur apprĂ©ciation par des connaisseurs3 ». Traditionnellement, le prix dâune peinture Ă©tait liĂ© Ă des critĂšres matĂ©riels comme les matĂ©riaux employĂ©s, le nombre, la taille et le costume des personnages. Cependant, depuis la Renaissance, la valeur est de plus en plus attachĂ©e Ă un savoir, devient affaire de connaisseur rĂ©putation de lâartiste, authenticitĂ©, originalitĂ© de la composition, deviennent des critĂšres importants quand il sâagit des maĂźtres italiens ou nordiques les plus recherchĂ©s. Ă quoi sâajoute pour les peintures anciennes la vie sociale » du tableau provenance, possesseur antĂ©rieur, lieu dâaccrochage prĂ©cĂ©dent. Entre 1640-1660, les prix des tableaux anciens augmentent considĂ©rablement sur le marchĂ© parisien ; certains sâen Ă©meuvent, considĂ©rant scandaleux lâargent dĂ©pensĂ© en objets de vanitĂ©, comme Samuel SorbiĂšre, protestant rĂ©cemment converti, qui publie une lettre De lâexcessive curiositĂ© en belles peintures4 ». Un dĂ©but de spĂ©culation suscite des rĂ©serves morales. Le dĂ©veloppement du marchĂ© de lâart accompagne une Ă©volution des consciences par rapport Ă lâargent mais permet aussi une Ă©volution du mĂ©tier dâartiste. 30Nicolas Poussin 1594-1665 est lâexemple exceptionnel dâun artiste libĂ©rĂ© de la commande et vivant du marchĂ© de lâart. Ă partir de 1630, Ă©loignĂ© des grandes commandes publiques, il ne produit plus que des tableaux de chevalet et peut choisir ses clients qui sont des acheteurs, non plus des commanditaires. Le prix de ses tableaux est multipliĂ© par dix au cours du siĂšcle. Il ne dĂ©pend pas dâune cour ou dâun protecteur, il nâa pas dâatelier, pas dâĂ©lĂšves. Au-delĂ des Barberini et de leur rĂ©seau, les principaux acheteurs de Poussin sont français. Ils sont dâorigine sociale variĂ©e on trouve parmi eux, le marĂ©chal de CrĂ©qui, le duc de Richelieu ou le roi lui-mĂȘme, qui rĂ©unit une trĂšs importante collection de Poussin ; des secrĂ©taires dâĂtat, comme La VrilliĂšre ou LomĂ©nie de Brienne ; des titulaires dâoffices importants comme Chantelou ; des financiers comme Neyret de la Ravoye ; mais aussi des personnages beaucoup plus obscurs, des nĂ©gociants comme Pointel ou Serisier. Il sâagit lĂ dâune carriĂšre trĂšs particuliĂšre, permise par la naissance dâun vrai marchĂ© de lâart. Les arts, miroir de leur temps » ? La sociĂ©tĂ© est un théùtre, le théùtre, un reflet de la sociĂ©tĂ© ? 31On ne saurait trop souligner lâimportance de la mĂ©taphore théùtrale et en gĂ©nĂ©rale de la vision dans les arts et la littĂ©rature du xviie siĂšcle. Avec la perspective linĂ©aire comme mode de reprĂ©sentation picturale depuis la Renaissance, Les images sâinscrivent dĂ©sormais Ă lâintĂ©rieur dâun cube ouvert dâun cĂŽtĂ©. Ă lâintĂ©rieur de ce cube reprĂ©sentatif, sorte dâunivers en rĂ©duction, rĂšgne les lois de la physique et de lâoptique de notre monde » P. Francastel ; dâoĂč lâimportance de la mĂ©taphore théùtrale All the worldâs a stage », l' illusion comique » le théùtre est un monde en rĂ©duction, le monde nâest quâun théùtre. Comment le théùtre du xviie reflĂšte-t-il alors la sociĂ©tĂ© ? 32Si lâon tourne le dos Ă la scĂšne, le lieu théùtral donne, dans la disposition du public, une image particuliĂšre des hiĂ©rarchies. La structure du théùtre public est partout Ă peu prĂšs la mĂȘme. Le corral madrilĂšne se partage entre le parterre avec ses places debout ou assises et les loges rĂ©servĂ©es aux personnages importants ; un lieu spĂ©cial est rĂ©servĂ© aux femmes du commun et aux ecclĂ©siastiques, ce qui est une particularitĂ© espagnole. Dans le théùtre Ă©lisabĂ©thain, on a, du moins coĂ»teux au plus cher, les places debout Ă ciel ouvert, les places assises dans les galeries couvertes et enfin les loges. EntiĂšrement couvert, le théùtre de Bourgogne montre une rĂ©partition analogue, avec ses places au parterre Ă 5 sous et ses places en loges Ă 10 sous. 33Si, dans le cas des reprĂ©sentations privĂ©es chez de nobles particuliers les visites » en France, les particulares » en Espagne le public est socialement homogĂšne, il nâen va pas de mĂȘme du théùtre public. La composition des salles est assez semblable Ă Londres et Ă Paris. Le parterre, debout, est volontiers remuant, mĂȘme sâil ne faut pas sâexagĂ©rer le caractĂšre populaire de ces spectateurs. Alfred Harbage montre quâil est constituĂ©, au théùtre du Globe, de boutiquiers, dâartisans et de journaliers. La variĂ©tĂ© de ton et de genres caractĂ©ristique du théùtre de Shakespeare, comme de la tragĂ©die espagnole, de la poĂ©sie savante Ă la farce, est destinĂ©e Ă rĂ©pondre Ă cette diversitĂ© du public. On distingue les connaisseurs des ignorants du parterre, les mosqueteros » en Espagne, les groundlings » en Angleterre. On peut remarquer que la mĂȘme idĂ©e est souvent exprimĂ©e deux fois dans les piĂšces de Shakespeare, sous une forme Ă©laborĂ©e dâabord, plus simple ensuite. Dans la comedia, le gracioso » est chargĂ© de rĂ©pĂ©ter en clair ce qui risquait de paraĂźtre obscur. Cependant, au cours du siĂšcle, on remarque une diminution globale de la composante populaire du public. Les tĂ©moignages contemporains sur le chahut du parterre ne sont pas exempts de prĂ©jugĂ©s sociaux. En France, le public ne change pas radicalement, mais les poĂštes, leurs mĂ©cĂšnes et les amateurs prĂȘchent pour une Ă©puration du goĂ»t comme du public. Il ne faut pas oublier que la dĂ©fense des rĂšgles et, pour le dire dâun mot, du classicisme, est parallĂšle Ă une exclusion des Ă©lĂ©ments populaires. Le classicisme, rappelle J. Truchet, suppose un consensus culturel, lâexistence dâun public auquel il soit naturel et lĂ©gitime de vouloir plaire, les honnĂȘtes gens », la Cour » et la Ville ». LâunitĂ© du classicisme se fonde moins sur des prĂ©ceptes que sur un milieu ». Lâexclusion du menu peuple se fait naturellement par lâaugmentation du prix des places au cours du siĂšcle. En France comme en Angleterre, la base sociale du théùtre se rĂ©trĂ©cit. 34La nĂ©cessitĂ© de parler Ă un trĂšs large public oĂč domine, de plus en plus, les catĂ©gories privilĂ©giĂ©es, implique de renvoyer Ă une morale commune. Nâoublions pas que plaire est une nĂ©cessitĂ© vitale pour le dramaturge du xviie siĂšcle. Souvent, on remarque un certain conservatisme dans la vision de la sociĂ©tĂ© vĂ©hiculĂ©e par le théùtre. Celui-ci enregistre certains changements, comme lâimportance croissante du commerce et de lâargent, les transformations de la noblesse ou lâappĂ©tit des roturiers enrichis. Le gentilhomme dĂ©sargentĂ© contraint Ă la mĂ©salliance, le roturier cherchant une promotion Ă la cour, le bourgeois gentilhomme, sont quelques thĂšmes rĂ©currents de la comedia espagnole, dont lâinfluence est grande en France et en Angleterre ; mais en gĂ©nĂ©ral, quelque soit lâorigine sociale de lâauteur, la morale de la piĂšce demeure attachĂ©e aux valeurs de la noblesse terrienne traditionnelle, dĂ©favorable aux fortunes issues du commerce et de la spĂ©culation. Par exemple, dans les piĂšces de Lope de Vega, le noble enrichi par le nĂ©goce est condamnĂ©, les marchands, petits ou grands, et les armateurs de SĂ©ville peu reprĂ©sentĂ©s ou peu mis en valeur. Le théùtre jacobĂ©en, face aux bouleversements sociaux, tĂ©moigne dâun attachement Ă lâordre ancien A. Bry. MoliĂšre montre de maniĂšre trĂšs nĂ©gative ces femmes qui sortent de leur condition, ces prĂ©cieuses qui se prĂ©valent dâun rĂŽle intellectuel dans ce qui deviendra les salons. Le monde comme théùtre est dâabord une mĂ©taphore de la vanitĂ© des biens de ce monde. Il sâagit moins de reprĂ©senter que de moraliser. CalderĂłn de la Barca lâexprime parfaitement dans Le Grand Théùtre du Monde 1645. On y voit le Monde remettre Ă chaque acteur, du Roi au Mendiant, les insignes de son rang. Les personnages entrent sur scĂšne par le Berceau et en sortent par la Tombe. LĂ , ils doivent remettre leurs attributs et rendre compte de la façon dont ils ont tenu leur rĂŽle. Seuls le Mendiant et la Prudence ont Ă©chappĂ© Ă lâorgueil et aux intrigues de la cour. Seuls, ils ont compris la leçon de la piĂšce, câest-Ă -dire de la vie. Seuls, ils ne seront pas damnĂ©s. Quand le rideau tombe, ne demeurent en scĂšne que les quatre derniĂšres choses » la Mort, le Jugement, le Ciel et lâEnfer. 35Si le siĂšcle est fascinĂ© par les pouvoirs de lâillusion, la concorde entre lâĂȘtre et le paraĂźtre est un souci constant. Les marques de luxe doivent correspondre Ă un statut social rĂ©el. Lâouvrage de Pierre Le Muet, La ManiĂšre de bĂątir pour toutes sortes de personnes 1623, est un des plus importants de ces recueils, en vogue en France, qui proposent des modĂšles dâhabitation selon le rang du propriĂ©taire. Lâarchitecture doit reflĂ©ter la hiĂ©rarchie sociale. On peut dire que Fouquet, par exemple, nâa pas respectĂ© cette rĂšgle, Vaux outrepasse son rang. LâĂ©tude du portrait permet de mieux comprendre ce rapport ĂȘtre/paraĂźtre. Elle permet aussi de mieux comprendre sous quelles conditions les catĂ©gories sociales les moins privilĂ©giĂ©es ont droit Ă ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s. Qui a droit Ă la reprĂ©sentation ? 36Le problĂšme de la dignitĂ© du sujet reprĂ©sentĂ© se pose particuliĂšrement dans le portrait. Ce dernier genre connaĂźt depuis le xvie siĂšcle un grand dĂ©veloppement. Il constitue Ă la fin du siĂšcle 20 % des images des intĂ©rieurs de Delft, par exemple. Or, Edouard Pommier a relevĂ©, dans la deuxiĂšme moitiĂ© du xvie siĂšcle, un mouvement de remise en cause de ce genre, notamment dâun point de vue social. Alors quâil cesse dâĂȘtre rĂ©servĂ© Ă la reprĂ©sentation des saints et des princes, le portrait suscite la question de la lĂ©gitimitĂ© de la reprĂ©sentation dâun individu. 5 CitĂ© par Pommier Ădouard, ThĂ©ories du portrait, Paris, 1998, p. 128. 37Dans une lettre Ă Leone Leoni, sculpteur et mĂ©dailleur, lâArĂ©tin le met en garde ainsi Faites donc les portraits de personnages de ce genre [lâĂ©rudit Francesco Molza, mort depuis peu], mais ne faites pas les portraits de ceux qui Ă peine se connaissent eux-mĂȘmes et que personne ne connaĂźt. Le ciseau ne doit pas tracer les traits dâune tĂȘte, avant que la renommĂ©e ne lâait fait. Il ne faut pas croire que les lois des Anciens aient permis quâon fasse des mĂ©dailles de personnes qui nâĂ©taient pas dignes. Câest ta honte, ĂŽ siĂšcle, de tolĂ©rer que des tailleurs et des bouchers apparaissent vivants en peinture5. » Cette idĂ©e dâune vulgarisation du portrait se retrouve dans nombre dâĂ©crits du xvie siĂšcle. On ne devrait reprĂ©senter que les exempla virtutis, ou les grands de ce monde, parce que seuls ils ont droit Ă la mĂ©moire publique. 6 de Piles R., Cours de peinture par principes, Paris, Ă©d. J. Thuillier, 1989, p. 132. 7 Sorel Charles, La Description de lâĂźle de Portraiture et de la ville des portraits, Paris, 1659, p ... 38De la dignitĂ© du sujet dĂ©pend son traitement, qui oscille entre lâimitare, qui a le sens de donner lâimage de quelque chose, avec une certaine libertĂ© et le ritrarre donner une copie littĂ©rale de quelque chose. Pour le thĂ©oricien Roger de Piles, la stricte fidĂ©litĂ© aux traits du modĂšle nâest requise que pour les grands de ce monde Pour les hĂ©ros et pour ceux qui tiennent quelque rang dans le monde, ou qui se font distinguer par leurs dignitĂ©s, par leurs vertus ou par leurs grandes qualitĂ©s, on ne saurait apporter trop dâexactitude dans lâimitation de leur visage, soit que les parties sây rencontrent belles, ou bien quâelles y soient dĂ©fectueuses » car ces sortes de portraits sont des marques authentiques qui doivent ĂȘtre consacrĂ©es Ă la postĂ©ritĂ©, et dans cette vue tout est prĂ©cieux dans les portraits, si tout y est fidĂšle6. » Cette nĂ©cessitĂ© de rendre fidĂšlement le modĂšle vertueux, lâĂȘtre de haut rang sâexplique par les spĂ©culations physiognomoniques, trĂšs en vogue au xviie siĂšcle. En fait, la pratique conduit souvent Ă lâinverse il faut donner au personnage les traits convenant Ă sa fonction et Ă sa dignitĂ©. Il faut que le paraĂźtre corresponde Ă lâĂȘtre social, il faut donner Ă chaque personnage lâattitude, les vĂȘtements, les attributs de sa âqualitĂ©â, câest-Ă -dire sa position dans la sociĂ©tĂ© » E. Pommier. DĂ©jĂ LĂ©onard de Vinci prĂ©conisait que le roi soit barbu, plein de gravitĂ© dans lâair et les vĂȘtements [âŠ]. Les gens de basse condition doivent ĂȘtre mal parĂ©s, en dĂ©sordre et mĂ©prisables [âŠ] avec des gestes vulgaires et tapageurs ». Dans sa Description de lâĂźle de portraiture 1659 Charles Sorel se moque lui aussi du succĂšs du portrait, de ces modĂšles qui veulent apparaĂźtre dans des vĂȘtements trĂšs magnifiques, et la plupart ne se souci[ant] point sâils Ă©taient conformes Ă leur naturel et Ă leur condition7 ». Analysant le Portrait dâOmer II Talon Washington, National Gallery peint en 1649 par Philippe de Champaigne, Lorenzo Pericolo remarque quâen tant qu' avocat gĂ©nĂ©ral au parlement de Paris, le modĂšle usurpe » en quelque sorte une posture et un dĂ©cor typique dâun roi ou dâun aristocrate ». 8 Pour reprendre le titre de lâouvrage de G. Sadoul, Jacques Callot miroir de son temps, Paris, 19 ... 39E. Pommier montre au long de son livre combien il est difficile dâapprĂ©cier le rĂ©alisme » dâun portrait. Lâart, comme le langage, est dâabord un systĂšme de signes qui demandent interprĂ©tation. Il faut donc se mĂ©fier de la tentation de voir dans les romans, les gravures ou les peintures un miroir de leur temps8 ». Ils correspondent aux attentes de la clientĂšle. Le cas des portraits de paysans des Le Nain est intĂ©ressant parce que nous voyons des paysans reprĂ©sentĂ©s avec une grande fidĂ©litĂ© apparente des traits, et en mĂȘme temps une grande dignitĂ©. Dans la peinture hollandaise, on trouve souvent des intĂ©rieurs paysans, comme celui peint par Adriaen Van Ostade vers 1635 Munich, Bayerische StaatsgemĂ€ldesammlungen. On y voit des hommes et des femmes boire et fumer. Mais les physionomies sont viles, bouffonnes, tout Ă fait conformes aux prĂ©ceptes de LĂ©onard. Les acheteurs dâune telle toile ne sont Ă©videmment pas du mĂȘme milieu et peuvent ainsi apprĂ©cier la distance qui les sĂ©pare de ces comportements. Une mise en garde contre les dĂ©bordements des sens nâest pas absente. En effet, dans un milieu modeste, les passions sont censĂ©es sâexprimer plus librement, en tout cas leur reprĂ©sentation ne requiert pas les mĂȘmes contraintes. Adriaen Brouwer, par exemple, illustre les Ă©motions humaines Ă travers ses portraits populaires. 9 Antoine 1588 ?-1648, Louis 1593 ?-1648 et Mathieu 1607-1677. Ils ont un atelier commun et si ... 10 Champfleury, Essai sur la vie et lâĆuvre des Le Nain, Paris, 1850, p. 38. 40A priori rien de tel dans le Repas de paysans 1642, Paris, Louvre ou la Famille de paysans v. 1645-1648, Paris, Louvre des frĂšres Le Nain9. Câest le rĂ©alisme » de la scĂšne qui frappe. Pour Champfleury, qui est Ă lâorigine de la redĂ©couverte de ces peintres, ce sont des historiens » qui apprennent plus sur les mĆurs de leur temps [âŠ] que bien des gros livres10 ». Une critique marxiste sâest emparĂ© de ces peintres populaires », mais il a vite Ă©tĂ© montrĂ© que les trois frĂšres ont fait partie des membres fondateurs de lâAcadĂ©mie et que Mathieu, qui a vĂ©cu plus longtemps, a pu faire une assez belle fortune et a cherchĂ©, aprĂšs lâachat dâune terre prĂšs de Laon, Ă se faire appeler seigneur de la Jumelle. Fait exceptionnel pour un peintre, il a Ă©tĂ© fait chevalier du Saint-Michel pour ses services dans la milice de Paris, mais il nâa pu faire preuve de sa noblesse. Pourtant, il a Ă©tĂ© vite remarquĂ© que les paysans reprĂ©sentĂ©s Ă©taient bien habillĂ©s, possĂ©daient des verres, etc. Beaucoup dâhistoriens ont continuĂ© Ă vouloir y voir des documents transparents, des fenĂȘtres ouvertes sur le monde paysan des environs de Laon au xviie siĂšcle. Ansi, Neil McGregor voit dans les paysans des Le Nain lâillustration dâun dĂ©veloppement historique ». Pour lui, les acheteurs de ces tableaux sont des membres de la bourgeoisie qui achĂštent alors des terres autour de leurs villes natales et les mettent en valeur eux-mĂȘmes ou les confie Ă un fermier. Ils auraient plaisir Ă avoir des portraits de leurs paysans, envers lesquels ils seraient animĂ©s dâune bienveillance patriarcale. La dignitĂ© des attitudes et la noblesse des traits des personnages nous Ă©loignent du dĂ©dain et du rire de Van Ostade. Toutefois, il est difficile de croire Ă un tĂ©moignage naturaliste sur la condition paysanne. Pierre Goubert et JoĂ«l Cornette, aprĂšs dâautres, ont remarquĂ© les Ă©chos eucharistiques du Repas de paysans, qui reprĂ©sente sans doute une visite de charitĂ©, telles quâelles Ă©taient organisĂ©es vers 1640 par des institutions comme la compagnie du Saint-Sacrement. On peut alors songer Ă certains bodegones de VĂ©lasquez, mĂȘme sâils ne procĂšdent pas de la mĂȘme filiation picturale. Ce genre nĂ© Ă SĂ©ville et Ă TolĂšde, qui mĂȘle la nature morte et la scĂšne de genre est un des rares genres profanes de la peinture espagnole. On y voit des gens du peuple se livrer Ă des activitĂ©s trĂšs quotidiennes notamment autour de la prĂ©paration et de la consommation du repas. Pourtant, il nâest pas si profane que cela. La mĂ©ditation religieuse est quelquefois explicite comme dans Le Christ chez Marthe et Marie 1618, Londres, National Gallery, oĂč lâon voit une jeune femme cuisiner, tandis quâune vieille femme semble lui montrer une image au statut assez compliquĂ© est-ce une scĂšne vue Ă travers une fenĂȘtre, est-ce un tableau ? reprĂ©sentant la scĂšne Ă©vangĂ©lique qui donne son nom au tableau. LâinterprĂ©tation complĂšte est difficile, mais il sâagit sans doute dâune mĂ©ditation sur la vie active et la vie contemplative, Ă laquelle se joint peut-ĂȘtre la remarque de ThĂ©rĂšse dâAvila, selon laquelle le chemin du Christ passe par les ustensiles de cuisine⊠Le portrait dâhommes et de femmes humbles convient particuliĂšrement aux vertus Ă©vangĂ©liques de pauvretĂ© et de simplicitĂ©. 41Cela nâenlĂšve rien au caractĂšre trĂšs convaincant de la reprĂ©sentation, mais le peintre, qui construit savamment ces scĂšnes dans son atelier, ne cherche pas Ă faire un reportage sur une famille paysanne. Il cherche certainement la vraisemblance, mais ce respect du rĂ©el est empreint dâune religiositĂ© profonde, et conditionnĂ© par la plus ou moins subtile mĂ©ditation quâil veut offrir Ă lâamateur. Les stĂ©rĂ©otypes sociaux dans la littĂ©rature espagnole du SiĂšcle dâor 11 FernĂĄndez Alvarez M., La Sociedad española en el Siglo de Oro, Madrid, 1983. 42La littĂ©rature du SiĂšcle dâor espagnol reflĂšte, souvent avec des caractĂšres sombres, toute une sĂ©rie de stĂ©rĂ©otypes sociaux. LâĂ©chantillon le plus complet dâun monde oĂč pullulent les dĂ©shĂ©ritĂ©s mendiants et pauvres honteux, soldats en guenilles, Ă©tudiants dissolus, hidalgos de haute lignĂ©e Ă la maigre fortune, prostituĂ©es⊠et dans lequel se distingue la figure du picaro, personnage qui donna lieu Ă lâun des genres littĂ©raires les plus en vogue dans lâEspagne du xviie siĂšcle11. Lâintention satirique des auteurs de ce genre les conduisit Ă confronter la vie du picaro Ă celle des puissants maĂźtres quâils servaient seigneurs et ecclĂ©siastiques de toutes conditions principalement dont les dĂ©fauts et lâhypocrisie sont mis en relief par ces antihĂ©ros. Le picaro devient ainsi le personnage antagonique du chevalier vertueux et honorable que le roman de chevalerie avait consacrĂ©. Personnage de basse extraction sociale, abandonnĂ© par la fortune, et qui survit dans le monde de la pĂšgre grĂące Ă son habiletĂ© dans la tromperie et lâescroquerie. Etranger Ă tout code de conduite honorable, il atteint ses objectifs grĂące Ă sa ruse mais sans recourir Ă la violence. Il aspire par-dessus tout Ă amĂ©liorer sa condition sociale, bien quâil Ă©choue constamment dans ses tentatives, reflĂ©tant ainsi lâimpermĂ©abilitĂ© sociale qui caractĂ©risa lâEspagne du moment. 12 Maravall J. A., La literatura picaresca desde la historia social, Madrid, 1986. 43Bien que la figure du picaro soit dĂ©jĂ prĂ©sente avec la plupart des traits qui le dĂ©finissent dans le Lazarillo de Tormes 1554, son plus haut niveau littĂ©raire est obtenu par Mateo AlemĂĄn avec son GuzmĂĄn de Alfarache 1599. Au xviie siĂšcle, QuĂ©vĂ©do consacre cette figure satirique dans sa Vida del BuscĂłn llamado don Pablos 1603 ?, et il existe toute une plĂ©iade de romans durant la premiĂšre moitiĂ© du xviie siĂšcle avec une perspective burlesque de mĂȘme nature, dans lesquels on voit dĂ©filer des personnages, masculins et fĂ©minins, qui rĂ©pondent Ă ces caractĂ©ristiques, comme El GuitĂłn Onofre Gregorio GonzĂĄlez, 1604, La pĂcara Justina Francisco LĂłpez de Ubeda, 1605, La Ingeniosa Elena, fille supposĂ©e de La CĂ©lestine Alonso JerĂłnimo de Salas Barbadillo, 1612 et 1614, le Lazarillo del Manzanares Juan CortĂ©s de Tolosa, 1620, Gregorio Guadaña Antonio EnrĂquez GĂłmez, 1644 ou Estebanillo GonzĂĄlez Gabriel de Vega, 1646. Quelques autres personnages de romans qui ne cadrent pas complĂštement avec ce genre littĂ©raire partagent Ă©galement nombre de ses caractĂ©ristiques, comme en tĂ©moignent Rinconete y Cortadillo de CervantĂšs 1613, ou El Diablo Cojuelo de LuĂs VĂ©lez de Guevara 1641. Si le picaro est un personnage qui sâĂ©panouit principalement en milieu urbain, le chevalier le fait en milieu rural ; câest ainsi que le reprĂ©sente Alonso JerĂłnimo Salas Barbadillo dans son Caballero perfecto 1620 et dans son antithĂšse El Caballero puntual 161612. 13 Maravall J. A., Teatro y literatura en la Sociedad Barroca, Barcelona, 1990. 44Face au caractĂšre satirique et critique du roman picaresque, le théùtre, dâaprĂšs Maravall, tenta de maintenir en vigueur un systĂšme de pouvoir préétabli et, par consĂ©quent, la stratification et la hiĂ©rarchie des groupes sociaux13. Ă travers le théùtre de Lope de Vega, CalderĂłn de la Barca, ou de Tirso de Molina, les espagnols assumĂšrent un systĂšme de conventions » qui soutenait un ordre social dans lequel les autoritĂ©s politique et religieuse Roi et Inquisition garantissaient sa validitĂ©. Ainsi, dans une Ă©poque de crise, comme celle que connut lâEspagne au cours du xviie siĂšcle, le théùtre fut lâun des piliers sur lesquels reposa la campagne de renforcement de la sociĂ©tĂ© seigneuriale. Les conflits sociaux seront la thĂ©matique fondamentale des piĂšces de théùtre, le dĂ©sir dâascension sociale Ă©tant prĂ©sentĂ© de façon rĂ©currente, bien que les personnages vertueux coĂŻncident toujours avec ceux qui acceptent de bonne grĂące leur statut. Le théùtre privilĂ©gia une sĂ©rie de valeurs traditionnelles comme lâhonneur, la puretĂ© de sang, la foi, la richesse â spĂ©cialement celle du laboureur â lâamour pur⊠en faisant ressortir Ă©galement la diffĂ©renciation bipolaire de la sociĂ©tĂ© entre riches et pauvres, nobles et vilains, seigneurs et serviteurs, oisifs et travailleurs, et parvenant Ă identifier richesse avec noblesse. Lâarbitrisme 14 NDT Le substantif arbitrismo » nâest pas inclus dans le Diccionario de la Real Academia. Seuls ... 15 Vilar J., Literatura y EconomĂa. La figura satĂrica del arbitrista en el Siglo de Oro, Madrid, 197 ... 45En Espagne, la sociĂ©tĂ© fut Ă©galement lâobjet dâune rĂ©flexion par un courant de pensĂ©e que lâon nomme lâarbitrismo » lâarbitrisme14. Est considĂ©rĂ© arbitrista » lâindividu qui propose des plans et des projets arbitrios, insensĂ©s ou rĂ©alisables, pour soulager les Finances Publiques ou remĂ©dier Ă des maux politiques. Le caractĂšre majoritairement pĂ©joratif du terme est issu de son origine littĂ©raire, car câest dans ce sens que CervantĂšs lâutilise pour la premiĂšre fois dans son Coloquio de los perros 1613. QuĂ©vĂ©do sâexprima Ă©galement avec une fĂ©rocitĂ© particuliĂšre dans son ouvrage La hora de todos o la fortuna con seso 163515. 16 NDT terme employĂ© ici pour dĂ©clin ou dĂ©cadence. 17 GarcĂa CĂĄrcel R., Las culturas del Siglo de Oro, Madrid, 1998. 46Dans lâhistoriographie actuelle, on entend par arbitrismo » ce courant de pensĂ©e politique et Ă©conomique qui, Ă©mergeant au temps de Philippe II, trouve son groupe le plus fourni de reprĂ©sentants dans la Castille des deux premiers tiers du xviie siĂšcle. La majeure partie de ces Ă©rudits se virent encouragĂ©s Ă adresser leurs arbitrios » solutions aux principales autoritĂ©s, y compris au Roi, par leur profonde conviction de la dĂ©cadence du Royaume, dont la cause, selon eux, rĂ©sidait dans un ou plusieurs problĂšmes sociaux, Ă©conomiques et financiers qui caractĂ©risĂšrent lâEspagne du SiĂšcle dâor. Parmi ceux-ci on distingue lâaugmentation des prix fruit de lâabondance dâor et dâargent en provenance dâAmĂ©rique, la diminution corrĂ©lative de la compĂ©titivitĂ© des produits espagnols et lâintroduction correspondante de marchandises Ă©trangĂšres qui provoquaient la ruine de lâindustrie nationale, la dĂ©cadence du commerce et lâabandon de lâagriculture et de lâĂ©levage. Les arbitristas » dĂ©noncĂšrent Ă©galement lâappauvrissement progressif de lâĂtat, dont la dĂ©pense publique croissante dĂ©coulant de lâentretien dâune armĂ©e plĂ©thorique, dispersĂ©e sur un vaste territoire Ă©tait compensĂ©e par lâaugmentation des impĂŽts, gangrĂšne financiĂšre dont le reflet nâest autre que la ruine de la nation et le dĂ©peuplement. Tout cela, dâaprĂšs de nombreux arbitristas », provoquait lâabandon des activitĂ©s de production et dâinvestissement de la part des Espagnols, tandis que les Ă©trangers devenaient les maĂźtres des ressorts Ă©conomiques du pays. De la mĂȘme façon, ils imputaient Ă lâexcessive circulation monĂ©taire le goĂ»t du luxe et de lâoisivetĂ© dans les classes possĂ©dantes, et la nĂ©gligence qui sâensuivait pour les activitĂ©s productives. La consĂ©quence de tout cela fut la declinaciĂłn16 » de la Nation, terme qui rĂ©sumait parfaitement leur impression de vivre un moment de crise Ă©conomique et sociale17. 47Bien que les termes arbitrio » et arbitrista » aient Ă©tĂ© employĂ©s dans la littĂ©rature du SiĂšcle dâor dans un sens clairement pĂ©joratif, les avis de ces individus Ă©tant jugĂ©s insensĂ©s, il est certain que parmi ceux qui Ă©mirent leur opinion, il y eut de nombreux personnages lucides, intelligents et des professionnels de toutes sortes dâactivitĂ©s, qui surent observer avec acuitĂ© les problĂšmes Ă©conomiques et sociaux de lâEspagne dâalors et prĂ©voir des solutions. Parmi les plus importantes figures de cette Ă©cole de pensĂ©e il y eut le comptable du TrĂ©sor Luis Ortiz, auteur du Memorial al Rey para que no salgan dineros de España 1558 ; lâavocat de la Chancellerie Royale de Valladolid, MartĂn GonzĂĄlez de Cellorigo, continuateur de ce que lâon appela lâEcole de Salamanque » et auteur du Memorial de la polĂtica necesaria y Ăștil restauraciĂłn a la repĂșblica de España 1600 ; le mĂ©decin CristĂłbal PĂ©rez de Herrera, rĂ©dacteur dâun mĂ©moire dans lequel Ă©taient abordĂ©es⊠de nombreuses choses touchant au bien, Ă la propriĂ©tĂ©, Ă la richesse, Ă la futilitĂ© de ce royaume et au rĂ©tablissement des gens » 1610 ; le professeur en Ăcritures SacrĂ©es, Sancho de Moncada, dont les Discursos 1619 seraient rééditĂ©s en 1746 sous le titre RestauraciĂłn polĂtica de España ; le chanoine et consultant du Saint-Office, Pedro FernĂĄndez de Navarrete, qui Ă©crivit le livre intitulĂ© ConservaciĂłn de MonarquĂas 1626 ; Miguel Caxa de Leruela, du Conseil de Castille et Visiteur GĂ©nĂ©ral du Royaume de Naples, dont lâĆuvre la plus connue sâintitulait RestauraciĂłn de la abundancia de España 1631 ; ou le procurateur des galĂ©riens Francisco MartĂnez de Mata, auteur de cĂ©lĂšbres Memoriales et Discursos 1650-1660.
LaderniĂšre fonctionnalitĂ© de Codycross est que vous pouvez rĂ©ellement synchroniser votre jeu et y jouer Ă partir d'un autre appareil. Connectez-vous simplement avec Facebook et suivez les instructions qui vous sont donnĂ©es par les dĂ©veloppeurs. Cette page contient des rĂ©ponses Ă un puzzle Mode de vie des artistes en marge de la sociĂ©tĂ©. Des livres qui traitent de notre vie commune, des sujets de sociĂ©tĂ©, occidentales ou de celles plus ou moins favorisĂ©es des autres parties du monde. Les sujets traitĂ©s seront les classes sociales, le travail associatif, la pauvretĂ©, l'intĂ©gration, les modes de vies, Il y a 926 produits. RĂ©sultats 65 - 96 sur 926. In Plain Air *signĂ© / non signĂ©* PrĂ©sentation de Mack [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " In Plain Air est un portrait lyrique du Prospect Park de Brooklyn, Ă New York, vu par le prisme des visiteurs que Irina Rozovsky a Ă©tudiĂ©s, chacun d'entre eux cherchant Ă Ă©chapper au vacarme de la ville toute proche. L'idĂ©e de ce projet a germĂ©e dix ans plus tĂŽt, lorsque l'artiste prit un petit... $ Disponible Midnight La Frontera PrĂ©sentation par TBW Books [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Entre 1983 et 1987, le long de la frontiĂšre Californie / Mexique, Ken Light prit son Hasselblad et son flash et embarqua avec les agents de la police des frontiĂšres [US Border Patrol] au milieu de la nuit alors qu'il passaient au peigne fin la zone de Otay Mesa Ă la recherche de migrants... $ Ajouter au panier Rupture de stock Berlin Pictures *signĂ© / non signĂ©* PrĂ©sentation de Kominek Books [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " De 2012 Ă 2019, Mark Steinmetz a photographiĂ© les rues de Berlin. Ce travail prend corps aujourd'hui dans le livre Berlin Pictures, publiĂ© par Kominek Books en 2020. Le cĂŽtĂ© tendre tout comme le cĂŽtĂ© abrupt de Berlin sont prĂ©sentĂ©s dans des photographies Ă la fois poĂ©tiques et... $ Disponible Daughters of Magic PrĂ©sentation de Hartmann Books [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Mihaela Minca est la plus puissante sorciĂšre de Roumanie. La profession est une tradition dans la famille de Mihaela; sa mĂšre et sa grand-mĂšre Ă©taient dĂ©jĂ des sorciĂšres. Aujourd'hui, elle gĂšre une entreprise internationale prospĂšre avec ses filles et sa belle-fille des philtres... $ Disponible Paris Nord PrĂ©sentation de Building Books " PremiĂšre monographie de Myr Muratet, Paris Nord propose un regard sensible sur les formes fragiles, prĂ©caires et inventives dĂ©veloppĂ©es par les populations qui vivent Ă la marge. Ă travers des images issues de sĂ©ries majeures du photographe Paris-Nord, Wasteland, CityWalk, La flore des friches on dĂ©couvre les... $ Ajouter au panier Rupture de stock Kontinent - In Search of Europe PrĂ©sentation de Hartmann Books [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Kontinent - In Search of Europe est le nouveau livre et nouveau projet d'exposition d'agence de photographes Ostkreuz, basĂ©e Ă Berlin. De maniĂšre irrĂ©guliĂšre, les membres de l'agence Ostkreuz choisissent un sujet commun sur lequel ils travailleront pendant plusieurs annĂ©es. AprĂšs... $ Disponible Ol Pejeta PrĂ©sentation de Loose Joints [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " La rĂ©serve Ol Pejeta au Kenya est l'un des plus grands sanctuaires de rhincĂ©ros dans le monde, et l'endroit oĂč vivent Najin et Fatu, une mĂšre et sa fille qui sont les derniers rhinocĂ©ros blancs vivants de la sous-espĂšce dite du nord ». Jack Davison s'est rendu Ă Ol Pejeta pour... $ Disponible Good Morning, America Volume III... PrĂ©sentation de GOST [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Good Morning, America Volume III est donc le troisiĂšme d'une sĂ©rie de cinq livres qui explorent le paysage culturel et physique des Etats-Unis. Lorsque Mark Power dĂ©buta son projet en 2012 il n'aurait pu prĂ©voir les changements tellement importants intervenu aux Etats-Unis durant cette... $ Disponible But Still, It Turns PrĂ©sentation de Mack [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Avec But Still, It Turns, Paul Graham prĂ©sente une thĂšse subtile, un manifeste revitalisant, pour la photographie. Les sĂ©ries prĂ©sentĂ©es ici, diverses et dynamiques, dĂ©fendent un engagement sans complexe, mais pas sans complexitĂ©, envers l'incroyable Ă©cheveau de la rĂ©alitĂ©. Sans ĂȘtre... $ Disponible Annals of the North PrĂ©sentation de Steidl [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Comme un almanach de l'univers de Whatever You Say, Say Nothing de Gilles Peress, Ă©galement publiĂ© cet hiver 2021 par Steidl, Annals of the North associe des essais, des rĂ©cits, des photographies, des documents et des tĂ©moignages, destinĂ©s Ă ouvrir au lecteur les scĂ©narios compliquĂ©s et... $ Disponible Transparencies Small Camera Works... PrĂ©sentation de Mack [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Transparencies Small Camera Works 1971-1979 offre un autre rĂ©cit de l'un des Ă©pisodes les plus cĂ©lĂšbres de l'histoire de la photographie les voyages au travers des Etats Unis qui ont donnĂ© naissance Ă la vision nouvelle et lumineuse du paysage amĂ©ricain que fĂ»t Uncommon Places. En plus... $ Ajouter au panier Rupture de stock Les crimes passionnels n'existent pas PrĂ©sentation de D'une rive Ă l'autre " Le travail photographique I would like you to see me » rĂ©alisĂ© par Arianna Sanesi en 2015, sur le fĂ©minicide en Italie, alors que ce terme Ă©tait pratiquement inconnu et que le phĂ©nomĂšne Ă©tait largement ignorĂ© par les mĂ©dias, est le point de dĂ©part de ce livre et de la rencontre entre les photographies d'Arianna... $ Disponible Freetown "Portraits de Villes" est une collection de livres photographiques oĂč une carte blanche est donnĂ©e Ă une artiste pour illustrer la ville de son choix. Chaque livre est un voyage artistique, guidĂ© par le regard singulier de chaque artiste. Robbie Lawrence a choisi Freetown, et ce travail rĂ©alisĂ© en 2017 documente les dĂ©fis posĂ©s par les problĂšmes de... $ Disponible 101 Pictures *signĂ©* PrĂ©sentation de RRB Photobooks [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " RRB Photobooks est trĂšs heureux de prĂ©senter 101 Pictures de Tom Wood. Le livre est un regard rĂ©flĂ©chi et concis sur le travail de Tom Wood, sur une sĂ©lection de photographies par Martin Parr et un editing et sĂ©quençage des images par Padraig Timoney. 101 Pictures est le premier... $ Ajouter au panier Rupture de stock Knit Club PrĂ©sentation de TBW Books [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " MĂ©ditation prĂ©monitoire dans la veine de la littĂ©rature Southern Gothic », le dernier projet de Carolyn Drake est issu d'une collaboration avec un groupe Ă©nigmatique de femmes du Mississippi qui se donnent parfois le nom de Knit Club ». La raison d'ĂȘtre du club est incertaine; Ă la... $ Ajouter au panier Rupture de stock Fingerprint *1er tirage / 2nd tirage* PrĂ©sentation de Stanley / Barker [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Souvent considĂ©rĂ©e comme l'oeuvre fondatrice de Jim Goldberg, Raised By Wolves assemble 10 annĂ©es de photographies, de textes, de films et d'installations en un rĂ©cit Ă©pique de la vie d'adolescents fugueurs dans les rues de San Francisco et de Los Angeles Ă la fin des annĂ©es 80 et au... $ Disponible VIRUS *signĂ©* .Stock Ă©puisĂ©. PrĂ©sentation par Studio Vortex " Nous ne sommes qu'un peu de chaleur solaire emmagasinĂ©e, organisĂ©e, un souvenir de Soleil. Un peu de phosphore qui brĂ»le dans les mĂ©ninges du monde. » - Paul CĂ©zanne... DĂšs le premier jour du confinement consĂ©cutif aÌ l'Ă©pidĂ©mie de Covid-19, Antoine d'Agata a parcouru les rues de Paris avec un... The Tourist PrĂ©sentation par AndrĂ© FrĂšre Editions " Certains contextes indiquent si clairement nos intentions que nous n'avons mĂȘme pas besoin de les exprimer pour ĂȘtre compris. Avec The Tourist, Kourtney Roy se distingue une fois encore comme une virtuose de la crĂ©ation contextuelle. The Tourist contient toutes les marques de fabrique de Roy que nous aimons et... $ Disponible Imagining Everyday Life Engagements with... PrĂ©sentation de Steidl [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Imagining Everyday Life Engagements with Vernacular Photography [Imaginer la vie de tous les jours ConsidĂ©rations sur la photographie vernaculaire] est une enquĂȘte sur le champ Ă©tendu de la photographie vernaculaire, cette vaste archive d'images utilitaires créées par des structures... $ Disponible Woman Go No'Gree .Ă nouveau disponible !. PrĂ©sentation du projet sur le site de Festival Images / Vevey " Pendant la peÌriode de colonialisme europeÌen, les cateÌgories de genre ont eÌteÌ petit aÌ petit institutionnaliseÌes dans diffeÌrentes cultures africaines. Dans son livre expresseÌment publieÌ aÌ l'occasion du Festival Images Vevey, l'artiste espagnole Gloria... $ Ajouter au panier Rupture de stock Living Trust PrĂ©sentation de Loose Joints [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Loose Joints est fier de prĂ©senter Living Trust, premiĂšre monographie de l'artiste amĂ©ricain basĂ© Ă Los Angeles Buck Ellison. Son travail Ă©tudie le langage du privilĂšge au travers d'une recherche trĂšs mĂ©ticuleuse d'images, souvent rĂ©alisĂ©es via des mises en scĂšne et l'intervention de... $ Ajouter au panier Rupture de stock 1099 PrĂ©sentation de Art Paper Editions [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " 1099 est le seconde partie de 2099, une sĂ©rie de photographie de Sybren Vanoverberghe. Le projet trouve son origine dans l'intĂ©rĂȘt de l'artiste pour la maniĂšre dont le temps modifie les paysages et les objets que l'on peut y rencontrer. Vanoverberghe questionne la maniĂšre... $ Disponible Portraits and Dreams *1er tirage* PrĂ©sentation de Mack [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Lorsque Wendy Ewald arriva au coeur des Appalaches en 1975, elle dĂ©buta un projet dont le but Ă©tait de rĂ©vĂ©ler les vies, les rĂȘves intimes et les peurs des Ă©coliers sur place. Devant trouver des moyens authentiques de reprĂ©senter la vie de ces enfants, elle donna Ă chacun un appareil photo... $ Ajouter au panier Rupture de stock Half-Light PrĂ©sentation de VOID [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Half Light est fait de rencontres Ă coeur ouvert entre LoĂŻc Seguin et les personnes avec qui il partage des moments de sa vie quotidienne. Il n'y a aucune prĂ©tention artistique. Ni aucun besoin voyeuriste de prĂ©senter les gens d'un point de vue l'extĂ©rieur Ă leur univers. Sa photographie... $ Disponible Side Walk PrĂ©sentation par Atelier EXB " L'ouvrage Side Walk propose un voyage inĂ©dit Ă travers la sĂ©rie emblĂ©matique que Frank Horvat rĂ©alise Ă New York entre 1982 et 1986 mĂȘlant photographies iconiques et des images jamais publiĂ©es retrouvĂ©es dans ses archives avec la complicitĂ© du photographe et de sa fille. Une sĂ©rie personnelle qu'il dĂ©veloppe avec une... $ Disponible Kumo PrĂ©sentation de Libraryman [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Les nuages servent de dĂ©nominateur commun dans la poursuite de l'exploration de la jeunesse, collectivement et anonymement, par le photographe japonais Osamu Yokonami. Les mises en scĂšne utopistes dans Kumo reprĂ©sentent une analogie de l'homogĂ©nĂ©isation culturelle dans les rĂ©seaux... $ Disponible Autoportrait PrĂ©sentation de Steidl [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Autoportrait est la premiĂšre monographie qui couvre l'intĂ©gralitĂ© de l'oeuvre aux multiples facettes de Samuel Fosso. Depuis le milieu des annĂ©es 70, l'artiste a concentrĂ© son travail sur l'autoportrait et la performance, Ă©tudiant les variations d'identitĂ© dans l'Ăšre post-coloniale.... $ Disponible Rural PrĂ©sentation de la Fondation Cartier pour l'art contemporain " Au cours des annĂ©es 1990 et 2000, Raymond Depardon sillonne la France paysanne avec sa chambre photographique 6 x 9. De cette exploration du monde rural, il rĂ©alise des photographies en noir et blanc qui racontent la terre, les hommes, le travail manuel, lâisolement et la fragilitĂ© des... $ Ajouter au panier Rupture de stock Badjaos *signĂ©* PrĂ©sentation par Les Ăditions de Juillet " Perdus aux frontiĂšres du nord de BornĂ©o, de l'archipel des CĂ©lĂšbes en IndonĂ©sie et du sud des Philippines, naviguant sur les mers de Sulu et des CĂ©lĂšbes, des milliers de nomades de la mer de Badjao voient leur mode de vie menacĂ©, tout comme leurs cousins sĂ©dentaires et toutes les populations de la rĂ©gion qui... $ Disponible Afternoons PrĂ©sentation de Hassla Books [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Toucher est presque choquant Ă voir. Dans un film, un groupe d'amis assis autour d'une table. L' touche l'Ă©paule d' autre affectionneusement et cela est ressenti comme une violence. Dans la rue, les gens s'Ă©vitent, comme une danse, ou une concession, laissant de la place... $ Disponible Everyday Africa .DERNIER EXEMPLAIRE !. PrĂ©sentation de Kehrer [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " Everyday Africa 30 Photographers Re-Picturing a Continent combat les clichĂ©s qui prĂ©sentent l'Afrique comme un lieu uniquement de pauvretĂ©, de maladies, et de guerres. PrĂ©sentant une sĂ©lection des meilleures images de ce projet trĂšs populaire sur les rĂ©seaux sociaux, le... $ Disponible A1 - The Great North Road *signĂ© / non... .Exemplaires du second tirage de 2021 de la réédition Mack, 2020 de ce livre. PrĂ©sentation par Mack [traduction L'Ascenseur VĂ©gĂ©tal] " A1 - The Great North Road a Ă©tĂ© le premier livre de Paul Graham, auto-publiĂ© en 1983 [via Grey Editions]. Bien que la scĂšne de la photographie britannique de l'Ă©poque ait Ă©tĂ© trĂšs dynamique, il ne fĂ»t publiĂ© que... $ Disponible RĂ©sultats 65 - 96 sur 926. Selonla dĂ©finition qu'en donne Le Petit Larousse, il s'agit de «quelqu'un qui vit en marge de la sociĂ©tĂ© organisĂ©e, faute de pouvoir s'y intĂ©grer ou par refus de se soumettre Ă ses normes». Si on accepte ce principe, bien des individus dĂ©rogent aux normes Ă©tablies: ceux qui n'ont pas Internet, pas de tĂ©lĂ©phone cellulaire ou pas dePour emprunter les mots de lâĂ©conomiste Milton Friedman, figure influente des milieux conservateurs et libertariens amĂ©ricains, une crise, quâelle soit actuelle ou perçue, a le potentiel de produire une rĂ©elle transformation sociale; lorsquâelle survient, les actions entreprises dĂ©pendent notamment des idĂ©es qui traĂźnent dans lâinconscient social1. Suivant ce prĂ©sage, ou cet avertissement, quelle transformation sociale peut-on espĂ©rer ? Une telle entreprise de dĂ©placement du sens commun a de meilleures chances dâopĂ©rer progressivement si nous reprenons contact avec le potentiel Ă©mancipatoire des arts. Il sâagit peut-ĂȘtre lĂ dâun enjeu important du travail des artistes expĂ©rimenter des alternatives aux modes de vie existants, les maintenir vivants et disponibles jusquâĂ ce que le politiquement impossible devienne inĂ©vitable. Lâart comme vecteur du progrĂšs est un programme ambitieux, certainement pas nouveau; or je crois quâil est toujours possible grĂące Ă lâentretien dâamitiĂ©s, Ă lâintĂ©gration dâune pensĂ©e et dâune pratique contre-hĂ©gĂ©monique, ainsi quâen rĂ©imaginant nos futurs collectifs. Actio in distans Au moment oĂč les sociĂ©tĂ©s doivent nĂ©gocier les modalitĂ©s dâune distanciation sanitaire des corps, nous pourrions voir les arts en tant que territoires des amitiĂ©s inclusives. En introduction de lâessai RĂšgles pour le parc humain 2000, rĂ©ponse Ă la Lettre sur lâhumanisme de Heidegger, le philosophe Peter Sloterdijk souligne comment lâĂ©dification dâune pensĂ©e humaniste sâest appuyĂ©e sur lâentretien dâamitiĂ©s Ă travers le temps. Que ceux qui expĂ©dient des messages ne soient pas en mesure de prĂ©voir qui en seront les rĂ©els destinataires fait partie des rĂšgles du jeu de la culture Ă©crite. Les auteurs sâembarquent dans lâaventure, pourtant, et mettent en circulation leurs lettres Ă des amis non identifiĂ©s2. » Il en va de mĂȘme pour les arts visuels oĂč les Ćuvres sont bien souvent destinĂ©es Ă un public dont lâidentitĂ© est symptomatiquement inconnue des artistes. En suivant la pensĂ©e de Sloterdijk, nous comprendrons que la crĂ©ation permet sans doute de rejoindre, en addition de nos contemporains, toute une communautĂ© de filiation qui nâexiste pas encore. Du point de vue Ă©rotologique, cette amitiĂ© hypothĂ©tique entre ceux qui rĂ©digent des livres ou des lettres et ceux qui les reçoivent reprĂ©sente un cas dâamour Ă distance â tout Ă fait dans lâesprit de Nietzsche â, pour qui lâĂ©criture a le pouvoir de transformer lâamour du prochain â et du proche â en amour pour une vie inconnue, lointaine et future3. » Sloterdijk ajouterait que la crĂ©ation jette non seulement un pont entre des amitiĂ©s dĂ©jĂ Ă©tablies bien que gĂ©ographiquement Ă©loignĂ©es, mais [quâ]elle lance [aussi] une opĂ©ration vers lâinconnu, actionne la sĂ©duction sur le lointain, ce que dans le langage de la magie de la vieille Europe on appelle actio in distans visant Ă reconnaĂźtre lâami inconnu et Ă lâinviter Ă se joindre au cercle4. » Les artistes sont rarement en mesure de comprendre lâĂ©tendue des signaux amicaux qui sont communiquĂ©s Ă travers leurs Ćuvres et donc de saisir lâimportance que ces derniĂšres ont dans la vie des publics qui les reçoivent. Les Ćuvres agissent comme des intermĂ©diaires, empruntant une certaine polysĂ©mie du langage pour avoir action dans le monde physique; une action alchimique sans doute. Encore sâagit-il de sĂ©curiser les conditions matĂ©rielles Ă la crĂ©ation, dâentretenir lâespace dâattention nĂ©cessaire Ă sa rĂ©ception et surtout dâĂ©tendre le cercle des personnes y Ă©tant invitĂ©es. Il sâagit peut-ĂȘtre lĂ dâun enjeu important du travail des artistes expĂ©rimenter des alternatives aux modes de vie existants, les maintenir vivants etdisponibles jusquâĂ ce que le politiquement impossible devienne inĂ©vitable. LibertĂ© synthĂ©tique Sous quels critĂšres lâutilitĂ© » des artistes est-elle dĂ©terminĂ©e ? Comment leur travail pourrait-il ĂȘtre rĂ©munĂ©rĂ© adĂ©quatement ? Il est rĂ©vĂ©lateur de voir comment, avec lâĂ©pidĂ©mie de COVID-19, le terme de travailleur essentiel sâest imposĂ© dans le langage populaire. Ă juste titre, lâattention est dâabord portĂ©e au personnel soignant. Or, au moment oĂč lâon tente dâĂ©tendre Ă qui sâappliquerait le qualificatif essentiel », on retombe vite dans les dictats de lâĂ©conomie. Selon la philosophe amĂ©ricaine Nancy Fraser notre crise gĂ©nĂ©rale est une crise dâhĂ©gĂ©monie. [âŠ] Les idĂ©es indispensables pour ce constat viennent dâAntonio Gramsci. LâhĂ©gĂ©monie est le terme quâil emploie pour dĂ©signer le processus par lequel une classe dirigeante fait apparaĂźtre sa domination comme naturelle en installant les prĂ©supposĂ©s de sa propre vision du monde en tant que sens commun de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble5. » Suivant la pensĂ©e de Gramsci, lâhĂ©gĂ©monie nĂ©olibĂ©rale est constituĂ©e autour de deux composantes normatives essentielles la distribution et la reconnaissance recognition6. Dans le premier cas, la distribution reprĂ©sente la circulation du capital au sein dâune sociĂ©tĂ©, ce qui revient Ă identifier qui peut lĂ©gitimement recevoir un salaire, pour quel travail et en quelle mesure. Le principe de reconnaissance traite quant Ă lui de la distribution symbolique du respect ou de lâestime. Notons que des politiques progressistes de reconnaissance ou de reprĂ©sentativitĂ© peuvent servir Ă cacher lâabsence de politiques de distribution qui seraient rĂ©ellement bĂ©nĂ©fiques aux communautĂ©s concernĂ©es Sâappuyant sur les forces progressistes de la sociĂ©tĂ© civile, les nĂ©olibĂ©raux ont diffusĂ© une philosophie de reconnaissance qui Ă©tait superficiellement Ă©galitaire et Ă©mancipatrice. Au cĆur de cette Ă©thique se trouvaient des idĂ©aux de diversitĂ©, dâempowerment des femmes, de droits LGBTQ+, de post-racisme, de multiculturalisme et dâenvironnementalisme. LâĂ©galitĂ© signifiait la mĂ©ritocratie7. » Une lecture succincte des fondements de lâhĂ©gĂ©monie nĂ©olibĂ©rale permet de mieux saisir les questionnements internes qui traversent actuellement le milieu culturel. DĂ©fendre uniquement la culture en pointant les retombĂ©es Ă©conomiques quâelle gĂ©nĂšre revient Ă concĂ©der que sa valeur nâa dâĂ©gale que son habilitĂ© Ă reconduire lâhĂ©gĂ©monie qui, pourtant, la mine. ConcrĂštement, la prĂ©caritĂ© financiĂšre des artistes, la disparition des ateliers ou lâaccĂšs restreint au financement public poussent Ă entretenir une vision compĂ©titrice de la crĂ©ation. En apparence, un systĂšme de mĂ©rite partage les artistes qui pourront poursuivre leur travail de celles et ceux qui seront refoulĂ©s aux marges. La socialisation devient du networking; la crĂ©ation une forme sophistiquĂ©e de branding. Lorsque Sloterdijk relate lâhistoire de lâOccident de lâaprĂšs-guerre et lâĂ©rosion subsĂ©quente des modes de transmission de la pensĂ©e humaniste, voire de la dĂ©sirabilitĂ© de cette derniĂšre, le philosophe fait valoir la nĂ©cessitĂ© dâun projet dâauto-Ă©ducation, indiquant quâil faudrait sâinquiĂ©ter de lâabsence dâun tel projet au XXIe siĂšcle. Nâest-ce pas lĂ une considĂ©ration particuliĂšrement pressante en temps de crise ? Comment envisager de nouvelles perspectives pour la modernitĂ©, axĂ©es autour des idĂ©aux de lâĂ©cologisme, du progrĂšs, de la raison, de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie ? Qui seront les porteurs de ces idĂ©aux ? Je propose de reconnaĂźtre lâimpasse qui se poursuivra si nous acceptons de taire lâinfiltration de la pensĂ©e nĂ©olibĂ©rale dans la dĂ©finition et le sous-financement de la culture. PlutĂŽt que de nous contenter dâune Ă©conomie de survie, rĂ©clamons-nous des mouvements populistes et progressifs de redistribution. Nous parlerons ici de participer Ă la construction et Ă la circulation dâun rĂ©el projet contre-hĂ©gĂ©monique; et non plus Ă lâamĂ©nagement de bulles de rĂ©sistance ou dâĂ©mancipation, aussi fragiles et cosmĂ©tiques puissent-elles se rĂ©vĂ©ler. Dans lâessai Inventing the Future, Postcapitalism and a World Without Work 2015, Nick Srnicek et Alex Williams rappelleront que la libertĂ© est une entreprise synthĂ©tique, non pas un cadeau naturel8 ». Les auteurs expriment ici un malaise, câest-Ă -dire que la libertĂ© individuelle demeure un concept limitĂ© Ă son cadre matĂ©riel. Soyons rĂ©alistes de reconnaĂźtre que sous le capitalisme nĂ©olibĂ©ral, la rĂ©elle Ă©mancipation ne sâest rĂ©alisĂ©e que pour une classe sociale de plus en plus restreinte. La poursuite dâun projet contre-hĂ©gĂ©monique vise notamment Ă maximiser les libertĂ©s synthĂ©tiques pour toutes et tous, Ă tendre vers le dĂ©ploiement de notre horizon collectif. Dans cette perspective, nous aurions Ă repenser complĂštementnotre rapport au temps libre, au travail et au salariat. Ken Lum, Melly Shum Hates Her Job 1989Plexiglass, impression chromogĂšne et vinyle. Courtoisie de royale projects Encore aujourdâhui, le travail des artistes inclut principalement des actions pour lesquelles aucun salaire nâest considĂ©rĂ© comme justifiĂ©. Ce travail invisible comprend des formes de recherche, dâĂ©ducation, de soin, de travail domestique, Ă©motionnel ou de reproduction de la sociĂ©tĂ©. Non exclusives aux activitĂ©s des artistes, ces formes de travail non reconnues par un revenu touchent de maniĂšre disproportionnĂ©e les femmes et les groupes minoritaires. Ă ce titre, lâimplantation de mesures Ă©conomiques progressistes telles que le revenu minimum universel ou le salaire Ă vie9 », pour ne nommer que celles-ci, offre des avenues Ă considĂ©rer pour Ă©tendre la dĂ©finition du travail socialement nĂ©cessaire. Bien entendu, toute sociĂ©tĂ© contemporaine doit laisser place Ă une Ă©thique du travail en valorisant le devoir de faire Ćuvre utile pour autrui et non pas que pour soi-mĂȘme. Comme le souligne lâĂ©conomiste Philippe Van Parijs lors dâun entretien avec lâartiste Hannah Black, le revenu minimum universel ne se dĂ©barrasserait pas dâun devoir dâutilitĂ© sociale. Au contraire, puisquâil Ă©largit lâĂ©ventail des activitĂ©s socialement utiles, rĂ©munĂ©rĂ©es ou non, ouvertes Ă ceux qui en ont le moins; il renforce la lĂ©gitimitĂ© dâun tel devoir moral10. » Les fruits du besoin et du dĂ©sir Il faut savoir reconnaĂźtre les signes qui ne trompent pas la crise actuelle est une caractĂ©ristique interne et inĂ©vitable du capitalisme tardif. Comment, nous, les artistes, les commissaires, les historiens, les mĂ©diateurs et les travailleurs de la culture pourrons-nous nous positionner, au-delĂ du langage visuel qui nous lie, en tant quâalliĂ©es et alliĂ©s, guides et visionnaires pour un imaginaire post-capitaliste ? Ce nâest pas tant que lâart contemporain soit apolitique, bien au contraire. Les artistes jouent dĂ©jĂ un rĂŽle essentiel dans lâanalyse critique de leur Ă©poque. Il sâagit plutĂŽt ici dâune lettre que je transmets aux amies et aux amis pour que nous continuions Ă paver les voies du futur. Notre utilitĂ© sera sans doute rĂ©vĂ©lĂ©e par lâactualisation dâun imaginaire utopique permettant de repenser nos structures sociales, Ă©conomiques et technologiques. En annexe dâune réédition du cĂ©lĂšbre texte Utopia de Thomas More, publiĂ© pour la premiĂšre fois en 1516, China MiĂ©ville rappelle que lâutopisme nâest pas motivĂ© par lâespoir, encore moins par lâoptimisme, lâutopisme Ă©merge du besoin et du dĂ©sir11. Amies et amis, rĂ©clamons notre temporalitĂ© naturelle le futur. Lâutopie que nous mettrons en mots, en images et en formes puisera son Ă©nergie dans le dĂ©placement du sens commun. Soyons sensibles, soyons habiles Ă capter et Ă amplifier le dĂ©sir de transformation du monde. Mais ne nous faisons pas dâidĂ©es, un tel projet rencontrera de lâindiffĂ©rence, de la friction, voire de lâhostilitĂ©. Peut-ĂȘtre sâagit-il lĂ dâun indice de lâutilitĂ© des artistes et de leurs Ćuvres pour le futur, celui dâentretenir une certaine indĂ©sirabilitĂ©. Je terminerai en soulevant ces quelques mots que Deleuze nous a offerts lors de la confĂ©rence Lâart et les sociĂ©tĂ©s de contrĂŽle Quel est ce rapport mystĂ©rieux entre une Ćuvre dâart et un acte de rĂ©sistance ? Alors que les hommes qui rĂ©sistent nâont ni le temps, ni parfois la culture nĂ©cessaire pour avoir le moindre rapport avec lâart. [âŠ] Tout acte de rĂ©sistance nâest pas une Ćuvre dâart, quoique dâune certaine maniĂšre il en soit. Toute Ćuvre dâart nâest pas un acte de rĂ©sistance et pourtant dâune certaine maniĂšre, elle lâest12. »
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